mercredi 30 août 2017

120 battements par minute

Robin Campillo. C'est âpre et bien, entre social et intime, et le réalisateur se sort bien d'un exercice périlleux, en passant sans à coup de la fresque de groupe et actions coup de poing à la peinture de personnalités et de motivations différentes. Le film parle de politique et de désir, d'amour et de sexe, d'amitié aussi. Sans en faire trop, sans entrer dans la caricature, le didactique, le larmoyant. Il montre des gens cash, lucides, fêtards, militants, caustiques, incroyablement vivants. Leur lutte pour sortir le sida du ghetto des homos, drogués, taulards... leur lutte contre l'inertie du pouvoir, le cynisme des labos.  Il montre aussi l'angoisse de morts en sursis devant cette monstruosité qui ronge les corps par tous les bouts.
Et surtout, il montre l'air de ce temps là, où les gens vivaient effrontément en appelant à  la révolte et à la jouissance. On avait oublié que ça pouvait être comme ça. Parce que ça, c'était avant.

mardi 22 août 2017

Une vie violente, échos

Thierry de Peretti. Est il vraiment important de comprendre les tenants et aboutissants de l'engagement de nationalistes corses ?  Le film ne fait pas vraiment comprendre qui est qui dans la lutte, sauf qu'il y a apparemment une dérive mafieuse et que les "purs" ont été supplantés. Alors qu'ils disent agir au nom de la nébuleuse "peuple corse". Peuple qui garde une dimension fantasmatique, puisqu'on ne le voit jamais. À moins que ce soient les femmes qui l'incarnent ? Elles restent largement au second plan dans cette micro société de machos où les bonnes femmes qu'on voit ne servent pas à grand chose d'autre que baiser, ou faire la bouffe, éventuellement les deux quand on se marie. Nationalistes purs et durs ou mafieux, ils font aussi peur les uns que les autres. Leur société en vase clos, leur culte de l'honneur et de la virilité, leur violence, leur immoralité par incapacité à remettre en cause la légitimité de leurs exactions, leur référence à une valeur supérieure et impalpable (le peuple corse) fait penser à  d'autres terroristes, ceux de notre époque, qu'on imagine facilement fonctionner eux aussi en vase clos autour d'un leader et vivre déconnectés du reste du monde pour "se monter le bourrichon" au nom de l'idéologie qu'ils ont construite autour du leader suprême, Allah.
(Le personnage principal, l'intello de service, est celui qui fait le plus pitié, pris dans ses contradictions, son recul, son besoin d'analyser, comprendre et théoriser. Son destin de merde en deviendrait poignant.)

lundi 21 août 2017

Une Femme douce / A gentle woman

Serguei Loznitsa. Des trognes, des figures, de ces gens qui se chamaillent dans les queues, trinquent dans les trains, vous invectivent si vous êtes sur leur chemin, des grossiers personnages occupés à défendre leur pré carré, rouspéter contre leur voisin, déplorer la grandeur perdue de la Russie et invectiver les ennemis fantasmatiques qui ont causé son déclin. Ils sont gros comme les pauvres, mal habillés. Ils ont le franc-parler de ceux qui ont oublié qu'on peut mettre les formes dans les relations avec autrui. Ils sont amers, dépossédés de leur grande Russie, chère patrie, mythe confondu avec celui que Staline avait érigé en URSS. Où est la grandeur perdue ? Elle s'arrête à la hauteur de ceux qui ont le pouvoir : les fonctionnaires de la poste ou de la prison, de la police ou de l'armée, la mafia. Elle verse dans l'arbitraire et la corruption.
La première scène montre une femme seule sur une route poussiéreuse, au milieu de nulle part, débarquée d'un bus brinquebalant. Dans ce monde déliquescent, cette femme digne plutôt que douce (en anglais, ils ont traduit par gentle?, mais que signifie krotkaya ?) et doucement obstinée, cherche à savoir pourquoi son colis ne peut pas être transmis à son mari emprisonné. Dans sa quête, elle rencontre une collection d'humains trop humains, veules, soiffards, machos, gouailleurs, égoïstes, brutaux, avides ou méchants. Des rencontres bizarres, inquiétantes, dont on se demande à chaque fois sur quoi elles vont déboucher. Sa quête est prétexte à montrer de vraies grosses tranches de vie à la russe. Plusieurs scènes sont tournées de très près, on est quasi submergé par l'hyperréalisme caricatural des situations, comme dans les moments où l'on est dépassé par une situation qui vous échappe. Comme dans un cauchemar. Des scènes débordantes, débridées, rigolardes, paillardes, mais aussi des scènes à rendre fou, à se taper la tête contre les murs, tellement règne l'arbitraire et la loi du plus fort, avec le sentiment de tourner dans un bocal dont les parois se rapprochent et où la logique se dérobe.
Ça raconte un monde économiquement et socialement déglingué, plutôt désespérant.

dimanche 20 août 2017

Films d'août

Dunkerque : tout ce qu'il faut là où il faut pour raconter le grand spectacle de la guerre (rapatriement des troupes anglaises acculées à Dunkerque). Si on aime les belles reconstitutions à grand spectacle, bien filmé et tout et tout...

Je préfère la surprenante histoire d'Avril et ses filles, film mexicain assez dérangeant qui raconte comment une très jeune fille,17 ans, décide de garder son bébé et comment sa mère s'en mêle.

Le Caire confidentiel est assez captivant pour le thriller (qui a tué la belle chanteuse?) et pour la peinture sociale d'un monde déprimant à force d'être corrompu et antidémocratique. Les flics, les politiciens, les hommes d'affaires... qui manipule et trahit qui. Le tout sur fond de printemps arabe.

Que dios nos perdone : la traque d'un tueur de vieilles. Les rivalités dans le commissariat, le duo improbable entre le flic bègue et futé et son collègue grande gueule, un sanguin facilement à la limite du hors jeu. L'enquête piétine, le psychopathe frappe toujours et arrive toujours à s'échapper mais le cercle se resserre. Intriguant, haletant et stressant.

vendredi 18 août 2017

Lectures d'été

Je ne sais pas trop pourquoi je les ai choisis ni comment ils sont arrivés dans ma sphère. Sans doute parce qu'ils sont dans l'air du temps : Au fond de l'eau parce que c'était le second roman de Paula Hawkins après La Fille du train. Bofbofbof. Bien constuit, bien mené, mais lecture convenue, sans surprise, et un mois après il ne me reste rien de cette histoire de femmes qui vont se noyer dans la rivière du coin.
Après, j'ai lu La Recluse, encore une fois "le dernier de"... Fred Vargas en l'occurrence.  Pas mal, intelligent etc mais là encore, un peu fastidieux de la voir tricoter les fils de son intrigue super bien fichue, rhohhlala, quelle surprise.
Après il y a eu L'homme qui s'envola, d'Antoine Bello. L'histoire d'un homme à qui tout a réussi mais qui organise sa disparition parce qu'il se sent prisonnier de son univers. Avec un enquêteur super futé missionné par les assurances pour vérifier s'il a vraiment disparu. Jai déjà oublié le pourquoi du comment. Ça ne devait pas être si important. Même quand je le lisais, je n'étais pas convaincue. Tout m'avait l'air un peu trop parfait. Mais les lecteurs de Babelio ont l'air enchanté.
Puis la bonne surprise : Le dimanche des mères, de Graham Swift : subtile histoire des relations entre une bonne et un fils de famille dans la campagne anglaise vers 1920. Intelligent, avec narration au scalpel de ce qui se dit ou pas entre deux personnes de classes sociales aussi incompatibles. Excellente lecture.
Puis viennent Les Mémoires d'un chat, du japonais Hiro Arikawa. Un chat de gouttière adopté, mais dont le maître doit se séparer. La quête du repreneur potentiel permet de passer en revue divers "types" et manières d'être, avec une vision assez optimiste et morale de la vie. Pas mal. Assez charmant.

Lectures d'été 2

Le vrai grand morceau, c'est Règne animal, de Jean-Baptiste del Amo. Puissant dès les premières lignes. Mérite mieux que 3 lignes.
Sinon, Agatha, de Frédérique Deghelt, cherche à percer le mystère de la disparition d'Agatha Christie pendant 3 semaines. Bavard et un peu gnagnan.
Les Mandible de Lionel Shriver (auteure d'Il faut qu'on parle de Kevin). C'est la saga à l'envers de la réussite d'une dynastie américaine. Quand l'économie s'emballe et se déglingue, quand les E.U sont gouvernés par un président latino, quand la suprématie mondiale déserte l'Amérique du Nord, quand le travailleurs sociaux s'en tirent mieux que les cadres sup... c'est plutôt bien vu, malin et rigolo. Même si les analyses économiques sont trop fouillées et indigestes.
Chaleur (Joseph Incardona) et Avant que les ombres s'effacent (Louis-Philippe Dalembert) : cf post dédiés.

mardi 8 août 2017

Chaleur

https://www.finitude.fr/index.php/auteur/joseph-incardona/
Chaleur : drôle d'histoire de championnat de sauna en Finlande. L'affrontement de deux êtres hors du commun et que tout oppose sur fond de kermesse stupide qu'est ce championnat absurde.