lundi 31 mars 2014

Her


Spike Jonze
Ça se passe dans un futur proche où les outils du virtuel ont massivement annexé le quotidien. Theodore Twombly fait ce que plus personne ne sait faire, il est rédacteur de lettres d'amour manuscrites. (Ce qui lui donne un tendance certaine à s'intéresser aux subtilités de l'âme et du sentiment) Il vit dans la solitude et l'amertume de son divorce presque consommé et entre en contact avec un logiciel de compagnie. Cette intelligence s'adapte parfaitement à son propriétaire, elle lui "colle à l'âme" et ils entrent en étroite communication (émotion, sensibilité, blagues et même sexe). C'est l'âme sœur, la femme idéale avec laquelle les échanges les plus justes, profonds, intimes sont possibles. Une relation d'une qualité unique. Mais cette intelligence a la capacité d'apprendre, donc d'enrichir ses connexions, donc de prendre de la distance.
C'est une très belle réflexion sur la nature de ce qui relie les gens, le miroir que l'autre renvoie, la maîtrise qu'on peut avoir, ou pas, sur une relation, la possession ou non de l'autre, la (nature ?) de l'autre et de l'amour. Belle direction artistique : la grande ville, ses lumières, ses espaces... (La scène avec les vrais gens, la foule à la plage, est d'une grande laideur, mais Theodore s'en fiche, il communique avec Her)
Et une certain humour (entre autres dans l'évocation des jeux video)
(Réalisateur de Dans la peau de John Malkovitch -que j'ai moyennenment aimé- Adaptation, Max et les maximonstres... )
Et les beaux yeux de Joaquin Phoenix

dimanche 23 mars 2014

Liliom, théâtre de La Colline

Molnár (dramaturge hongrois), mise en scène Galin Stoev.
Des forains traversent la scène dans des accoutrements rigolos et bizarres (ce sont les "coulisses" de la foire), Liliom frime dans son beau costume rouge de bonimenteur, la patronne du manège essaie de le retenir, sanglée dans son pouvoir de patronne, et les deux "petites" sont un peu dindes, drôles et touchantes, attendant ou espérant on ne sait trop quoi... Leur duo de copines est épatant : j'avance, je recule, je pars, je reste, j'y vais, j'y vais pas... Bref, Liliom et Julie s'attirent, se plaisent, et par défi ou par hasard, ils se retrouvent ensemble. Et Liliom sans boulot. Galin Stoev montre, derrière des relations frustes, des choses complexes au fond des personnages. Attachement indéfectible de Julie, violence de Liliom, incapable de se fixer, mais touché par cette fille qui l'aime comme personne... Pendant que sa copine et son chéri (amour normal avec un gars normal) entament leur ascension sociale (ils sont drôles). La patronne défend maladroitement ses prérogatives, mais Liliom, ne supporte pas de se ranger, il joue, il boit, il se plante dans le plan tordu élaboré par Dandy (?).  Julie, seule figure constante, l'aime sans mot dire, indéfectiblement.
Puis c'est le tribunal drolatique de l'au-delà : Liliom a une chance de descendre un jour sur terre pour se racheter et faire “quelque chose de beau”. Liliom peut-il changer ?
C'est amusant, séduisant, les comédiens sont excellents, la mise en scène enjouée et imaginative sur fond de gravité et de (tragique fatalité ?)

lundi 17 mars 2014

Les Chiens errants

Tsai Ming-liang.
Comme il se doit, et comme d'habitude, j'y suis allée en me renseignant le moins possible, simplement alertée par "Taiwan" et quelque signe laissant subodorer que ça pouvait être intéressant. Comme il se doit, je me suis à la fois copieusement ennuyée, tout en me laissant imprégner de sublimes images, où il est question d'une civilisation qui secrète ses populations de laissés pour compte, les en marge, les ratés du système, les invisibles. Comme il se doit, je me suis dit que ce film devait captiver les Cahiers du Cinéma, ça n'a pas manqué, j'ai regardé après, ils sont dithyrambique. Tout ça pour dire que je me suis assez copieusement ennuyée, mais aussi, un peu laissée embarquer dans le regard de l'auteur sur les non lieux, la pluie, la zone, les paysages dévastés, les squats, cette vie de chiens errants. Ce film en forme de rêverie laisse une impression mitigée. Et si c'était moins long ?(j'ai toujours envie que ça soit moins long. Comme Bill Viola au Grand Palais). Mais peut-être que ça doit être long pour occuper l'esprit et  l'espace. Et le plan final "sublime", on se dit que.. cette contemplation d'un paysage d'avant.. avant la dévastation, avant le monde industriel, avant l'humanité galopante et construisante... On se demande quand ça va enfin s'arrêter. Difficile de compter les étoiles. 2,5* pour l'ennui ? 5* pour l'ambition ? 3,5 étoiles* parce que ce film chiant laisse quelques traces.

The Grand Budapest Hotel


Wes Anderson : délicieux, léger, bondissant, sur fond de palace et de sombres machinations autour d'un héritage et d'un tableau volé. Wes Anderson joue à fond et avec humour sur l'imaginaire des palaces de l'entre-deux-guerres, imaginaire revu et corrigé en version décatie et désenchantée à l'ère du réalisme socialiste. Nostalgie d'un monde disparu, personnages de bande dessinée, péripéties, rebondissements... c'est parfait. 

Un été à Osage County, John Wells : réunion familiale à l'occasion des funérailles du grand-père dans un trou de l'Amérique profonde. Un concentré d'horreur familiale, avec Meryl Streep en grande prêtresse de la dévastation. Parfaite comme d'habitude. Presque comique tellement l'auteur a mis le paquet.

Avis aux ondophobes paranoïdes


Lu dans les Serres d'Auteuil :





dimanche 16 mars 2014

La bizarre histoire de Loth et ses filles

Premièrement, Loth essaie de céder ses deux filles vierges aux hommes de Sodome, (mais il y a un contretemps). Il quitte ensuite Sodome avec sa femme et ses deux filles, mais sa femme se retourne et est changée en statue de sel.

Loth se retrouve seul avec elles dans une caverne de la montagne. Les filles entreprennent alors une curieuse manipulation d'ivresse et d'inceste :  "Notre père est vieux et il n'y a pas d'homme dans le pays pour venir vers nous... faisons boire du vin à notre père et couchons avec lui afin que nous conservions de notre père une postérité".
L'action a commencé : Loth entreprend l'une de ses filles, tandis que l'autre continue à verser du vin. A l'arrière plan, Sodome en ruines et en flammes.
Etonnant récit de ruse, de saoulerie et d'inceste à l'initiative des filles. Mais l'objectif est atteint : il en résultera Moab et Ben-Ammi (Genèse 19).
Comme c'est bizarre.

Louvre, 2ème étage, (vers la salle 9):  Anonyme, actif à Anvers vers 1520
(longtemps attribué à Lucas de Leyde puis à Jan de Cock). Variante au musée Boijmans de Rotterdam

dimanche 9 mars 2014

Le Berbois


Etape délicieuse (sur la variante GTJ ?) :  La No Made attitude,
Etape suivante : La Guiénette. Miam.