Mia Hansen-Løve. Hem. C'est une curiosité pour les amis de Bergman : sans avoir à faire le voyage, on visite "son" île, Farø, divers lieux de tournage de ses films, sa tombe, sa maison... et on découvre la bergmania ambiante ; on apprend aussi quelques détails de son caractère (désagréable). Le reste (notamment la délicieuse Vicky Krieps) a un certain charme, mais pas grand intérêt. C'est une aimable balade qui évoque les interférences entre la création, le cinéma et la vie en effleurant des sujets comme l'amour, le couple, les tourments de la création. Comme Bergman, en somme, mais en version vraiment soft.
samedi 31 juillet 2021
Bergman Island
vendredi 30 juillet 2021
La Loi de Téhéran
lundi 26 juillet 2021
Titane
Julia Ducournau
Apparemment j’ai passé l’âge. C’est trash et cash (et un peu long et chiant puisqu’on reste assez extérieur à ce torrent de violence convulsive), et ça raconte une sombre histoire de blessures de l’âme, du corps et du cœur. Personne ne va bien là-dedans, le spectateur non plus, vu que les scènes du début sont vraiment dégueulasses. C’est aussi un peu pompier (et pas seulement parce que la deuxième partie se passe dans une caserne avec à sa tête un bizarre commandant stéroïdé en mal d’amour paternel - Vincent Lindon fait bien le job). Sous son commandement, et avec l’irruption de la déglinguée du début, toute la caserne prend une étrange couleur, toute de noirceur, de flammes et de fureur, et vas-y que je balaie les thèmes dans l’air du temps : la question du genre, de l’amour (ou l’absence d’amour) paternel, de la filiation, la machine érotisée, et au-delà, un peu de fantastique pour égarer l’entendement. Au passage, les hommes ne servent à rien, là-dedans, soit ce sont des gros machos relous, soit une tribu étrange -les pompiers- , soit Vincent Lindon, complètement barré. En fait, à part la sociopathe (Agathe Rousselle) et le commandant, il n’y a pas d’individus ni de personnages dans ce film, il n’y a que des figures dépersonnalisées.
Donc après une ouverture en forme d’accident de voiture, (conclusion d’un pénible conflit entre un père et son enfant - fille ou garçon ?) l’enfant émerge avec une plaque de titane dans le crâne. On est alors propulsé 10 ou 15 ans plus tard, dans une sorte de salon de l’érotisme automobile, ou de l’automobile érotique ? où des créatures de rêve se livrent à des attouchements, frottements, et glissements suggestifs contre les flancs ou capots des voitures. (Métal, quand tu nous tiens !) C’est quoi, ça ? Une critique ? Un cliché ? Bref, l’une de ces créatures qui n’est autre que la petite rescapée, se révèle passablement sociopathe, agitée de pulsions meurtrières hyperviolentes dès qu'on l'approche : elle est portée à la fois sur le meurtre sans préméditation et la jouissance automobile. Il semble qu’il est possible de jouir férocement d’une bagnole et de s’en trouver engrossée. Ça, c’est pour le 1/4 d’heure fantastique façon Alien, avec les fuites de d‘huile de vidange qui en découlent. Comme c’est étrange, mais il est vrai que depuis l’épisode « titane dans le cerveau », Alexia entretient d’étranges rapports avec le métal et ensuite, avec la chose étrange qui pousse dans son ventre.
D’ailleurs, tout ce film entretient d’étranges rapports avec la réalité. Le salon de l’automobile, le parking, la caserne, tout a une drôle de couleur mais rendre tout déroutant, ça ne suffit pas à rendre le film captivant. C’est too much.
lundi 19 juillet 2021
Gabriel Chabrat, fresques et vitraux de Sous-Parsat
Une découverte extraordinaire à l'église de Sous-Parsat dans la Creuse : les fresques et vitraux contemporains de Gabriel Chabrat, un peintre creusois né en 1936. L'église est entièrement décorée de ses fresques, il a aussi conçu les vitraux ; le résultat est une immersion dans un univers incroyablement dense et puissant, à la fois familier et énigmatique. C’est une étrange inspiration entre réalisme, expressionnisme et abstraction. Réalisme, parce qu’on reconnaît bien les sujets et poncifs de l’ancien et du nouveau testament et autres « morceaux de bravoure » : l’Arche de Noé, Abraham et Sarah, l’Exode, l’Annonciation, la Cène, la lutte du bien et du mal, l’Apocalypse etc, mais aussi expressionnisme parce que les sujets sont traités avec une féroce acuité d’expression, une épure des traits, des formes, des corps, des visages, et des couleurs pures, tranchées, vivaces. Sous certains angles, le sujet frise aussi l'abstraction parce que le trame se fond par endroit dans une autre vision, une perception mosaïque en carreaux et triangles de couleur qui ne garderait que l’essentiel des lignes de force.
Cette puissance d’expression prolifère sur les murailles, bourgeonne jusqu’au voûtes, s’infiltre dans les angles, n’épargne aucun recoin, toute l’église en est enduite, vibrante, habitée. On reste scotché, stupéfait et médusé par ce qui est à la fois une création extraordinaire et une puissante interrogation adressée au ciel.
jeudi 1 juillet 2021
Close up, Abbas Kiarostami
Abbas Kiarostami