samedi 29 février 2020

La fille au bracelet, Stephane Demoustier. Lise porte un bracelet électronique jusqu'au procès qui jugera si oui ou non elle a assassiné sa meilleure amie un lendemain de fête. Qui est elle vraiment, que pense-t-elle, que ressent-elle ? C'est assez efficace, tout en sobriété, pour tenter de cerner l'opacité de l'adolescence, et la complexité d'un jugement.

Lara Jenkins, Jan-Ole Gerster. Un jour dans la vie d'une femme froide et antipathique, en l'occurrence le jour du premier concert de son fils, pianiste et compositeur. Elle est glaciale et glaçante dans son mépris du monde et son absence totale d'empathie, monstrueuse dans sa manière d'interférer avec "la" soirée de son fils qui a pris ses distances. Le film est tendu de A à Z, on se demande sans cesse quelle indélicatesse ou vacherie perverse - son registre est étendu- elle est capable d'infliger et on finit par comprendre le ressort de son immense frustration (on s'en doutait un peu).

It must be heaven, Elia Suleiman. Délicieux et improbable film, super subtil, en une succession de saynètes en Palestine, à Paris, NewYork... Un air à la Tati
7/10


vendredi 28 février 2020

Invisible man

Leigh Whannel; se laisse voir avec plaisir, et un léger frisson d'horreur, tant la machination mise en œuvre par le mari pervers est efficacement ourdie et sophistiquée. On a peur, on s'effraie, on s'apitoie, on s'horrifie, on en a pour son argent. Ou comment un génie de l'optique peut traquer sa femme jusqu'à la faire passer pour folle. En extrapolant, ça montre aussi comment une femme harcelée a du mal à rendre crédible sa parole.

bof bof

Un divan à Tunis, Manele Labidi. L'installation à Tunis d'une psychanalyste tunisienne de France. C'est mignon, avec bien des embûches prévisibles et convenues. L'actrice est fort jolie.
5/10

1917, Sam Mendes. Un message qui doit arriver à tout prix pour empêcher une attaque piège, qui sera meurtrière. Les aventures des deux soldats messagers au cœur des lignes, en 1917. Tout ce qu'il faut là où il faut comme il faut. Gros moyens, gros effets, mais ça reste convenu. Il manque quelque chose.
5/10

mardi 11 février 2020

3 films chinois

Le Lac aux oies sauvages, Diao Yinan. Hem, vu il y a (2?) mois, mémoire de poisson pour un scénario embrouillé entre chefs de gangs qui s'embrouillent, au moment de se partager les zones de rackett, prostituées qui s'en mêlent, flics en chasse, et un magot planqué quelque part. C'est un film bien noir, qui se passe souvent la nuit, sous la pluie, avec une humanité avide et sale. Ou plutôt très peu d'humanité dans le monde de la pègre. Meutres, trahisons, courses-poursuite, c'est très bien ficelé et complètement déprimant, avec une super image ultra-noire. Le personnage principal est joli garçon.
8/10

L'Adieu, Lulu Wang : la grand-mère et mère est atteinte d’une maladie incurable. Ses proches décident de lui cacher la vérité, mais organisent le mariage du petit-fils  pour provoquer une réunion de famille et être une dernière fois tous ensemble. Billi, la petite fille, née en Chine et élevée aux Etats-Unis, a du mal à accepter ce mensonge fait à l'aïeule. C'est pas mal, intéressant comme enquête sociologique : la vie, l'amour, la mort : comment font les Chinois.
7/10

Séjour dans les monts Fuchun, Gu Xiaogang.
Une autre vision du quotidien en Chine, à travers la chronique d'une vie d'une famille. Ils sont quatre frères : un restaurateur prospère, un pêcheur qui vit sur sa barque avec sa femme et son fils, un frère poursuivi par la mafia locale pour ses dettes de jeux et son fils trisomique et le 4ème ?... ? Ils ont des problèmes d'argent, de logement, de mésalliance (projet de mariage compliqué entre deux jeunes) et doivent s'occuper de leur très vieille mère (qui la prendra en charge ? avec quel argent ?). C'est la chronique douce du quotidien d'une famille de la classe moyenne, leurs usages et traditions. Une peinture ample, harmonieuse qui montre à la fois la Chine active et moderne (la ville en pleine reconstruction) et en arrière-plan une Chine éternelle, ancestrale, codifiée. Une image de la Chine presque sereine, voire poétique dans cette majestueuse peinture au fil du temps, des saisons et de la rivière Fuchun.
8/10


dimanche 9 février 2020

Psychomagie

Un art pour guérir.  Jodorowski met en scène plusieurs séquences / exemples de sa thérapie qui permet de libérer des blocages (pas par les mots ni la parole, mais par des actes théâtraux et poétiques = action directe sur l'inconscient.) On voit entre autres un bègue qui cesse de l'être, un patient qui mime sa renaissance (un peu dégueu) et d'autres fantaisies jodorowskiennes.
"Il s’agissait de proposer à une personne de faire quelque chose qu’elle n’avait jamais fait auparavant. Un acte poétique, toujours constructif, jamais destructif. Très vite, j’ai senti que cela avait une vertu thérapeutique".
... "la Psychomagie [...] a le même but, rendre à la personne la conscience de soi, éliminer ce qui l’empêche d’être soi. [...] J’ai envisagé la Psychomagie comme un acte guérisseur, qui permet de toucher en soi son véritable être". Cette thérapie artistique est gratuite et s'adapte à chaque patient. Chaque acte est différent du précédent.

C'est curieux et intéressant, mais il n'y a que Jodorowski pour mettre en œuvre un truc pareil.

mardi 4 février 2020

El Greco, Cardinal Fernando Niño de Guevara

Peint en 1600. Metropolitan Museum of Arts, New

S’il n’était pas le Grand Inquisiteur, on pourrait lui trouver l’air simplement sérieux d’un chirurgien, ou le regard sans concession d’un avocat. L’oeil d’un homme de pouvoir, froid ou sévère. Mais c’est l’Inquisiteur : une sévérité sans concession lui sied d’autant mieux. Pas une once de moëlleux chez cet homme. On peut voir une nuance d’amertume ou de mépris dans le dessin de la bouche. L’austérité de la figure contraste extraordinairement avec le chatoiement du costume, sa matière opulente et somptueuse. La délicatesse des mains dément elle aussi la rigueur du visage : bagues, dentelles, et un mol abandon pour l’une tandis que l’autre se crispe, dans un reste de vigilance, ou bien un reste de contrariété causée par la lettre qu’il a laissée tomber. Est-il réellement assis, ou sur le point de se lever pour donner un ordre fatal, son regard en biais visant celui qu’il a dans le collimateur. En fait, tout est biaisé chez cet homme, il est là, pétri d’arrière-pensées, en train de préparer le coup d’après. On pourrait aussi lui trouver l'air simplement désabusé et le regard dessillé d'un homme qui ne se fait pas d'illusions sur le genre humain.
C'est fou toutes les complexités que propose le peintre dans ce tableau éblouissant.









lundi 3 février 2020

Histoire d'un regard, Gilles Caron

Et quel regard : celui du photojournaliste Gilles Caron, disparu à 30 ans en 1970 au Cambodge.  En 6 ans, il a couvert pour les plus grands magazines la guerre des Six Jours, mai 68, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam. La réalisatrice Mariana Otero  plonge dans les 100 000 clichés du photoreporter pour lui redonner une présence et raconter l’histoire de son regard.
8/10