lundi 20 décembre 2021

Rattrapage de septembre-octobre-novembre

Paresse, paresse. Il est temps de mettre tout ça à jour, avant que j'oublie complètement

Cinéma----------------------------

Deux films de Dino Risi : Au nom du peuple italien : que je n'avais jamais vu, et qui est une réjouissante description de l'affrontement, à partir du meurtre d'une call-girl, entre un juge honnête (Ugo Tognazzi) et un PDG corrompu et affairiste (Vittorio Gassman). Drôle et amer, enlevé, spirituel.

Parfum de femme : que j'avais vu et bizarrement oublié. Je crois me souvenir que je n'avais pas trop aimé (???). Alors que c'est un excellent, subtil, tendre à sa manière et amer film. Un officier à la retraite, aveugle et aigri, (Vittorio Gassman), un jeune soldat qui l'accompagne dans son voyage en train jusqu'à Naples, une réunion familiale, joie de vivre, insouciance, affection familale et Gassman toujours grincheux, qui poursuit son idée...  La vitalité de la jeunesse, l'amertume d'un presque vieux, une terrasse de rêve sur la baie de Naples, diverses péripéties : 40 ans après, le film garde un charme acide et n'a pas vieilli.

Un espion ordinaire, Dominic Cooke. Un représentant de commerce anglais, ses allers-retours entre Londres et Moscou au cœur de la guerre froide, ses contacts avec le colonel soviétique Oleg Penkovsky (éviter un affrontement nucléaire et désamorcer la crise des missiles de Cuba). C'est prenant et intéressant.

L'origine du monde, Laurent Lafitte. Lourd, très lourd: le fils, affligé d'une insupportable épouse -Karine Viard-  doit obtenir une photo du vagin/vulve de sa mère pour déjouer je ne sais quelle malédiction. Même pas drôle, même si on sourit ici et là.

Illusions perdues, Xavier Giannol. Tout ce qu'il faut là où il faut, et même un peu plus. C'est survolté (comme l'époque sans doute) et bien vu, donc un bon moment de cinéma. Mais par comparaison et par contraste l'adaptation pour le théâtre de Pauline Bayle (au théâtre de la Bastille) n'en est que plus saisissante : ramassée, condensée, toute cette comédie humaine repose sur 5 comédiens et comédiennes et quasiment aucun décor. C'est épuré, élégant, intense, original et excellent. On reçoit autant, et peut-être plus, qu'avec l'esbroufe du cinéma. 

Octobre -------------------------------------------------------------------------------

 L'étang du démon, Masahiro Shinoda. Poétique, onirique et fantastique. Complètement étranger à tout ce à quoi on est habitué. Une envoûtante histoire qui mêle légende et exotisme japonais, avec toute une séquence fantastique et magique et magnifique pour évoquer la vie des démons de l'étang : une vraie cour princière d'un faste inouï. J'ai adoré la poésie débridée et les excès de ce film. Et aussi le sentiment d'un monde perdu (ou en train de s'effondrer). Les croyances qui maintiennent le village sain et sauf sont pietinées balayées par l'appétit de profit qui fait irruption dans une société traditionnelle. 

https://carlottafilms.com/films/letang-du-demon/

Stillwater,  Tom McCarthy. Matt Damon sur la Canebière pour "sauver" sa fille, emprisonnée à Marseille, et qui s'acoquine avec Camille Cottin. Ça se laisse voir sans grand entrain, ça n'a pas grand intérêt, c'est un peu bâtard. Deux mois plus tard, j'ai eu du mal à me rappeler de quoi il s'agissait.

Theo Angelopoulos : Ulysses Gaze/ L'Eternité et un jour : deux films d'exception. Un jour, j'écrirai mieux que 2 lignes...

 

 Novembre ------------

Une vie démente, Ann Sirot et Raphaël Balboni : un film réussi pour montrer avec sérieux mais non sans humour et légèreté comment la démence sénile qui se déclare chez la mère et belle-mère d'un couple vient perturber leur vie. C'est un sujet casse-gueule, ils s'en sortent très bien. Le film a du charme, de la drôlerie et de l'émotion.

Tre Piani : ce film mériterait aussi un petit effort de compte-rendu. J'ai adoré la finesse, la sensibilité et un certain désenchantement avec lequel Nanni Moretti raconte le genre humain, à travers 3 histoires qui se déroulent à trois étages d'un immeuble. La jeune mère très seule, le fils déviant, le père obsédé par la mésaventure de sa fille...

Compartiment n°6, Juho Kuosmanen. Etrange film, étrange rencontre sur la ligne Moscou-Mourmansk. Entre une jeune femme archéologue, partie observer de fameux pétroglyphes vieux de 10000 ans, et un jeune homme travailleur des mines du Grand Nord. Une intello + un prolo, deux solitudes que tout oppose et qui a priori sont incompatibles, voire intolérantes l'une à l'autre, mais curieusement et contre toute attente ils vont s'apprivoiser. Chacun dépassant ses propres clichés et aversions de "l'autre", le parfait étranger à sa culture et à ses habitudes. C'est délicat, voire tendre, et ça évite les clichés dans un  contexte brutal d'inconfort physique et moral (voyage interminable, climat glacial, perte de ses repères - la jeune femme quitte un milieu chaleureux et protégé à Moscou, et sent qu'elle s'est fait larguer). Tout le film a une ambiance originale et personnelle.

The French Dispatch, Wes Anderson : c'est censé être plein d'humour, plein de fantaisie, plein de références, cet hommage au journalisme vaguement délirant et foutraque est tout à fait exaspérant. On sourit au début, haha, quel style, quel talent, mais on déchante vite. Et c'est interminable.

007 : le dernier James Bond, je me laisse toujours faire

 L'Evénement, Audrey Diwan d'après le roman dAnnie Ernaux. Film sensible et cérébral/ intelligent sur la nécessité d'avorter et la solitude d'une jeune femme libre (ou qui essaie de l'être) dans un milieu conformiste et bourgeois (la fac vers 1965 vs une jeune femme indépendante d'esprit  issue d'un milieux inférieur). Mais bizarrement, je suis restée assez extérieure à tout ça. L'actrice Anamaria Vartolomei est remarquable. 


------------Expos---------------

WANG BING, L'ŒIL QUI MARCHE, au BAL, exposition d'un photographe/cinéaste chinois : "les films anthropologiques où le cinéaste s’attache à suivre les pas des exclus du miracle économique chinois et les films historiques où est recueillie la parole des derniers survivants des campagnes anti droitières de Mao Tsé Toung". Un grand moment de déprime, même si on ne regarde que quelques minutes des films présentés. Noir c'est noir...

https://www.le-bal.fr/2021/03/wang-bing-loeil-qui-marche


Collection MOROZOV à la Fondation  LVMH : grand messe de la culture. J'ai visité ça sans entrain, j'attendais le même enthousiasme qu'avec la collection Chtchoukine, mais ça n'a pas marché. A part quelques russes intrigants,  Cézanne, Gauguin, et sans doute quelques autres, je n'ai rien imprimé. C'était peut-être un mauvais jour.


                             Gauguin                                                           Cézanne


Soutine/De Kooning à l'Orangerie. ****

Baselitz ****

Signac collectionneur *** au Musée d'Orsay

 

 

------------------Théâtre---------------------------

Comme tu me veux, Théâtre de l'Odéon, mise en scène Stephane Braunschweig : aussitôt vu, aussitôt oublié, du théâtre dans tout ce qu'il a de barbant et convenu, mais voici une bonne critique positive : https://www.la-croix.com/Culture/Comme-veux-lOdeon-femme-quete-didentite-2021-09-28-1201177754


Dissection d'une chute de neige ***Théâtre des Amandiers :

https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/dissection-dune-chute-de-neige-de-sara-stridsberg

Il y a un peu tous les thèmes à la mode (femme et pouvoir, homosexualité...) mais c'est un belle mise en scène de Christophe Rauck, enlevée, créative, inventive avec d'excellents acteurs, notamment l'extraordinaire Marie-Sophie Ferdane. On  sort de là conquis, séduit, réveillé par tout ce remue-méninges.  Parce que c'est foisonnant, aussi. Bref on ne regrette pas de s'être traîné à Nanterre. 

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