jeudi 24 août 2023

Fermer les yeux

 Victor Erice, (cf L’Esprit de la ruche, 1973). Fermer les yeux commence par un film dans le film : tournage d’une scène où un riche personnage en sa riche propriété charge un détective privé d’enquêter pour retrouver sa fille en Chine. Décor, atmosphère, esquisse des personnages, images, suspense… il y a toute l’ampleur et les indices qu’il faut pour démarrer un bon film. Mais c’est un leurre, on est 20 ans plus tôt pendant le tournage d’un film du cinéaste Miguel Garay (Manolo Solo), interrompu par la disparition de Julio Arenas (José Coronado), l’acteur qui jouait le détective. 

20 ans après, à l’occasion d’une émission télé qui évoque l’affaire, Miguel Garay se met à enquêter sur la disparition de l’acteur.
C’est un film testament qui raconte le crépuscule d’un certain genre de cinéma « à l’ancienne », disons les films de l’âge d’or du cinéma. Un film qui convoque l’essence du cinéma avec ce qu’il faut de belles images, de méandres et de réflexion intelligente pour raconter une belle histoire de quête, avec ce qu’il faut de nostalgie, d’humanité et de tendresse pour aborder les personnages, avec un toucher sensuel pour caresser les lumières, les visages, les décors, les heures du jour…Un film qui en met plein la vue, pas au sens contemporain sensationnel, mais au sens de plénitude de l’image et profondeur du propos.
La quête du cinéaste se termine par la projection de la dernière bobine de son film inachevé, «La Mirada del adiós» (le regard de l’adieu)  qui résonne comme un adieu funèbre (fermer les yeux/dernier regard/fin de partie) et un hommage au (Film intérieur ? Déni de réalité ? Puissance de l'imaginaire, du regard intérieur, du rêve…)

Ou un peu comme on dirait "silence, on tourne" et on fait abstraction de tout le reste.

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