mercredi 10 août 2022

Peter von Kant

François Ozon. Pourquoi ce film plaît, globalement, alors qu'il m'a vraiment exaspérée ? Le gigantesque cliché de la passion amoureuse dévastatrice est donné en spectacle et exploité jusqu'à la trame, ou comment un humain est réduit à toutes les bassesses pour être aimé de qui ne l'aime pas. Tout y est. Avec en filigrane un pullulement de détails  sur la vulgarité du bonhomme, sa suffisance autocratique, et la duplicité du gamin beau comme un dieu qu'on voit arriver gros comme une montagne pour dévaster ce monument de monstruosité. Et c'est tant mieux. Il faut le dévaster, le saccager, c'est un sale type adulé par ses pairs, d'ailleurs, à part son énigmatique (et masochiste factotum) c'est tous des sales types (sales femmes, parasites et profiteurs, grande solitude gnagnagna). Mention spéciale pour Isabelle Adjani, tellement jeune et belle (et autre) que je l'ai à peine reconnue et pour Anna Schygulla, délicieusement vieille et grosse. Sinon, tout ce qu'il y a de prévisible, d'inéluctable et de fatal dans la passion amoureuse est là : la dépendance absolue, le manque absolu de l'autre, la propension à s'avilir dans la quête d'une miette d'affection ou au moins d'attention... Il faut que je revoie les Larmes amères de Petra von Kant (1972) pour comparer : était-ce aussi insupportable ou ça passait ?

C'est fait. C'est moins insupportable : Karin (Anna Schygulla) est plus fine dans son rôle, Petra délire mieux dans la solitude de son amour bafoué et la relation avec la bonne-factotum est plus nuancée (quoique tout aussi immonde). Mais qu'est-ce que c'est lourd et théâtral (cétait une pièce de théâtre au départ). C'est bizarre un tel succès à l'époque. Peut-être parce qu'au lieu de traiter le classique sujet de la dépendance amoureuse (genre La Femme et le pantin) Fassbinder l'avait adapté à une passion homosexuelle. Sujet plus "scandaleux" à l'époque. De quoi faire le buzz.

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