mardi 27 mars 2012

Comestible



 Willem Claes. Heda (1635)

Pieter Claesz  (détail de Still life with turkey pie, 1627)


Et au Wallraf Museum :

Pieter Claesz, Nature morte, 1653




Ces peintures me réjouissent comme me réjouit le Festin de Babette, j'adore ce pinceau attentif aux détails, aux textures, aux lumières, aux reflets, ce pinceau qui a aimé, embrassé, léché tous les détails et se livre à la description amoureuse des aliments. Comme une idée de la perfection.
Il me captive par l'évocation d'infinitésimales sensations, une apothéose du goût, un hommage rendu à la profondeur et à la rondeur des plaisirs offerts par ces aliments.



Les Adieux à la reine

Benoît Jacquot. Pas mal, mais je ne saisis pas l'enthousiasme des critiques pour cette focalisation sur le regard de Sidonie, qui entrevoit les événements à travers le filtre de sa passion pour la Reine. Tout comme la reine ne les voit qu'à travers le filtre de ce qui l'intéresse : ses atours et colifichets, sa passion pour Mme de Polignac, la menace confuse du monde extérieur, de brouillons projets de fuite. Incohérences, dispersion, ordres contradictoires, la reine est servie par sa garde rapprochée, aveugle à l'histoire, au cœur d'un maëlstrom qui lui échappe, ou qu'elle veut ignorer, dont seuls quelques échos lui parviennent. Donc...  pas mal, mais un peu gratuit, ce n'est ni vraiment troublant, ni vraiment intéressant. Entre l'obsession de Sidonie pour sa reine, et l'aveuglement d'une reine et de ses esclaves, je ne sais pas si on arrive à se satisfaire de cette histoire filmée par une caméra émotive au ras des étoffes, des regards, des émotions, des grains de peau.

Laideurs


Gerard ter Borch (vers 1650) Fille en costume paysan


Bartholomeus van der Helst (1642) Portrait de Gérard Bicker

C'est subjectif, ou y a-t-il une réelle laideur de ces personnages, la première pour son air totalement placide, frisant la stupidité, le second pour le regard porcin  et l'air de suffisance benête. Mais à force de les regarder, je m'habitue à eux, peut-être qu'ils n'étaient pas si laids, à l'époque.

samedi 24 mars 2012

Rijksmuseum




"While the restoration of the main building is underway, the Rijksmuseum is displaying the crème de la crème of its permanent collection in the newly furnished Philips Wing. 'Rijksmuseum, The Masterpieces' offers the unique opportunity to view all the highlights of the Golden Age in one place".
http://www.rijksmuseum.nl/
En fait, c'est un digest, mais pourquoi pas. 

La première salle du rez-de-chaussée affiche la naissance d'une Europe opulente et commerçante, en train d'étendre ses empires sur tous les continents. Et rend hommage à l'apothéose d'Amsterdam, qui est au cœur de cet essor, c'est d'ici que partent les vaisseaux qui commercent avec l'Inde, l'Indonésie  et la Chine. Le tableau d'un fameuse bataille navale montre la défaite de la flotte espagnole (du côté de Gibraltar), ouvrant la route de l'orient. Au premier plan un vaisseau hollandais en a éventré un autre, et il y a une explosion, on voit un tas de corps projetés dans les airs, au milieu des voilures et des mâts brisées, des volutes de fumées. Naissance d'une nation. L'acte fondateur. Le fameux amiral a fière allure, avec son portrait dans la même salle. Et quelques objets choisis pour planter le décor d'une nation riche, puissante et prospère. 
La salle suivante : 2 maisons de poupées : une maison à taille presqu'humaine, avec trois étages en découpe : meublés, décorés, habités de personnages. 
Suit une immense salle gavée d'argenterie : tout cet argent amassé transformé en œuvre d'art. Puis la salle des faïences, avec des trouvailles folles, comme ces hauts vases à embouts multiples, à garnir de fleurs, et ces vaisselles qui témoignent d'un intense échange de procédés, de marchandises et de savoir-faire. Je te donne mes porcelaines, et tu les décore chez toi, et le Hollandais d'acquiescer, mais les Européens veulent de la déco dans le goût chinois, alors les artisans locaux adaptent leurs motifs à ce qu'ils imaginent de la Chine. Ou vice-versa ? Ce sont les peintre de décor chinois qui essaient d'européaniser leurs motifs, pour les rendre aimables aux occidentaux. Dans les deux cas, ça communique. De part et d'autre, on échaffaude les représentations de l'autre. 
Voilà, le décor est planté, on peut passer à l'étage et aux choses sérieuses.



jeudi 22 mars 2012



Les façades sobres et pimpantes, la quiétude de rues confortables, qui se ressemblent et charment l'une après l'autre.

samedi 17 mars 2012

Chronicle

de Josh Trank, avec Dane DeHaan, Alex Russell.
Hyper vu, revu et convenu, les 3 lycéens acquièrent des super pouvoirs, que vont-ils devenir ? avec une débauche d'effets spéciaux. Fatigant. Mais qu'est-ce qui m'a pris d'aller voir ça ?J'attendais une surprise, comme dans Super 8, que je n'ai pas vu mais qui est bien, paraît-il. Il faut dire que les critiques, impitoyables avec Sherlock Holmes, qui est un bon divertissement, sont plutôt sympas avec ce machin :

"Pur slapstick* (...), ballet aérien (...), déclaration d'amitié (...) ou grande scène de destruction (...) : Trank déploie une mise en scène relativement riche, aussi à l'aise dans le micro-événement que dans le spectaculaire". (Inrockuptibles)

"On pouvait craindre que ce dispositif vire au gadget étouffant. Mais non, le cinéaste s'en acquitte plus qu'honorablement et ces images légères, un peu grunge, confèrent à l'ensemble un influx ludique particulièrement rafraîchissant". (Telecinobs)

... etc, ils sont un certain nb à lui donner plein d'étoiles.

Mais c'est vrai qu'après coup, j'ai trouvé une critique intelligente dans Rue 89, par Arnaud Mercier, qui n'est pas critique, mais professeur à l'université de Metz, et qui regarde ça sous l'angle de la dope. Ça n'en fait pas un bon film, mais ça donne plus d'épaisseur au sujet.
www.rue89.com/rue89-culture/2012/03/26/chronicle-pas-un-film-de-superheros-un-film-sur-la-defonce-230409

*mais qu'est-ce qu'un slapstick ?

Elena

Andrei Zviaguintsev 
Avant d'être la femme de son mari riche, Eléna est la modeste mère de son médiocre fils, qui vit médiocrement avec sa famille dans une banlieue prolo. Eléna est (donc) une femme doublement soumise : à son mari et à son fils. La fille de son mari est une jeune fille riche (donc) insoumise, égoïste, hédoniste, dit son père. A priori peu charismatique. Mais très honnêtement matérialiste. Le fils aussi, d'ailleurs, serait  un hédoniste, mais fauché dans sa banlieue, son "hédonisme" se borne à glander sur son canapé, avec la télé et la bière. Veule. Son fils Sacha suit ses traces. Nous sommes donc dans un monde où le seul moteur, c'est l'argent. Sinon, on s'enlise.
Quand se pose la question du testament, le tout est de savoir si Eléna va trahir sa classe, et se soumette au mari qui veut tout léguer à sa fille (les riches n'ont jamais d'indulgence pour les pauvres), alors elle ne pourra plus subvenir aux besoins du fils, ou trahir son mari et se soumettre à la survie de sa famille. Dans les deux cas, elle se soumet à la puissance de l'argent. Dans les deux cas, elle perd son âme. On sort de là avec une impression amère. La démonstration est administrée avec une lenteur et une précision entomologiques. Peinture d'une réalité sinistre, film d'une grande beauté visuelle. Musique Philippe Glass.

Résumé

Intouchables : sympathique. Avec ce qu'il faut là où il faut
Sherlock Holmes : Guy Ritchie. Plutôt pas mal dans le genre aventures et rebondissements avec pas mal de bruit et de fureur
Millenium, David Fincher : efficace. Mais la version suédoise de 2009 était pas mal non plus.
J.Edgar, Clint Eastwood. Les critiques ne sont pas très bonnes, j'ai trouvé ça intéressant quand même, même si ça traite surtout de l'aspect personnel du personnage.Et évidemment, L.DiCaprio est génial.
War Horse : juvénile et lacrymal. Il faut aimer les chevaux.
Les Infidèles. Daube

Le Tableau

Jean-François Laguionie. Ce film est une merveille. J'y suis allée par hasard, sans même savoir que c'était un dessin animé, croyant voir dans le pire des cas, un machin esthétisant et prise de tête. Mais c'est un génial film  aussi bien que le Roi et l'Oiseau, et moins noir. (J'ai vu ensuite que Jean-François Laguionie avait travaillé avec Paul Grimault.)

samedi 10 mars 2012

Classiques

La Trilogie de la villégiature, Goldoni : très belle mise en scène, léger, beaucoup de grâce, plaisir de théâtre. La Comédie française est installée au Théâtre éphémère, très beau lieu installé au bord des Jardins du Palais Royal.

Le Bourgeois Gentilhomme, Molière fait toujours rire, très belle mise en scène, plein de plumes, de musique, de ballets, une marquise drôlissime : Dorimène, ... est composée avec une réjouissante coquetterie par Héloïse Wagner