mardi 4 août 2020

Beloved

 
Yaron Shani. On s’attend au pendant de Chained, la même histoire vécue par Avigail, la femme de Rashi. Ça l’est en effet, mais c’est autre chose car Beloved prend une dimension plurielle en gravitant autour de divers personnages féminins. Autant Chained est focalisé sur Rashi, le mâle dominant, autant Beloved gravite autour d’Avigail et des femmes qu’elle rencontre et qui deviennent ses amies, principalement la sage-femme. Comme si la femme (ou ses ancrages) était plus complexe ou multiple que l’homme.
La sage-femme exerce une version new-wave de son métier, où l’écoute et le « care » dominent (avec une empathie quasi gourouesque sur ses patientes/groupies/suiveuses). Etre à l’écoute de soi, son corps, ses besoins, ceux du bébé. Aussi bien les besoins physiologiques que relationnels. On est loin de Rashi qui compte seulement sur la technologie pour avoir son enfant et qui d'ailleurs sent bien que sa femme lui échappe. Elle doit louvoyer pour justifier ses absences et sorties avec ses nouvelles copines.
Cette vision intime des relations humaines donne de très belles scènes : entre les femmes, avec les bébés, la naissance, les cheveux... Avigail se libère de ses chaînes subtilement, presque timidement et réalise avec beaucoup de grâce et de douceur que toute sa vie avec Rashi est en porte-à-faux, à l'encontre de ce qu'elle est et veut vraiment.
Le « care » est le thème omniprésent du film : prendre soin de la femme et du bébé avant, pendant et après l’accouchement, mais aussi soin des vieillards (Avigail est infirmière dans un Ehpad) et aussi, le plus compliqué : prendre soin de soi. Au delà des bonnes intentions, il reste le mystère des personnes cachées derrière les non-dit, conventions, rancœurs de l'histoire familiale... La sage-femme et sa sœur pètent un câble, deviennent des blocs d'émotions, violemment opposées dans leur manière d’être au monde, de vivre leur filiation, leur relation à leur père et à leur mère. Leur histoire prend de plus en plus de place dans le film, qui d’ailleurs tourne court ; ça finit bizarrement en queue de poisson, sans même aboutir au final de Chained (qu’on connaît déjà). Mais on retient que la quête de soi est une aventure douloureuse.

Chained. Yaron Shani. Un flic israélien intègre et balourd mène sa vie professionnelle et familiale sans douter de ses valeurs ni de la manière de faire respecter la loi : il braque ses suspects, se met à dos sa belle-fille adolescente et la met en porte-à-faux avec sa mère, et sème conflits et tensions sur son passage. Le film raconte son enfermement dans sa vision de ce qui est bien, et sa manière de l'appliquer jusqu'à l'impasse. Son amour pour sa femme et sa volonté bornée d'agir selon ses principes le mènent droit dans le mur.

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