dimanche 10 novembre 2013

Félix Vallotton au Grand Palais


Ça commence par des portraits d'hommes et de femmes, dans une ambiance classique "à la manière de" (Manet, Ingres ?), et étrange : Thadée Natanson (la fenêtre ouverte à l'arrière plan), Portrait de Mme Vallotton, une terrifiante Gertrude Stein, et aussi un autoportrait (celui de 1897 avec une moustache). Et puis ce que je connaissais vaguement de Vallotton, l'ambiance particulière des scènes d'intérieur, d'appartement vide, de calme domestique, un peu deshabité, comme en suspens (cf une femme en rouge dans une enfilade de pièces bleues). Le sujet est banal, l'angle de vue étonnant, déroutant.
Et la violence de certaines peintures (par le vide de l'image et les couleurs crues ?) : la femme nue recroquevillée sur un fauteuil rouge dans l'angle d'une pièce verte, La Blanche et la Noire : le regard froid, analytique de la noire prolétaire ? sur sa maîtresse ? nue, bourgeoise ? abandonnée, repue ? J'aime aussi la Loge, avec l'énorme balustrade jaune derrière laquelle un H et une F disparaissent, un curieux tableau japonisant avec plein de personnages féminins, dans l'eau et au bord de l'eau, Le Bain au soir d'été (refusé à un salon ?) et la formidable première série de xylographies (sur le thème de l'homme et la femme). Mais le commentaire récurrent sur les difficiles relations de Vallotton et les femmes est trop insistant. Un bel autoportrait à son âge mûr, encore une étonnante ambiance dans la scène du dîner familial (avec toujours ce discours biographique interprétatif désagréable, trop directif).
J'aime particulièrement (la petite fille et) Le Ballon, une extraordinaire bande de plage blanche au bord d'une falaise (La grève blanche),  et aussi, Les Laveuses sur la plage d'Etretat, une vue depuis la colline de Honfleur, une vue de la Seine aux Andelys... Il regarde les choses sous un angle qui les rend étranges, ou intéressantes. 
A nouveau une magnifique série de xylographies (Coup de vent, La Charge, L'Exécution...) Puissant, simple. Captivant. Et toujours sous cet angle particulier.




Le feu d'artifice


Et puis ça se gâte : la série des mythologies est bizarre, glaçante, sauf une surprise ici et là, par exemple Penthée (poursuivi par les Ménades).
Mais si on regarde ses mythologies en pensant ici et là à des influences surréalistes (Persée tuant le dragon : techniquement imparable, mais frisant le comique ?) hum, je n'y connais rien... Pourquoi pas, finalement, à titre de curiosité.



Et puis c'est la guerre : traiter Verdun en feu d'artifice... hum, drôle de distance, drôle de filtre, drôle de lumière. Alors qu'en xylographie :



cf Vallotton et le paysage de Rmngrandpalais 

par Bruno Delarue, auteur du livre "Félix Vallotton, les paysages de l'émotion" 





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