lundi 9 janvier 2012

Louise Wimmer

Cyril Mennegun
La précarité rend dur. On pouvait s'en douter. Et la critique s'enthousiasme de l'absence de pathos de ce film : l'actrice est en effet antipathique, enfermée dans les humiliations quotidiennes et multiples de sa lutte pour la survie. Il faut dire que Louise Wimmer (excellente Corinne Masiero) n'a aucune raison de sourire ou d'être aimable, alors elle ne sourit ni n'est aimable, et boit tous les calices jusqu'à la lie : elle se lave furtivement dans les toilettes, mange à la sauvette, pique de l'essence sur les parkings, elle doit de l'argent à tout le monde, elle encaisse l'odieuseté de son patron, et de l'assistante sociale, aussi communicante qu'un mur. La seule chose qui la branche, apparemment, c'est sa fille, et là aussi, fiasco, sa fille évite soigneusement de lui céder une miette d'attention.  
Ce film dérange parce que Louise Wimmer ne fait pas semblant. Certes, elle est dans la merde et n'a aucune raison de prendre sur elle pour le faire oublier. Alors pourquoi continue-t-elle à vivre sans faire semblant d'être aimable, présentable, sans faire l'effort de parler à son amant ? Comme disait (Samuel Beckett...?), parler, c'est mentir, vivre, c'est collaborer. Mais elle ne veut ni parler, ni collaborer. Il n'y a que l'alcool, la musique et le sexe pour mettre une parenthèse sur la merde. Alors ? J'avoue avoir quelque peu attendu un accident de voiture libérateur, ou une fatale attaque par des loubards (une de ses nuits sur le parking). 
Bref, je n'aime pas trop ce film monocorde.

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