samedi 13 août 2022

Magdala

Damien Manivel. Je pensais que j'aurais marché. j'aurais dû marcher. Un rêverie sur les dernières années de Marie-Madeleine ermite (Elsa Wolliaston). Les sous-bois, les fougères, l'humus, la contemplation du rien, le temps qui ne compte plus, la goutte d'eau au bout d'une feuille, la cueillette d'une mûre, filmées comme des instants d'éternité, les sons, plein de sons de la nature, et cachée sous ses haillons de bure, visage enfoui, cou emmitouflé, cette vieille cassée en deux, hors d'âge, hors du temps, verrouillée dans son amour du Christ, envoûtée par le pouvoir des humbles crucifix qu'elle crée avec 2 brindilles. Il semble que des saisons passent, c'est l'hiver (et les Winterreisen de Schubert) elle aime Jésus, elle sanglote en embrassant ses pieds cloués sur la croix, elle aime Jésus, c'est le printemps, l'eau, la purification et le renouveau avec deux corps nus et jeunes, c'est de nouveau l'hiver avec des accents d'agonie, elle aime Jésus, elle s'arrache le cœur, ou c'est Jésus qui le lui arrache, il est temps d'en finir avec cet amour agonisant, c'est la grotte d'éternité où l'on se cache pour mourir, grotte mythique et mystique, et l'arrivée d'une jeune femme Vermeerienne avec sa bougie, la lumière de son visage pendant qu'elle éclaire l'agonie. Sa patience d'ange. Hélas. Pas moi. C'était trop. Trop rien. Trop tout. Trop contemplatif ou méditatif. (Mais ce n'est pas ce que semblent dire les critiques, subjugués).

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