dimanche 5 mars 2023

Empire of light

Sam Mendes

On va au cinéma pour écouter des histoires, contempler des visages, des images, des décors, regarder des personnages, les aimer, s'émouvoir, les détester, voir leur arriver des choses, s'inquiéter pour eux, se rassurer, s'inquiéter à nouveau, être touché par un geste, une parole, un regard, une musique... C'est ça, L'Empire de la lumière : Sam Mendes nous invite au cinéma, un magnifique cinéma comme on n'en fait plus, le genre d'établissement en perdition dans les années 80 et qui n'existe plus. On entre dans l'intimité  et l'humanité de ce cinéma, on rencontre la gentillesse d'une petite équipe, on rencontre  aussi la solitude, la dépression, le racisme, le machisme ordinaire, l'Angleterre des années 80... Et on voit de magnifiques images, à commencer par celles du bâtiment, terriblement photogénique, dedans, dehors, son hall, ses escaliers, sa terrasse... Cet endroit génial mérite une ode à lui tout seul.

Sam Mendes raconte beaucoup de choses sans en faire des caisses, montre des personnages sensibles, subtils, à fleur de peau, c'est émouvant et limpide, parfois comique, on ressent leur solitude, leur désarroi, et aussi  le charme nostalgique d'une époque. Ce cinéma, ou plutôt "le cinéma" est un refuge pour l'humanité, un endroit où rêver, un écran contre la brutalité du monde et c'est ce qui soude cette aimable équipe de sursitaires. Car tout et tout le monde est en transition ou en sursis, dans ce film : ce genre d'établissement qui n'attire plus grand monde, son personnel (notamment le délicieux projectionniste de films "à l'ancienne"), Hillary qui flotte entre deux dépressions, Stephen, qui louvoie entre une rupture et deux agressions en aspirant à l'université. (Bémol : la presque ridicule scène où Hillary va enfin voir un film et est étreinte par la magie du cinéma. Bof)

Micheal Ward (Stephen) et Olivia Colman (Hillary) forment un couple improbable et génial pour déclarer son amour au cinéma et la délicatesse avec laquelle ces deux là s'approchent et se rencontrent a tout d'un instant de grâce.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire