dimanche 27 avril 2014
Le Songe d'une nuit d'été, Comédie française
Espiègle et pétillant, un pur plaisir de théâtre. Spectateurs ravis par ces deux heures de songe, de rêverie et de cocasserie, par les déboires des amoureux et les tribulations des artisans-comédiens, les chamailleries entre la fée et son mari, par les merveilleux costumes, et cette géniale idée d'avoir animalisé le peuple de la forêt. Magie du théâtre que ce spectacle vif, séduisant, charnel et charmant, où se mêlent farce et comédie, pièges de l'amour et tourments de la séduction (vice et versa), interférences entre gnomes et mortels, confusion, quiproquos, chamailleries et conflits, roueries pour piéger l'un ou l'autre... On se demande bien pourquoi les grincheux (certaines critiques assassines) boudent leur plaisir.
lundi 14 avril 2014
dimanche 13 avril 2014
lundi 7 avril 2014
dimanche 6 avril 2014
Le Siècle d'or de la peinture danoise
Un excellent prétexte pour aller au Muma et au Havre :
http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/le-siecle-d-or-de-la-peinture-danoise
*(la Montagne du ciel) avec à droite la presqu'île de Righolm et la crique de Rosbæk
http://www.muma-lehavre.fr/fr/expositions/le-siecle-d-or-de-la-peinture-danoise
Frederik Sœdring, Paysage de fjord norvégien 1833 |
Christian Zacho, Vue de Non Mill et du lac Halde,DK, 1873 |
Christian Zacho, Paysage près de Rye donnant sur Himmelbjerget * |
Le Siècle d'or de la peinture danoise
Sourires d'une nuit d'été
Un Bergman léger ? on croit rêver, pourtant, c'est ça, mais aussi profond, et toujours aussi intelligent : sur une facture classique avec marivaudages etc, chacun y va de sa vision de l'amour, sa nature, ses diverses incarnations. 8 personnages en quête d'amour. La mère de l'actrice Désirée est très drôle, encore plus lucide et pragmatique que sa fille. Pour pousser chacun dans ses retranchements, Désirée organise une invitation à la campagne dans le manoir de sa mère (très jolie propriété (gustavienne). Tout ça en costume d'époque (fin 19ème siècle/Belle Epoque). Un délice classique.
vendredi 4 avril 2014
Persona
Ingmar Bergman (1966) : Elisabeth (Liv Ullmann), fameuse actrice, sombre dans le mutisme. On l'envoie se reposer au bord de la mer avec une jeune infirmière qui prend soin d'elle, Alma (Bibi Andersson), une fille "normale" et sympathique. Face au mur du silence, Alma meuble en bavardant : pour distraire Elisabeth ? Par peur du vide ? Elisabeth est une oreille exceptionnelle. Alma finit par faire des confidences, raconter ce qu'elle n'a raconté à personne de sa vie, son fiancé, son premier amour raté, ses interrogations...
Mais l'écoute et le regard d'Elisabeth ne sont pas si bienveillants qu'elle le pensait (épisode de la lettre). C'est un regard analytique. Sans empathie. Le face-à-face tourne à l'affrontement, toujours muet. Alma veut percer Elisabeth, la pénétrer, elle se fond en elle, profère tout ce qu'Elisabeth ne dit pas depuis qu'elle a arrêté de parler (c'est à dire de mentir), tout ce qu'elle n'a jamais dit, à force de mentir aux autres, et à elle-même sur ce qu'elle est et ressent profondément. Fusion, confusion, qui est qui ? Et quand le mari vient en visite, qui parle à qui ?
Comme d'habitude chez Bergman, c'est dense à couper au couteau, il fouille le tréfonds de l'âme, et il brandit des choses sales, moches, douloureuses, obscures, les choses que les gens ne disent pas, parce que sinon, la vie serait impossible, noire et douloureuse. Ce n'est pas sans rappeler un autre face à face atroce, dans Sonate d'Automne, une autre confrontation entre deux femmes, une gigantesque douleur de demande d'amour, de faux-semblants et de frustration. Et là non plus, pas de blabla visuel, toujours cette densité des images de Bergman, les plans rapprochés, la caméra qui scrute les visages, cette atmosphère suffocante, irrespirable.
Mais l'écoute et le regard d'Elisabeth ne sont pas si bienveillants qu'elle le pensait (épisode de la lettre). C'est un regard analytique. Sans empathie. Le face-à-face tourne à l'affrontement, toujours muet. Alma veut percer Elisabeth, la pénétrer, elle se fond en elle, profère tout ce qu'Elisabeth ne dit pas depuis qu'elle a arrêté de parler (c'est à dire de mentir), tout ce qu'elle n'a jamais dit, à force de mentir aux autres, et à elle-même sur ce qu'elle est et ressent profondément. Fusion, confusion, qui est qui ? Et quand le mari vient en visite, qui parle à qui ?
Comme d'habitude chez Bergman, c'est dense à couper au couteau, il fouille le tréfonds de l'âme, et il brandit des choses sales, moches, douloureuses, obscures, les choses que les gens ne disent pas, parce que sinon, la vie serait impossible, noire et douloureuse. Ce n'est pas sans rappeler un autre face à face atroce, dans Sonate d'Automne, une autre confrontation entre deux femmes, une gigantesque douleur de demande d'amour, de faux-semblants et de frustration. Et là non plus, pas de blabla visuel, toujours cette densité des images de Bergman, les plans rapprochés, la caméra qui scrute les visages, cette atmosphère suffocante, irrespirable.
Persona, en latin : le masque derrière lequel se dissimulent les acteurs
Sonate d'Automne
Ingmar Bergman (1978) : Eva (Liv Ullmann) invite sa mère (Ingrid Bergman) chez elle, au presbytère de son mari au bord d'un lac, après un vide/absence de 7 ans. Fille terne, vie obscure, mère brillante, concertiste internationale. La fille cadette est là, alors que sa mère l'avait placée dans une institution. L'infirme comme un reproche vivant de tout ce que la mère n'a pas été. Dès le début, le sous-texte : Eva analyse la surface de sa mère, et ce qu'elle veut dire ou ressent "en vrai". C'est l'histoire de leur vie : la fille, Eva, a toujours lu le sous-texte dans tous les agissements de sa mère, brillante et égoïste sous ses dehors de mère affectueuse. Elles s'expliquent pendant la nuit : les non-dits, l'amour de l'enfant déçu, la mère uniquement préoccupée d'elle et de sa carrière. Un carnage. Principalement le face à face de ces deux femmes. Cette manière unique qu'a Bergman d'aller à l'essentiel, sous les silences, les mensonges, les faux semblants de la vie. La mère a toujours été aveugle à sa fille (à tout ce qui n'est pas elle), la fille rend les coups et dévoile toutes les blessures. Haine viscérale ? Restes d'une demande d'amour inassouvie ? Et pendant cette nuit d'horreur, le comportement étrange et horrible de l'infirme qui hurle dans son lit, se débat, se traîne hors de son lit, comme si elle comptait les coups (et voulait les arrêter ?) Comme toujours chez Bergman, l'implacable profondeur des âmes mises à nu. Des gros plans qui scrutent les visages des deux femmes pendant ce face à face monstrueux. La lettre de la fin est étrange, comme si Eva effaçait le film (écho à la lettre du début, où elle invite sa mère). Comme si elle revenait en arrière, vers des relations inexistantes, épistolaires, de loin.
Cleo de 5 à 7
Agnès Varda.
Superbe balade dans le Paris disparu des années 60. Cleo est superficielle, superstitieuse, et très jolie à regarder (Corinne Marchand : pourquoi on n'a pas vu cette actrice davantage ?) mais elle n'a pas grand chose à raconter, à part qu'elle a peur des résultats de ses analyses, qu'elle doit connaître à 7heures. Alors Cleo promène son angoisse, son vide et son ennui dans Paris. Varda en profite pour regarder tout ce qui grouille : la ville, les passants, les commerçants, les automobiles, les bonimenteurs, les badauds, les autobus, les cafés, les immeubles. Les scènes de café sont merveilleuses, tout en éclats, reflets, regards captés, silhouettes entrevues, il y a des tronches et des trognes, les clients boivent sec au bar (les p'tites mémé au zinc avec leur ballons). D'ailleurs, ces cafés sont incroyablement vivants, populaires et animés (ce monde a l'air moins formaté que le nôtre). La balade a bcp de charme, c'est un peu long et on s'ennuie un peu mais ça passe parce qu'il y a tant de choses à regarder. (Tout le monde s'extasie sur la scène de cinéma muet où on voit J-L Godard et A.Karina, c'est mignon, mais bon...) Varda filme très bien l'air du temps.
Superbe balade dans le Paris disparu des années 60. Cleo est superficielle, superstitieuse, et très jolie à regarder (Corinne Marchand : pourquoi on n'a pas vu cette actrice davantage ?) mais elle n'a pas grand chose à raconter, à part qu'elle a peur des résultats de ses analyses, qu'elle doit connaître à 7heures. Alors Cleo promène son angoisse, son vide et son ennui dans Paris. Varda en profite pour regarder tout ce qui grouille : la ville, les passants, les commerçants, les automobiles, les bonimenteurs, les badauds, les autobus, les cafés, les immeubles. Les scènes de café sont merveilleuses, tout en éclats, reflets, regards captés, silhouettes entrevues, il y a des tronches et des trognes, les clients boivent sec au bar (les p'tites mémé au zinc avec leur ballons). D'ailleurs, ces cafés sont incroyablement vivants, populaires et animés (ce monde a l'air moins formaté que le nôtre). La balade a bcp de charme, c'est un peu long et on s'ennuie un peu mais ça passe parce qu'il y a tant de choses à regarder. (Tout le monde s'extasie sur la scène de cinéma muet où on voit J-L Godard et A.Karina, c'est mignon, mais bon...) Varda filme très bien l'air du temps.
mercredi 2 avril 2014
Une Femme, La Colline
Philippe Minyana, Marcial di Fonzo Bo (Colline)
La scénographie de M.di Fonzo Bo crée un très bel espace où évoluent les pensées erratiques et souvenirs qui hantent une vieille femme malade, Elisabeth. Elle souffre, elle annonce la fin, elle revisite les espaces de sa vie (les chambres de sa mémoire) et les personnages qui les occupent. Il n'y a rien de spécial, c'est une vie ordinaire, à part la mort au bout (et pendant), et les souffrances du quotidien, le quotidien qui tue la vie, le trivial quotidien en forme de merde, de sang, et de tourte, des vieux comptes avec les parents, le mari, des enfants qui passent, une vieille copine... et la fidèle servante qui veille sur elle. Tout tient à la balade scénographique, musicale, fantomatique, des espaces naissent et se dérobent, des personnages apparaissent et s'évanouissent, s'enkystent, se dédoublent... dans la forêt de sa vie. C'est une espèce de valse funèbre avec la vieille et pleine de grâce Catherine Hiegel, et puis... The Lady vanishes. Fin du rêve.
La scénographie de M.di Fonzo Bo crée un très bel espace où évoluent les pensées erratiques et souvenirs qui hantent une vieille femme malade, Elisabeth. Elle souffre, elle annonce la fin, elle revisite les espaces de sa vie (les chambres de sa mémoire) et les personnages qui les occupent. Il n'y a rien de spécial, c'est une vie ordinaire, à part la mort au bout (et pendant), et les souffrances du quotidien, le quotidien qui tue la vie, le trivial quotidien en forme de merde, de sang, et de tourte, des vieux comptes avec les parents, le mari, des enfants qui passent, une vieille copine... et la fidèle servante qui veille sur elle. Tout tient à la balade scénographique, musicale, fantomatique, des espaces naissent et se dérobent, des personnages apparaissent et s'évanouissent, s'enkystent, se dédoublent... dans la forêt de sa vie. C'est une espèce de valse funèbre avec la vieille et pleine de grâce Catherine Hiegel, et puis... The Lady vanishes. Fin du rêve.
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