dimanche 26 mai 2019

Douleur et gloire

Pedro Almodovar. Un film touchant d'humanité et de profondeur, avec l'adoucissement que l'âge apporte au regard sur sa vie, l'indulgence et le recul que permet la maturité. L'auteur peut ainsi revisiter des pans de sa vie, porter un nouveau regard sur son oeuvre, sur sa relation aux autres et au monde. Il mêle avec subtilité les scènes de son enfance, irradiant d'évidence et de simplicité, et dont émane une beauté lumineuse. Tout comme la beauté de sa mère, pivot de l'existence et référence de la plénitude. La grotte où habite cette famille pauvre devient un lieu quasi magique, où se tisse le cocon familial. Le garçonnet est intelligent et lecteur, sa mère sait qu'il doit échapper à l'abrutissement du travail des pauvres, donc aller au séminaire, lui se méfie, devine qu'il sera chassé de la plénitude de l'enfance. Ce n'est qu'un exemple, en quelques images, et 2ou 3 répliques, on perçoit la cruelle nécessité de cette séparation d'avec son monde qui fera de lui l'adulte qu'il est devenu.
Dans son présent de solitude voulue et de corps douloureux et vieillissant, divers personnages reviennent de son passé, il les revoit à la lumière de leurs présents respectifs. Ces rencontres ont la saveur des routes séparées qui se recroisent avec une indulgence, une tendresse et une saveur nouvelles. C'est un très beau film de maturité, voire de "seniorité". Avec l'exceptionnel Antonio Banderas (et tous ses acteurs magnifiques).

jeudi 23 mai 2019

Hem. Mon enthousiasme pour La Flor 3 et surtout La Flor 4 a nettement faibli. Ça devient un film de plus en plus à la dérive, témoin (dernier épisode -le 6-  film4 ) ces prisonnières qui marchent infiniment pour échapper au désert, où elles ont été retenues 10 ans, avec une image brouillée dégradée, une sorte de film expérimental qui aurait été tourné il y a 100 ans, pour en venir finalement à ce générique défilant plus de 10 minutes sur une image à l'envers (sur une musique captivante certes). L'épisode 5 (partie de campagne ?), bof.
Dans le film 3, le tout début, en forme d'histoire d'amour muette entre espions, garde un peu de la saveur nostalgique et déroutante de cette œuvre inclassable. La suite de l'histoire des espionnes se noie un peu dans l'immensité (siberienne) comme un requiem pour les films l'espionnage à l'ancienne.
Bref, c'est long.

lundi 13 mai 2019

La Flor 1 et 2

https://www.lemonde.fr/cinema/article/2018/08/09/la-flor-dinguerie-labyrinthique_5340755_3476.html

Mariano Llinas
C'est tout comme il a dit, le critique. (Et pourtant, on se demande parfois où ils vont chercher leur satisfecit quand ils se mettent à encenser des films nuls). Un film magique, donc, poétique, foisonnant, envoûtant, qui opère comme une drogue. On en veut encore et encore de cette floraison infinie d'images, d'idées, de poésie sans fin ( au fait on pourrait penser au magique Poésie sin fin de Jodorowski). Des scènes d'une beauté inouïe, par exemple quand le prisonnier rêve en scrutant le ciel, l'immeuble Casterman la nuit (haha, ce cher Tintin), les images de la jungle dans le récit de la Niña... On peut pas tout retenir, il y a tellement de plans sublimes, de poésie, ou de vacuité, ou de densité, et de distance amusée. Il galope sur tous les registres avec une virtuosité de compositeur, la musique d'ailleurs, fait partie intégrante du film, non seulement dans le sublime (! Encore) épisode du couple de chanteurs et son ambiance noire et intense, tragique et désespérée, avec l'hyperviolence d'un couple qui se déchire. Là, ça fait cliché, alors qu'il n'y en a pas un atome. C'est juste magique et tragique. Bref j'en suis qu'à l'épisode 2, les espionnes (complètement)  barrées dans une histoire abracadabrantesque, pleine de tiroirs et de ressorts,  j'attends la séance 3 avec impatience (demain) avec la fin de cet épisode échevelé. Et évidemment les 4 actrices qu'on aime de plus en plus.  Belles ou pas, selon les plans, intéressantes, toujours, captivantes, de plus en plus.
Quant au 1er épisode ( la momie) disons qu'il sert de préambule, pour donner le ton d'un film inclassable, puissant et magique. Vivement demain

jeudi 2 mai 2019

Gloria Bell vs Gloria

Sébastien Lelio. J'ai peine à croire que ce soit le même réalisateur qui ait tourné ce film. Autant le Gloria chilien montrait une femme complexe, pleine de charme, de vitalité, de soif de vivre, de légèreté, autant celui ci est pesant, lourdingue, ennuyeux. Une femme banale, une vie banale, une histoire banale, et rien dans le film qui donne une étincelle à tout ça. Non qu'il faille des personnages exceptionnels pour faire de bons films, l'autre Gloria aussi était une femme ordinaire, sauf que "ça" marchait. Le film communiquait quelque chose de vibrant. C'était une Gloria qu'on avait envie de rencontrer. Alors que l'américaine est terriblement barbante. Quelle soit mère, femme, ex-épouse, maîtresse, grand-mère, elle reste un énorme cliché plaqué dans une succession de scènes horriblement prévisibles . Résultat, un film interminable, où il ne se passe rien que de très convenu.
Et bizarrement, les critiques sont plutôt bonnes.


Gloria (2014) : portrait juste d'une femme seule, âgée, intelligente et sympathique (Paulina Garcia) qui prend ce que la vie peut encore lui offrir. Le quotidien, les réunions de famille, les enfants, le dancing, éventuellement l'amour. C'est fait avec finesse et empathie.