lundi 22 août 2022

Films de l'été 2022

La Veronica, Leonardo Medel : portrait horrifique et addictif d'une influenceuse, portrait d'une époque, portrait en forme d'instagram d'une épouse de footballeur, de retour au Chili après quelques années à Dubaï. (Trop ?) bien fait : rien n'arrête "la Veronica" dans sa quête de followers, de reconnaissance, de notoriété. Elle est insupportable et convaincante, elle crève l'écran avec son ego hypertrophié et l'angoisse qui la traverse ici et là de n'être rien. Qu'à cela ne tienne, son néant est très bavard et manipulateur. Elle cause, elle cause, elle cause face caméra et elle peaufine son image qui se fissure. Le réalisateur en fait peut-être un peu trop dans la caricature, mais on la suit avec un délicieux frisson d'horreur à chacun de ses méfaits.

Le Grand Silence, Sergio Corbucci. J'en ai entendu parler dans le génial documentaire sur le génial Ennio (Ennio Morricone en a fait la musique), avec JL Trintignant en taiseux (muet !) confronté aux ignobles chasseurs de prime (Klaus Kinski). https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18695116.html    D'après l'histoire vraie d'un massacre dans l'Utah.  J'ai beaucoup aimé : c'est cruel, sombre, les paysages enneigés sont somptueux, l'histoire est implacable et la musique colle parfaitement au film. Ça m'a donné envie de voir d'autres films de Corbucci : https://www.allocine.fr/personne/fichepersonne_gen_cpersonne=13757.html

Gerry Gus van Sant, un bizarre film d’errance dans le désert avec Matt Damon et Casey Affleck. Deux heures en compagnie du désert, très photogénique, avec deux gars qui s’égarent et qui marchent, marchent, marchent, (et font du feu la nuit). Film quasiment muet, on n’a qu’à contempler les variantes du désert (bush, collines rocheuses, étendues sans fin…) et à s’interroger sur ce qui se passe dans leur tête, et quelle interaction ça fait entre eux de comprendre qu’on se perd, de se dire qu’on est perdu et qu’on est foutu. Mystère. Mais ils doivent être vraiment amis parce qu’ils ne s’engueulent pas, ils ne paniquent pas, ils ne se jettent aucune angoisse ou reproche à la figure. Sauf un moment où ils ne sont pas d’accord pour suivre une piste pour trouver de l’eau. J'ai lu quelque part que c'était une histoire de doubles... (et donc ?) Et ainsi va le film, s’enfonçant dans la solitude et le néant, un très beau néant implacable. (C'est assez chiant).

Nope, Jordan Peele. Le Nevada ? Arizona  ? joue bien, les chevaux aussi, la lumière est très bien, la petite sœur est hystérique, sinon, pfff, rien à dire sur le mythe de l'ouest américain revisité par la blackitude et par un ovni. Même pas peur. C'est fastidieux et ennuyeux, voire ridicule. Un navet prétentieux.

L'Ecole du bout du monde, Pawo Choyning Dorji : un étudiant-instituteur en plein doute (il voudrait émigrer en Australie) est envoyé pour sa 5ème et dernière année de formation au bout du monde, à Luanana, au fin fond du Bhoutan. Le jeune citadin rencontre un autre monde, sa pureté, ses valeurs, et ce que sa présence représente pour cette communauté villageoise. Très bien ficelé, sobre, sensible, émouvant... Et des paysages somptueux.

Elvis, Baz Luhrmann avec Austin Butler dans le rôle d'Elvis. Excellent biopic, avec du grand spectacle / gros moyens où il faut comme il faut, et à l'arrière-plan, le personnage du producteur-vampire, narrateur de l'histoire.

Dédales (roumain, titre original : Miracol) Bogdan George Apetri.  Où l'on comprend que le réalisateur vomit la musique populaire traditionnelle, le pouvoir du clergé, et est plutôt circonspect sur les méthodes de la police roumaine. C'est un bon film dont on se demande longtemps où il nous emmène, avec une bonne part de mystère et de fausses pistes.  

La Nuit du 12. Dominik Moll.  Belle histoire d'enquête criminelle (le crime de la nuit du 12). Humain et désenchanté.

Les Nuits de Mashad Ali Abbasi : une journaliste sur la piste d'un tueur de prostituées dans les bas-fonds de Mashad. Il s'est donné pour mission de purifier la ville sainte de la pourriture. La police pas très empressée à le poursuivre. La population plutôt indifférente, voire de son côté quand il jugé. Le tueur persuadé de la justesse de ses actes. La journaliste en butte au machisme et la misogynie ordinaires. Pas mal, assez crade, désespérant.

Costa Brava Lebanon, Mounia Aki. Ou comment l'installation d'une décharge -soi-disant aux normes etc- au pied de leur propriété, en pleine nature, vient pourrir la vie que s'était construite une famille en rupture de Beyrouth (sa violence, sa pollution etc). La mère (ex-chanteuse star), le père, la fille adolescente, la petite fille (extraordinaire) et la grand-mère sont confrontés à la progression du chantier, des nuisances, des pressions pour les faire déguerpir et y réagissent chacun à leur manière. Très bien. Révèle chez chacun ses lignes de fracture. (Le titre vient du nom d'une plage de rêve au Liban qui a été pourrie de la même manière.)

As Bestas : Rodrigo Sorogoyen avec Marina Foïs, Denis Ménochet. Des néo-ruraux seniors et français s'installent quelque part dans les Pyrénées espagnoles, en tout cas dans un rude pays montagneux (Galice ?) pour se recycler dans l'agriculture bio. Ils sont confrontés à l’hostilité/rejet/haine des « vrais » ruraux : anti-intrus, anti-français, anti nouvelle agriculture etc. Très rude, très bien. Ambiance d'hostilité et de malaise à couper au couteau.

Entre la vie et la mort, Giordano Gederlini, avec Antonio de la Torre. Un conducteur de métro à Bruxelles, son fils qui tombe sur les rails quasiment sous sa rame, les flics sur son dos, une enquête en cours, un très sale type qui fait irruption chez lui… Le père va mener son enquête, parallèlement à celle des flics et la vérité apparaît peu à peu dans une ambiance bien sale et bien sombre. C’est plutôt bien.

Decision to leave , Park Chan-Wook (coréen) : la mort d'un homme dans la montagne, l’enquêteur, son attirance pour la veuve, suspecte. Pas mal, plastique parfaite mais finalement me laisse un souvenir confus. Peut-être trop compliqué ?

En roue libre, Didier Barcelo : Marina Foïs est coincée dans sa voiture. Elle n'arrive absolument plus à en sortir. Un jeune braqueur vole la voiture et donc l'embarque dans son road trip. Sympa

Coupez : (Michel Hazanavicius) Tournage d’un film de zombies, outrancier, drôlatiquement horrible. Le réalisateur et les acteurs se sont bien amusés, et le spectateur aussi.

I'm your man, Maria Schrader. Un homme algorithmique fourni à une chercheuse pour qu’elle analyse sa compatibilité/qualité d’homme idéal. Très bien. Le robot est bien trop humain, donc troublant.

Nos années sauvages (1990) Wong Kar-Wai : esthétique des années 60, jolies robes de l'époque, quartiers médiocres de Hong-Kong, décor miteux, pluie et une histoire où il est question de séduction et de désir. Un beau gosse, une jolie fille, il veut, elle veut bien, il veut plus, elle veut encore, une autre arrive, la chambre glauque, le lit en vrac, il ne se passe pas grand chose entre ces personnages, sinon une impression d'inachevé, d'insuffisant, d'inassouvi, la vie est ailleurs, pas dans ce qu'ils ont ou n'ont pas, font ou ne font pas, c'est même plus ténu : les choses se font et se défont et laissent un goût d'inachevé. Par exemple le policier du quartier aimerait bien protéger ou consoler la jeune fille, qui a le cœur ailleurs, et après c'est trop tard, il a disparu, il est devenu marin, quant au personnage principal, il est parti aussi, en quête de sa vraie mère aux Philippines...  Déjà ce sentiment d'inachèvement et d'inassouvissement, de désir qui ne rencontre pas son objet, de frustration... tout ce qui sera amplifié, magnifié et porté à son paroxysme dans In the mood for love.

Total Recall (1990) Paul Verhoeven. Un homme ordinaire (Arnold Schwarzenneger), apparemment, mais ses rêves le ramènent à Mars. Il décide d’y faire un voyage virtuel via une technologie qui implante des souvenirs, mais l’opération dérape et révèle d’autres souvenirs, apparemment occultés. Plus que bizarre, d’autant que ce réveil de la mémoire fait surgir un tas de gros bras décidés à l’éliminer ou le circonvenir. Bon film intelligent, efficace, mélange de thriller et de science fiction qui n’a pas encore vraiment vieilli

 Un Jour sans fin (1993) Harold Ramis, avec Bill Murray, Andie MacDowell / M.Meteo en reportage pour "le jour de la marmotte" se réveille pour revivre exactement la même journée. Et ainsi de suite. Bonne comédie.


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