jeudi 15 décembre 2011

Le Cheval de Turin, Béla Tarr

Comment dire ? ce film ne ne ressemble à rien. C'est une histoire d'enfermement et de dépendance : l'homme, sa fille et le cheval sont liés entre eux, comme ils sont liés à leur masure, aux rythmes de leurs vies, à leur puits,  (et peut -être à l'eau de vie).
Mais une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit de l'incroyable force visuelle de ces images. Qu'il nous donne à contempler  jusqu'à saturation, le grain des choses, le détail des objets, les vêtements qu'il enlève et remet, le foyer qu'elle entretient, les doigts qui écrasent les pommes de terre, les écuelles en bois, le seau qu'elle tire du puits, la brouette à fumier, le fumier dans la grange (l'écurie), la robe poilue du cheval, ses yeux, son naseau, l'éternel retour des mêmes gestes, jusqu'au moment où ces gestes n'ont plus de sens, plus de but, et ce pauvre cheval qui n'en peut plus, ou n'en veut plus, sauf s'éteindre dans l'écurie, comme les lampes s'éteignent, elles aussi, le hurlement du vent, lancinant, soutenu par une musique, comme une mélopée,
Et en plus, dans cette désolation, il y a comme une humanité, une infra-humanité, dans les gestes qui attachent cet homme, cette fille et ce cheval
Et dehors, c'est le vent, et le vide, et on ne peut même pas imaginer qu'on puisse s'en sortir et arriver ailleurs.
C'est une chute dans le vide, un vide très dense, avec 2 accidents venus de l'extérieur : les tziganes, joyeux, barbares et en mouvement, et le voisin apocalyptique, incantatoire, déclamant contre les prédateurs qui ont tout souillé et tout pris.
Et puis quand même, cette première scène, incroyable, où le cheval avance dans la tourmente, attelé de guingois (un attelage prévu pour deux chevaux, et cette pauvre bête avance de travers, et on a vraiment envie que ce cauchemar s'arrête), et le cocher, il est cocher, il faut que l'attelage avance, il rentre à la maison, et là, on peut aussi penser à la chanson de G.Brassens, mais là, c'est complètement dépouillé, encore plus désespéré.

1 commentaire:

  1. J'ai subitement compris en regardant le tableau de Van Gogh Les Mangeurs de pommes de terre, qu'il y avait un lien entre ces deux œuvres.

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