samedi 17 mars 2012

Elena

Andrei Zviaguintsev 
Avant d'être la femme de son mari riche, Eléna est la modeste mère de son médiocre fils, qui vit médiocrement avec sa famille dans une banlieue prolo. Eléna est (donc) une femme doublement soumise : à son mari et à son fils. La fille de son mari est une jeune fille riche (donc) insoumise, égoïste, hédoniste, dit son père. A priori peu charismatique. Mais très honnêtement matérialiste. Le fils aussi, d'ailleurs, serait  un hédoniste, mais fauché dans sa banlieue, son "hédonisme" se borne à glander sur son canapé, avec la télé et la bière. Veule. Son fils Sacha suit ses traces. Nous sommes donc dans un monde où le seul moteur, c'est l'argent. Sinon, on s'enlise.
Quand se pose la question du testament, le tout est de savoir si Eléna va trahir sa classe, et se soumette au mari qui veut tout léguer à sa fille (les riches n'ont jamais d'indulgence pour les pauvres), alors elle ne pourra plus subvenir aux besoins du fils, ou trahir son mari et se soumettre à la survie de sa famille. Dans les deux cas, elle se soumet à la puissance de l'argent. Dans les deux cas, elle perd son âme. On sort de là avec une impression amère. La démonstration est administrée avec une lenteur et une précision entomologiques. Peinture d'une réalité sinistre, film d'une grande beauté visuelle. Musique Philippe Glass.

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