lundi 3 août 2020

Tout simplement noir

Jean-Pascal Zadi. J'y suis allée avec une petite méfiance, craignant les blagues franchouillardes convenues, j'ai découvert un auteur et acteur intelligent, plein de dérision et d'autodérision, qui invite à une aimable pérégrination dans toutes les nuances du noir, à commencer par celles du mot lui-même : noir, ce n'est pas black, ni nègre, chaque terme renvoyant à des acceptions différentes, c'est tout simplement noir.
Quant au fait d'être noir, Zadi en épluche un certain nombre de spécificités en faisant défiler une galerie de personnages plus ou moins noirs : de scène en scène, chacun renvoie à une identité, une histoire, une expérience, une revendication, une manière différente d'être et de se sentir noir : africain, antillais, américain, d'origine, de France, de banlieue... chacun a sa façon d'être noir et sa manière de le porter : fière, agressive, militante, communautaire, opportuniste, politique... ou de le nier.
Ça se complique quand deux identités (ou plus) s'affrontent et se disputent la manière d'être le plus légitimement noir ; s'ensuivent prises de bec, joutes oratoires savoureuses, voire empoignades dans une série de séquences drôlatiques, traversées par les gaffes et bévues du héros, passablement naïf ou gentiment ahuri, quand ce ne sont pas ses personnages qui s'emmêlent les pinceaux et s'enfoncent dans des contradictions douteuses. Bref, c'est excellent

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