mercredi 17 décembre 2025

Malina

Werner Schroeter.

Et vas-y que je te fais flamber la philosophe dans une cacophonie (se voulant baroque ?) de plans décousus, d'images obscures, de propos abscons. Elle est philosophe donc et devrait maîtriser la loqique et le langage. Que nenni, ce serait oublier qu’elle a eu un papa nazi et terrifiant,  fouettard, vaguement sadique et queutard, assurément infidèle,  de quoi vous détraquer la psyché d’une âme sensible. La voilà donc passablement déglinguée et en roue libre, passablement graphomane, valdinguant au gré de sa psyché exacerbée entre  un amant fuyard et un garde-fou domestique. (C'est plutôt W.Schroeter qui est en roue libre pour filmer tout et n'importe quoi lui passant par la tête, fleurissant l’exaltation délirante de l'âme de la dame avec les joujoux et obsessions qui meublent la sienne). Il en ressort quil aime l’opéra, les appartements vastes, chics et vides, les rues désertes de Vienne, les bals décadents, les robes des dames,  les établissements chics, le whisky, les cauchemars, et foutre un bazar noir dans le bureau de la dame (quand il n'y met pas le feu). Je ne sais pas combien de fois il a filmé la dame en train de fourrager furieusement dans le fatras de ses liasses de papiers et de lettres, combien de fois elle a balayé tout rageusement mais en vain, combien de fois elle y a mis le feu, puisque quelques plans plus tard, la même scène recommence, ses écrits la rendent folle, ou sa folie les lui rend haïssables. C’est une femme en flamme, toute en fêlures et en confusion... et alors ? On a l'impression que l’auteur rembobine pour filmer encore et encore la même chose : diverses variantes et contorsions d'un état de confusion délirante et qu'il y prend un plaisir certain. Isabelle Huppert se sort remarquablement bien de ce rôle impossible, quant aux garçons, Malina et Yvan, très décoratifs, ils font plutôt figure de punching ball au contact desquels la malheureuse n’en finit pas de se désarticuler.

Même si on ne comprend pas trop ce qui se passe, c’est assez intéressant. Surtout quand c'est fini et qu’on est sorti de cette frénésie. (C’est vraiment obscur et long, ce délire cinématographique censé incarner le chaos d'une écrivaine en feu, surtout la fin oû elle n'en finit pas de brûler.)

samedi 13 décembre 2025

Resurrection

Bi Gan

Trop long, trop virtuose, trop obscur. J'ai passé deux heures dans le crépuscule du monde et une trame non moins obscure d'où il ressort un rendez-vous improbable, un agent secret, une mystérieuse valise, des poursuivants tortionnaires, des corps brisés et des grand trous quand j'ai plongé dans le sommeil, normal, c'est une obscure histoire de rêvoleur et d'extinction (du monde ? du cinéma ? des histoires proprement ficelées?) C'est truffé de références qui m'échappent pour la plupart, on sent que le réalisateur a vu beaucoup de films et qu'il a de l'ambition, c'est virtuose, spectaculaire à sa façon, plombé aussi de références à la fin du monde/ d'un monde/ du cinéma et qu'il aime se promener à l'envi dans ce sale monde plein de déchets, d'épaves, de détritus avec de sales personnages qui ont de sales ambitions, à la poursuite de cet étrange rêvoleur qui poursuit je ne sais pas trop quoi, à part le droit de rêver, voler, dissider de la pensée commune/correcte/conforme. En fait, à part le paysage général, je n'ai rien compris (et trop dormi ?) C'est le genre de film à voir avec un mode d'emploi (ce que je ferai peut-être après avoir lu très soigneusement la critique du Monde). Mais j'hésite (2h1/2 quand même) à aller vérifier si ce grand geste de paranoïa cinématographique valait vraiment la peine.