vendredi 30 décembre 2011

Collection Stein

L'exposition de la collection Stein au grand Palais. Un peu décevant. Trop de monde à la queue leu-leu pour s'approcher des tableaux, même à 20h, et certes, des beaux Matisse (La Femme au chapeau, Nu bleu, Japonaise au bord de l'eau), d'étranges Picasso (Les Pierreuses, des figures de femmes mélancoliques, un autoportrait -comme avec un œil au beurre noir- en regard d'un puissant autoportrait de Matisse, mais ce n'est pas la période de Picasso que je préfère (?) une vue du canal du Midi (Matisse), et à côté, une étrange vue de Paris (c'est bien ou raté ?),  un vase de fleurs (Matisse), une grande Heure du thé (Matisse ?), qui me rappelle une heure du thé (de Monet ? dans le jardin de Giverny ?) Il y avait aussi d'étranges tournesols sur un fauteuil, au bord d'une fenêtre, par Gauguin, de tristes Femmes au salon (Toulouse-Lautrec), la Baie de Nice, étonnante courbe sur une mer d'encre, la Forêt de Fontainebleau... En fait un tohu-bohu de couleurs, ou plutôt un agencement de couleurs autre, déroutant, fascinant.
Je n'ai pas du tout aimé la deuxième partie (RDC) : pas mal de cubisme, et l'horrible Gertrude, obèse et mammelue, Gertrude en peinture, Gertrude en sculpture... sauf L'Etudiant à la pipe (Picasso) qui est plein d'humour, et quelques Picabia.
Et dehors, la laideur des Champs-Elysées, avec l'horrible décoration de fête foraine façon années 60, ambiance hula-hop et spoutnik.

Et la collection Netter, à la Pinacothèque, il manquait le vibrato, le machin qui saisit aux cheveux et transporte, ça a failli, un peu devant les Soutine, qui fait vibrer le monde comme je l'entends et me parle de ce que j'ai envie de voir, une vibration dans la matière, un excès, une énergie (?). J'ai aussi retrouvé un peintre que j'aimais il y a longtemps, Utrillo. Impression de solitude et de tristesse.
Les Modigliani,  peut-être ?

Peut-on dire d'une collection qu'elle a vieilli ? Tout un pan de l'histoire de la peinture nous passe sous les yeux, et la plupart ne me disent déjà plus rien.Si j'étais collectionneur, je me débarrasserais avec ravissement de ce genre de toiles pour acheter du frais. C'est ce qu'ils font, d'ailleurs.



samedi 24 décembre 2011

Masse de Noël

Les Champs-Elysées livrés au commerce de masse, au tourisme de masse, au luxe de masse, au cinéma de masse. Les Champs-Elysées hautement antipathiques, livrés jour et nuit à des hordes continues de masses au coude à coude, affairées à rien, à beaucoup de bruit pour rien.
Le Balzac, dangereusement posé dans la rue en pente, miraculeusement arrêté avant la plongée vers les Champs, le Balzac résiste à l'aspiration et la dissolution dans l'univers du rien. Le Balzac, c'est une parenthèse dans un monde de brutes, une pause, une respiration, une ouverture, une évasion, parce que le Balzac raconte autre chose.

vendredi 16 décembre 2011

Welcome in Vienna

Axel Corti (réalisateur, décédé en 1993) et Georg Stefan Troller (scénariste), 
(= Wohin und Zurück) en 3 films
-Dieu ne croit plus en nous
-Santa Fe
-Bienvenue à Vienne

DIEU NE CROIT PLUS EN NOUS
Magnifique. Sans pathos, les faits du quotidien, quand on devient un migrant, c'est à dire rien, privé d'identité, soit en train de migrer, soit en train de survivre, là où l'on a échoué, avant d'aller (ou d'échouer) ailleurs. Plus de famille, plus de maison, plus de papiers, plus de patrie, plus d'avenir, et un présent précaire, à la merci des mesquineries des uns, des générosités (rares) des autres. Une collection d'humanités aux prises les uns avec les autres et avec les avancées de l'histoire, l'arrière-plan politique et administratif auquel ils sont confrontés, chacun à sa manière, selon son style.

SANTA FE

Les émigrants arrivent en Amérique  :"c'était plus beau de loin". Tentative d'ancrage. Effets de la transplantation. Ils sont en morceaux, sans identité, sans attaches, sans boulot. Ils mentent, ils friment, ils se donnent l'air de... mais ils sont vides, vidés, humiliés : le photographe Topper, qui rêve d'un travail à Life, le comédien (Friedheim), qui va appeler Lubitsch, Wilder, l'écrivain-épicier, vidé de ses mots, pétrifié, exclu de sa langue, et sa fille Lissa (Adèle), qui ne ressent plus rien, et regrette l'époque où elle était la petite fille de son papa, et où son père disait : "l'écriture est mon hobby, ma vie, ce sont mes 2 femmes" (sa femme et sa fille). 
Topper  : "ceux qu'on aime (qui vous aiment) ne sont pas un cintre pour vous porter"
Madame Schapiro, qui frime avec son fils qui a si bien réussi à Kansas City, le couple pitoyable du neuro-chirurgien et sa femme "on nous connaissait à Cologne", vieux, et plus encore que les autres, déclassés, hors d'usage, la muette, Frau (Komarek?)
La forme de solidarité et de sociabilité qui unit ces gens, qui se retrouvent au café viennois, au bureau du travail, au Delicatessen de l'écrivain-épicier...


jeudi 15 décembre 2011

Le Cheval de Turin, Béla Tarr

Comment dire ? ce film ne ne ressemble à rien. C'est une histoire d'enfermement et de dépendance : l'homme, sa fille et le cheval sont liés entre eux, comme ils sont liés à leur masure, aux rythmes de leurs vies, à leur puits,  (et peut -être à l'eau de vie).
Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit de l'incroyable force visuelle de ces images. Qu'il nous donne à contempler  jusqu'à saturation, le grain des choses, le détail des objets, les vêtements qu'il enlève et remet, le foyer qu'elle entretient, les doigts qui écrasent les pommes de terre, les écuelles en bois, le seau qu'elle tire du puits, la brouette à fumier, le fumier dans la grange (l'écurie), la robe poilue du cheval, ses yeux, son naseau, l'éternel retour des mêmes gestes, jusqu'au moment où ces gestes n'ont plus de sens, plus de but, et ce pauvre cheval qui n'en peut plus, ou n'en veut plus, sauf s'éteindre dans l'écurie, comme les lampes s'éteignent, elles aussi, le hurlement du vent, lancinant, soutenu par une musique, comme une mélopée,
Et en plus, dans cette désolation, il y a comme une humanité, une infra-humanité, dans les gestes qui attachent cet homme, cette fille et ce cheval
Et dehors, c'est le vent, et le vide, et on ne peut même pas imaginer qu'on puisse s'en sortir et arriver ailleurs.
C'est une chute dans le vide, un vide très dense, avec 2 accidents venus de l'extérieur : les tziganes, joyeux, barbares et en mouvement, et le voisin apocalyptique, incantatoire, déclamant contre les prédateurs qui ont tout souillé et tout pris.
Et puis quand même, cette première scène, incroyable, où le cheval avance dans la tourmente, attelé de guingois (un attelage prévu pour deux chevaux, et cette pauvre bête avance de travers, et on a vraiment envie que ce cauchemar s'arrête), et le cocher, il est cocher, il faut que l'attelage avance, il rentre à la maison, et là, on peut aussi penser à la chanson de G.Brassens, mais là, c'est complètement dépouillé, encore plus désespéré.

dimanche 11 décembre 2011

Encore Stuttgart




Sculpture de Henry Moore

Stuttgart



Les promotions de la Sncf mènent à tout : là, c'est Stuttgart, son Schloßplatz, ses musées alte et neue Staatsgalerie,+ Kunstmuseum, sa Königsallee, son marché de Noël.
Tout ça à 3h1/2 de Paris, était sehr gut et le Motel One, excellent hôtel, contrairement à ce que son nom laisse supposer.

lundi 24 octobre 2011

Et puis Bérénice

J'y suis allée par hasard, en supposant que la belle langue, Racine, la Comédie française, tout ça, émotion, vibration, et puis flop, en fait de belle langue elle était éteinte dans les lumières crépusculaires d'un amour qui s'éteint, lui aussi, d'accord, ça aurait pu marcher, mais ça ne marchait pas, terriblement soporifique, la chaleur, la pénombre, vos paupières deviennent lourdes, lourdes, vous sombrez, non, vous résistez, vous résistez d'un œil et d'une oreille, l'autre s'éteint, décidément, tout est éteint, ici, et les comédiens aussi ont l'air épuisés et éteints par la fatalité de leur amour sacrifié ou défunt. Mais comme ils sont vieux, ils vont s'en remettre et aller se reposer. Enfin !
Mais un coup de barre, et ça repart, avec un délicieux film sur TCM : Ginger Rogers et Fred Astaire dans Shall we dance (L'entreprenantMr Petrov).

dimanche 23 octobre 2011

Quelques films



De bon matin
Jean-Marc Moutout. Bien. Darroussin, sobre et efficace dans l'autopsie de son pétage de plomb. J'avais peur de nager en plein clichés, le réalisateur les a juste évoqués. 
La Guerre est déclarée
Valérie Donzelli. Difficile de dire bof sur un sujet pareil, mais bof. Pourtant, tout est bien. 

Polisse
Maïwenn. Bof. L'ambiance de la brigade me dérange, chouette tas de chics copains vachement humains et qui communiquent vachement entre eux, avec un côté catalogue de magazine féminin qui aborde tous les pbs de vie qu'on rencontre dans sa vie, sa famille, son couple. Méthodiquement jalonné de scènes d'enfance maltraitée. Quelques scènes très justes (le jeune black arraché à sa maman sans foyer, la jeune fille qui accouche...) Joe Starr joue bien, même s'il en fait un peu trop, son idylle avec la photographe bobo ne sert à rien. D'ailleurs, tout le monde en fait un peu trop. 

Et maintenant, on va où ?
Nadine Labaki. Comment des femmes libanaises résistent à leur manière dans leur village à la montée des antagonismes chrétien-musulman et aux luttes fratricides. Sympathique, mais facile, lourd. Déplacé ? (un peu idiot, cette farce pleine de bons sentiments). 


Habemus papam



Nanni Moretti. 
J'aime ce film grave et léger à la fois, sa manière de montrer la détresse propre à chaque protagoniste, cette balade improbable dans Rome et les espaces du Vatican, les références au monde de l'acteur et du théâtre, la poésie du film, les questions qu'il pose sur la responsabilité, la hiérarchie, la loi et l'ordre des choses, l'inconscient, l'âme, la foi. Tout en n'étant ni didactique, ni démonstratif.


mardi 18 octobre 2011

Mi-octobre : Charentes-Maritimes


Ce qui nous fait : un jean rouge, un autre bleu, un pull rouille spécial automne, un thé au jasmin, la lumière radieuse d'octobre sur les tours du port, un Darroussin (excellent), une pizza médiocre et un mauvais Chianti (Mirko était fermé), une lune énorme, un petit matin dans la brume, un tour du bois, des feuilles mortes, un stage tondeuse-feuilles mortes, un déjeuner sur l'herbe, un livre génial, un ballet Preljocaj (implacablement juste, ça veut dire que c'était parfait, mais un peu chiant), un chevreuil, encore une lune énorme, encore un petit matin  brumeux, et puis encore un temps de rêve et toujours la lumière radieuse d'octobre, le marché, des huîtres, encore un déjeuner sur l'herbe, le même livre génial, deux tartes maison, une soirée à 56%, du miel, un aquarium, un tgv, la fin du livre génial et du week-end.

dimanche 11 septembre 2011

Un festival Tarkovski

En fait, j'aimerais passer une semaine de festival Tarkovski dans une station décatie (pas spatiale, quand même, quoique) balnéaire, ou thermale, à condition qu'elle soit passée de mode, qu'il y ait un palace défraîchi, dénué de technologie, dont le mobilier daterait des années 50 et le service aussi, c'est à dire qu'il serait approximatif, assuré par un personnel ex-soviétique légèrement rogomme. Ça pourrait être une station de Crimée ? ou un haut lieu touristique de l'ex nomenklatura sur la mer Baltique ? Les festivaliers seraient invités à communiquer le moins possible.

J'ai quand même vérifié rogomme dans le Robert : c'est pas du tout ça (je l'avais employé comme synonyme de revêche). Rogomme s'applique à la voix. Le rogomme, liqueur, boisson forte dont l'abus altère la voix, la rend basse, rauque > d'où cette extrapolation vers rêche, puis revêche. Ce qui n'empêche pas le dit personnel, s'il le souhaite, d'abuser du rogomme : mon personnel ex-soviétique, vaguement ou gravement rogommisé, serait donc à peu près pompette, ou complètement ivre, c'est selon, et ça colle dans le paysage. Et à propos de paysage, pourquoi mon fameux festival ne se déroulerait -il pas dans la ville (mais où, bon sang ?) où a été tourné Nostalghia ?

Tarkovski

Je n'avais pas vu de film de Tarkovski depuis 20 ? 30 ans ? quand j'ai écrit ça, et de toute façon, je serais bien en peine d'en fournir une analyse. Mais je retiens l'état de choc dans lequel ses films m'ont plongée. Sauf Nostalghia, qui m'avait plongée dans un profond ennui, à l'époque, et j'avais décrété qu'il était impossible de livrer son âme impunément à chaque coup et que Tarkovski était bien obligé de rater un film pour avoir le temps de se recomposer. Drôle de discours, puisqu'entretemps, j'ai revu Nostalghia et je l'ai trouvé sublime.
Le premier choc, ça a été Andrei Roublev, je me souviens que je n'ai pas bien compris, mais j'avais quand même été saisie aux cheveux, raptée, mise hors de moi et en même temps proche d'un moi intime, inconnu, sous-jacent, bref, il m'apparaissait que Tarkovski s'occupait de choses essentielles comme le sens de l'homme, des nuages, du fil de l'eau, du son des cloches et de la quête solitaire. J'étais donc suspendue en état de grâce, mélange de clairvoyance et d'opacité, aveuglée par la lumière tarkovskienne (euh, là, la passion m'emporte, mais il est vrai que ce film m'a fait le choc d'une révélation, sans que j'arrive à mesurer ce que ça révélait exactement, sinon des images, ce qui après tout, n'est pas si mal pour un film) dans un monde dont les tenants et aboutissants m'échappaient mais qui me parlait intensément de ce qui doit s'agiter dans les tréfonds de l'âme humaine. C'était une histoire de moine et de quête, ce qui en somme va de soi, d'images du ciel au printemps, avec le caractère intense et primesautier (mais si, là, exceptionnellement, ça peut aller ensemble) de ce genre de ciel, toujours prêt à basculer d'une humeur et d'une couleur à l'autre, le printemps allant avec la fête de la naissance de la cloche, car une cloche finissait par naître, extraite d'une gangue de glaise, et c'était un suspense fou, et l'apothéose du film et de la quête du moine, - est-ce qu'il était fou, ou seulement intransigeant ?- et une foule nombreuse attendait et redoutait le miracle du son; et puis il y avait des rivières, ou même un fleuve, parce qu'en Russie, tout est fluvial, et tout ça parlait de l'âme, et pire encore, de l'âme russe, ce qui rend l'âme encore plus fluviale, nécessaire et contagieuse.
Et voilà, ce film inquiétant se jouait tout du long "sur le fil ", par là, j'entends qu'on avait toujours le sentiment d'une catastrophe imminente, et parlait de la complexité et de la versatilité des choses, de l'âme, de l'homme, de la profondeur et de l'évanescence.
Après, toujours dans la catégorie du bouleversement absolu, il y a eu Stalker, mais il est encore plus difficile de parler de Stalker, je suppose que ce film se passe après la catastrophe qui a cessé d'être imminente. Il est toujours question de quête; mais là, c'est encore plus obscur, ça se passe dans des non paysages, des non couleurs et des non lieux, avec ces gens qui échangeaient certainement des propos profonds, et obscurs, cela va de soi. Eh bien, loin d'être rebutée par toutes ces difficultés, je me suis vue encore une fois, subjuguée, "sur le fil", vivant et vibrant avec ces étranges personnages qui suivaient un étrange parcours.
Le troisième choc, c'est le Sacrifice, bien sûr, qui récapitule les obsessions du maître : la catastrophe est toujours dans les parages, mais cette fois, il y a un deal avec la peur viscérale, animale et brutale, la culpabilité, l'innocence, et toujours les images, c'est le film testament qui une fois de plus attrapait le spectateur par les pans de l'âme, l'irradiait de concepts sombres et lumineux autour du sens obscur de la vie, pour le relâcher ensuite, légèrement démantelé, dans la médiocrité du quotidien.
Je devrais peut-être en revoir un ou deux, pour voir. Ou mieux vaut pas ?

samedi 10 septembre 2011

Et aussi

True Grit, Ethan et Joel Coen
J'ai déjà oublié que c'était bien, et pourquoi c'était bien.

Winter's bone Debra Granik
Une jeune fille veut retrouver son père : libéré sous caution, il a disparu après avoir engagé la maison comme caution. La fille, responsable de sa mère, à l'ouest, et de ses petits frère et sœur, va donc perdre cette maison si elle ne le retrouve pas. -> plongée dans un milieu de truands ruraux. Excellent

Le Discours d'un roi Tom Hooper (le roi bègue et son orthophoniste).

L'homme d'à côté (argentin) Gaston Duprat, Mariano Cohn : un designer branché dans sa villa Le Corbusier, le voisin fait irruption dans sa vie privée quand il décide de percer une fenêtre mitoyenne pour avoir un peu de lumière. Le voisin, prolo, lourd, le designer bobo arrivent à être odieux tous les deux. Pas mal. Un peu laborieux.

Animal Kingdom, David Michôd : (australien) quand sa mère meurt d'une overdose. le cousin Joshua débarque chez sa grand mère, vieille blonde sordide, ses fils à l'avenant. Ils butent un flic, la police essaie de les coincer. Implacable. Impeccable.

My best friends, Paul Feig, avec Kristen Wiig. Drolatique. Galerie de personnages, anecdotes, rebondissements.

Les Bien-aimés

Christophe Honoré. Je m'attendais au pire, façon 8 Femmes, j'y suis allée à reculons, accablée d'avance par l'idée de la "qualité française". Mais c'est réussi, entre légèreté et gravité, sans en avoir l'air. Les acteurs sont parfaits. Ludivine Sagnier est épatante, sexy et tout, ses chaussures aussi, et aussi son chéri tchèque. Chiara Mastoianni fait très bien la jeune femme de notre temps. Et Deneuve, c'est Deneuve. Quelques longueurs.

Pain noir

Agusti Villaronga

comme une débile, je ne connais même pas ce cinéaste, qui paraît-il fait depuis longtemps des choses somptueuses. Alors,

voilà un film comme on en fait peu, avec une histoire, une ambiance, un mystère, des rebondissements, un contexte, des personnages principaux et secondaires et tout ça filmé dans une couleur dense et sombre, comme le film. Le personnage principal, l'enfant, est magnifique. C'est un film étonnant, âpre et classique à la fois, violent, d'une très grande beauté formelle. C'est cette rencontre d'une forme somptueuse et de la noirceur des hommes qui transporte (oui, oui, transporte. Oui, oui, c'est bien moi, l'âme humaine sombre et retorse, ça me plaît)


La Planète des Singes


L'homme descend du singe, et y remonte bien vite. Donc, les hommes sont des gros vilains qui ne pensent qu'au profit et qui seront bien attrapés à la fin. Car qu'est la science sans conscience etc. Et les bébés singes, qu'est-ce que c'est mignon, et la belle indienne (?), qu'est-ce qu'elle est mignonne, et le chercheur, qu'est-ce qu'il est sympa, et le papa Alzheimer, comme c'est triste et touchant. Et preuve que les Américains sont bien plus avancés que nous, le directeur du labo est black, et le palefrenier des singes (comment ça s'appelle, quand on s'occupe des singes ?) est blanc, bête et méchant. Alors pourquoi suis-je allée le voir ? Pourquoi pas.

lundi 5 septembre 2011

Epluchure monumentale au Garigliano

Voici le Pont du Garigliano avec sa courbe métallique étirée au dessus de la Seine. Il allait bien avec les sablières sur les quais et l'idée plus ou moins ambiante de friche industrielle. Il enjambait un paysage vacant, au ban de la ville, où le regard se perdait au delà du périphérique, vers la banlieue du soleil couchant. Vers l'est, c'était à peine Paris, juste un panorama de promesses touristiques, (Trocadéro, Tour Eiffel, Sacré-Coeur ... ) parce que le pittoresque parisien commence un pont plus loin, à Mirabeau.
J'aimais bien cet endroit qui hésitait à devenir quelque chose, et incarnait encore la modernité des années 60, à peine dérangée par la masse vitrée de France Télévision. Si ce pont avait été inscrit comme paysage urbain significatif, il n'aurait pas subi l'outrage géant, rouge, jaune et rose, épluchure monumentale dont l'agonie bariolée s'éternise au-dessus de la Seine. Ode à la culture du recyclable, désespérément muette, laidement inutile, la Cabine de Sophie Calle domine la gangrène immobilière des espaces périphériques et gâche la perspective.

Mais heureusement, c'est fini, ils l'ont enlevée. (vers 2013 ?)
Sauf que le paysage est quand même gâché par l'inexorable progression immobilière (le nouveau ministère de la Défense qui promet d'être bien moche).

dimanche 4 septembre 2011

Les plages de Fellini


J'aime les films qui parlent de dévastation. Stalker est mon préféré. Le Sacrifice et Le 7ème Sceau figurent aussi en bonne place. Même chez Fellini, ce que je préfère, plus que l'extravagance chic, plus que les morceaux de bravoure, c'est la désolation, les terrains vagues, les non lieux, les fresques dissoutes. Peut-être parce que Fellini filmait aussi la nostalgie des choses disparues, le cinéma dans les patelins, les saltimbanques, la tristesse des cabarets et celle des hommes solitaires, les agonies dans le petit matin, et le mystère des grosses femmes de son enfance posées sur la plage comme d'extravagants Ovni, recelant des secrets. Qu'est-ce qu'elles disent, ces plages de Fellini ? La fascination pour le non-lieu et le non avenu, l'étrange et l'extraordinaire. Ces chairs sont d'une exubérance sans joie, l'exubérance de l'excès et du débordement. Elles parlent de l'existence massive, de l'être dans sa chair, de l'esprit débordé par la chair, de la matérialité exacerbée de la chair et de la puissance du corps passif et glouton, empâté et empêtré dans des sensations qui ont mis l'esprit en déroute.

Mais la chair exubérante n'est pas que celle des monstres. C'est aussi Anita Ekberg et la fascination qu'inspire un corps parfaitement occupé, le triomphe de mamelles opulentes surmonté d'un visage rayonnant. La beauté femelle et l'affichage sexuel... C'est le charme de Fellini, cette faculté d'enchaîner les hypothèses, cette glissade d'une anecdote à l'autre dans une journée oisive où le héros est confronté aux farces et aux frasques du quotidien. Fellini rebondit sur la densité joyeuse, élastique, généreuse d'Anita Ekberg qui le renvoie à d'autres chairs massives, immuables, c'est l'instant Ekberg contre l'éternité de mammas placidement obèses.

C’est la chair qui est forte, la chair qui mange et boit et dort … et l’esprit qui est faible, hélas. C’est toujours la chair qui gagne, et l’esprit penaud assiste à sa débâcle, tout piteux dans son coin, submergé par le déferlement de la gloutonnerie, de la paresse, de la force des choses …. D’ailleurs, à la fin, la chair gagne encore : quand le corps meurt, la chair continue à vivre en pourrissant et générant larves et vers, tandis que l’esprit est bel et bien muet, à supposer qu’il soit quelque part.


mercredi 31 août 2011

This must be the place

Paolo Sorrentino

Là, celui qu'on attend, c'est Sean Penn, on ne parle que de ça, ah trop fort, too much, l'immense acteur etc. Donc, je fais comme tout le monde, j'aime Sean Penn, je vais voir. Le réalisateur, je connais pas.

Sean Penn en retraité du rock dépressif, et les barjes et autres zinzins qui peuplent son univers, moi ça m'amuse. Mais j'ai vu des critiques très fâchés trouver ça facile et bidon. Pfff. Ils font les difficiles.

La mort de son père le propulse à New York. Point de départ du fameux road movie. Là aussi, bon nombre de critiques le lui reprochent sévèrement (déjà vu dans Paris-Texas etc). Et si on n'a pas vu Paris-Texas ? Et pire, si on a oublié Paris-Texas ? Moi, je me souviens de l'avoir vu, et de m'être barbée... Alors que j'étais plutôt fan de Wim Wenders. Surtout quand il était abscons (Il faut que je revoie Au Fil du temps, pour voir si c'est aussi bien que ça, 30 ans après, et le fameux Paris-Texas aussi, pour voir si cette fois, je l'aimerai, ou si, définitivement, non).

Bref, ce road movie m'amuse, ça me fait vaguement penser à No Country for old men, dans une tonalité différente, tiens, justement, c'est une question de tonalité, et là, la tonalité, c'est la dérision. (Tout de même, le coup de la pistache !)

Bref, on profite d'une collection de rencontres improbables et personnages, même fugaces, les comportements et réactions à contre-pied, ça m'amuse. Et les images sont magnifiques. (Là aussi, les critiques sont pas contents, ils disent que ça fait pub. Moi, je leur trouve une qualité plastique épatante. On joue complet dans son cinoche. On tricote des voyages, des ambiances, des trucs qu'on a aimé aux Etats-Unis, même et surtout quand c'est bizarre, absurde ou vide).

C'est un drôle de film avec des drôles de gens, qui raconte les choses avec un sens évident de la dérision, qui est l'un des principaux arguments de ce film. Et derrière, une humanité certaine. Réjouissant.


La Piel que habito

Alors là aussi, on attend plein de choses, on ne sait pas quoi, mais quand même, Almodovar, n'est-ce pas, on attend tellement de choses que j'en ai sauté deux ou trois depuis deux ou trois ans, parce qu'il en fait bien un par an, le prolifique, le bavard Almodovar. Encore Almodovar ! C'est fatigant, encore Almodovar.

Eh bien celui-là je l'ai vu. Et justement, c'était encore un Almodovar. Intelligent, tordu, trop bien conçu, trop bien construit. Trop tout. Un peu lourd. Et pas assez... elliptique ? allusif ? évasif ?

jeudi 25 août 2011

Nostalghia


A l'époque, Andrei Roublev m'avait fait une si profonde impression qu'après, je suis religieusement, curieusement, allée voir tous les films de Tarkovski au moment où ils sortaient. Mais je n'avais pas aimé Nostalghia. Je l'avais trouvé lent (ce qui n'est pas un critère chez Tarkovski) et j'avais détesté les apparitions de la femme, pour le rôle pleurard et récriminant qu'i lui donnait. J'avais trouvé Tarkovski misogyne. Je ne comprenais pas la douleur du vieux vis-à-vis de ce qu'il a perdu, ni le spectacle de l'impuissance ; j'avais trouvé ça souffreteux, ou douloureux, complaignant. Je suppose que je n'admettais pas un tel affichage de la dépression, de la faiblesse, de l'être désarmé. Quelque chose de dérangeant au spectacle de l'impuissance passive. Je l'ai revu avec curiosité, éblouie par la beauté des images, la nature étincelante de ces images. Ces lumineuses images de la ruine d'une vie, de la ruine d'une ville, de la ruine d'une âme. Bizarrement, j'avais oublié le personnage du fou et cette hallucinante scène prémonitoire, où il déclame la ruine d'un monde voué au profit et à la poursuite des choses matérielles. Cette scène fulgurante où il est juché sur la croupe d'un cheval figé (statue) d'où il gesticule en vain pour un public de masques. J'avais oublié ces rêveries au bord de l'eau, qui atteignent une perfection qui était amorcée dans Stalker.


Comment parler rationnellement d'un film onirique, qui montre l'état des lieux de l'âme. Une âme tourmentée, obsédée d'images imprégnées proches de l'inconscient. Film noir de Tarkovski. A cause de l'exil ? A cause de la dépression de l'exil ?


Dans Nostalghia, je voulais poursuivre mon thème de l'homme "faible", celui qui n'est pas un lutteur par ses signes extérieurs, mais que je vois comme le vainqueur dans cette vie. [...] Quand je dis que la faiblesse de l'homme est attirante, j'entends l'absence de cette expansion individuelle vers l'extérieur, de cette agressivité contre les gens ou contre la vie en général, ou de cette tendance à asservir les autres pour la réalisation de ses objectifs personnels. En un mot, ce qui m'attire est cette énergie de l'homme qui s'élève contre la routine matérialiste." (Le temps scellé, Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma)

Melancholia


Lars von Trier.

Alors, celui-là, attention, calibre, il faut s'attendre à génie, ou belle facture, ou haute lignée... on n'y va pas vierge. Même si on ne lit rien avant, c'est mon cas, je déteste être polluée par les impressions et avis des autres, et encore pire par les pervers qui racontent la fin. Donc, on arrive, précédé par la réputation du bonhomme et prévenu en sa faveur (qd même, quel cinéaste) et avec aussi un sourcil suspicieusement relevé "quoi ? qu'est-ce qu'il a dit, là, sur Hitler ?" ou plutôt la narine légèrement dilatée, prête à capter un léger (ou fétide, on ne sait pas encore) parfum de scandale . Mais c'est le buzz, échos d'échos colportés, amplifiés, et même si pépé a dérapé, (pourquoi le traité-je de pépé ?) on ne connaît pas le contexte etc. Donc, on va voir un film présumé bon et grand, à ouïr la rumeur.

Et ça marche. Pas tant, sur le coup, à cause des belles images oniriques et parfaites, qu'on pourrait d'ailleurs qualifier d'exercice de style, mais quel style ! dont on pourrait dire aussi qu'elles viennent de plus loin, de Tarkovski, par exemple, et puis d'une certaine lenteur, qui pourrait tenir à distance, mais finalement, ça marche, même si c'est composé, hiératique, élégant comme un paysage de Delvaux. Mais oui, finalement, c'est bien pour ça que ça marche, parce que c'est beau, incroyablement beau, et lent, comme certaines scènes de cauchemar, et travaillé comme une peinture.

Mise sur l'orbite du mariage, Justine en déglingue la mécanique par glissements progressifs (ça commence par l'inadéquation de cette limousine parfaitement vulgaire dans ce chemin de campagne). Donc, Justine glisse, fatalement attirée puis irrésistiblement absorbée, par le trou noir de la mélancolie, sa planète intérieure ( soleil noir de la mélancolie ?)

C'est comme un lent dérapage, et c'est tout le mariage qui dérape. Et quand sa mélancolie devient manifeste, on s'aperçoit que la planète grossit, et c'est la deuxième partie du film où elle se calme pendant que sa sœur se décompose.


vendredi 5 août 2011

Cris et Chuchotements

Bergman 1973. Ah, le beau Bergman bien sombre et noir, avec du rouge sang, rouge de fureur, de frustration, d'aveuglement, de douleur, de pessimisme. Un Bergman ciselé, taillé au cordeau, impeccable et implacable où les relations humaines sont découpées au scalpel, impitoyablement décapées, les fioritures sociales balayées, rien que du dense venu du tréfonds des noirceurs de l'âme. Il fouille la pourriture et la décomposition de l'âme, la putréfaction des relations humaines derrière la bienséance bourgeoise. Tout vacille, tout se fracture, tout se délite et le doute suprême atteint même le pasteur.
C'est d'un pessimisme absolu, ça parle d'oppression, de souffrance, de solitude, de mensonge, de faux-semblant, de jalousie, de culpabilité, et tout ça remonte à la nuit des temps, c'est à dire à l'enfance - même l'enfance n'est pas innocente - et se distille tout au long de ces vies entravées et muselées. Sauf Anna, la servante, la subalterne, la sans parole, opaque, humaine, aimante, servante et serviable. (Muette, mais moins muselée).
Et à la fin du film survient ce contrepoint stupéfiant, le point de vue de la malade, d'après son journal, qui livre une vision du monde et de ses sœurs, étonnamment paisible, voire harmonieuse. Est-ce une vision d'avant la déchéance de la maladie, ou de l'aveuglement d'une femme, ou la supériorité d'une femme qui avait peut-être accès à l'amour ?

mercredi 30 mars 2011

Poetry et autres films 2010


Poetry, Lee Chang-Dong
Une femme lumineuse, élégante de corps et d'esprit, aérienne. Discrètement en décalage avec son environnement, où elle accomplit sagement ses tâches. La trivialité de l'existence la touche sans altérer sa clarté. Elle s'inscrit à un cours de poésie, parce qu'"elle aime les fleurs et dit des trucs bizarres". Parce que sa maîtresse lui avait dit qd elle était petite, qu'elle serait poète.
Subtil : ses relations avec le vieil homme dont elle s'occupe, son petit-fils, adolescent étanche et opaque dont rien ne filtre, les scènes avec les pères des adolescents, la scène du karaoké, le banquet des amis de la poésie, et la manière dont elle "piste" la trace, ou l'ombre de l'adolescente suicidée, tout comme elle piste les mots de la poésie. Son intégrité. Son regard neuf sur la beauté du monde.
Femmes du Caire.
Portraits de femmes, contrastés, profondes, humaines, chaleureuses, modestes ou privilégiées, elles sont toutes oppressées, sous la loi de l'homme. Ça dure plus de 2h, on ne voit pas le temps passer.

Dans ses yeux, Juan José Campanelle
Excellent. Un juge à la retraite (Esposito) repart sur la piste d'un violeur meurtrier, à travers sa "reconversion" dans l'écriture. Aller - retour il y a 25 ans, ses relations avec sa "chef" (Soledad Villamil, magnifique). Tous les personnages sont intéressants (son collègue alcoolique, le mari de la victime, le meurtrier, l'homme de pouvoir).

Inception, Christopher Nolan (21 août 2010)
Bien fait, scotchant, intelligent, quelques scène bluffantes, trop d'action (les "défenses" en font trop, ça fait basculer une idée intéressante dans une caricature façon Mission impossible). Des longueurs. (Juno - Ellen Page) est superbe.

Klller inside me Michael Winterbottom
Pénible. Bonne peinture de la ville et des caractères, intelligence du scénario et du psycho/sociopathe, la manière froide qu'il a de s'enfoncer dans sa folie en y entraînant les autres, sous les dehors d'une existence et d'une société américaine des années 50 des plus conformistes. Mais violence insupportable du tabassage des femmes. Ça met mal à l'aise (complaisant?)

Des Hommes et des dieux. Xavier Beauvois
Un film d'amour, d'ouverture, de don, d'oubli de soi. De fidélité à soi-même et à son devoir envers habitants du village. De droiture dans ses choix et dans sa voie. C'est un film sur l'intégrité. On s'élève dans la conscience humaine, à une altitude où l'on n'a pas l'habitude de respirer. Une pure vision du monde. Ces moines sont comme du cristal. Même s'ils ont peur et s'ils doutent.

The Radiant child
JM Basquiat. La (frénésie) créatrice du bonhomme, son appétit de création et de reconnaissance. Le moteur interne.

Biutiful Alejandro Gonzalez InarrituJavier
Plongée en dessous du seuil de pauvreté, à Barcelone, dans les réseaux clandestins - exploiteurs. Uxbal, (le beau Javier Bardem) est profondément humain (ses enfants, son ex, ses amis clandestins), donc, on est tout le temps ému ou choqué par l'horreur de leurs vies. Tellement humain qu'on en arrive à oublier à quel point il est compromis dans le boulot d'exploiteur de la misère humaine. Même s'il essaie, à sa manière, de les défendre. Et ses contacts avec l'esprit des morts ? là aussi, ambigüité : est-ce qu'il fait du bien, ou il exploite la crédulité des endeuillés ? Des belles scènes, des scènes poignantes, des efficaces (la boîte de nuit) qui posent la question : dans quel monde vivons-nous ? Mais un peu manip (trop, c'est trop)

Potiche, F Ozon
Sympathiquement convenu (C.Deneuve, pas si gourde qu'on croit)

Le soldat dieu, (japonais)
Atroce, too much, trop démonstratif, la femme est très bien. Soldat revient amputé des 4 membres, honoré comme un dieu par tout le village, mais le revers de la médaille : un sale type, sa femme, ligotée dans la convention sociale, mélange de haine et de dévouement

De vrais mensonges
Sympathique. Audrey Tautou et sa mère, quinqua dépressive, la fausse lettre...

J'en ai raté quelques uns...

lundi 28 mars 2011

A Serious man

Les frères Coen : c'est bien décapant. Rire grinçant. Le héros des certitudes mathématiques atomisé par les vicissitudes de l'existence, et des personnages qui ressemblent à des créatures de cauchemar, chacun englué dans le gros plan de sa propre existence : Madame et sa soif de refaire sa vie, le crétin pontifiant qui l'emballe, une fille bornée à des problèmes de shampooing et de nez, un fils qui plane, un frère parasite avec des problèmes de kyste et de martingale... Les situations sont à la limite du tolérable, le héros au bord de l'implosion, et le vide des réponses rabbiniques est sidéral.
A force d'être hyperréaliste, comme vu par un entomologiste qui aurait fumé la moquette, le tout donne une curieuse impression de distorsion de la réalité ? Presque fantasmatique. Peut-être parce que ça commence sous l'égide d'un conte du shtetl sur l'indécidable. Pourquoi ça m'a fait penser à Barton Fink ? Peut-être les cauchemars dans une chambre d'hôtel glauque ? (Au passage, tous les personnages féminins sont consternants, sauf peut-être la séductrice).