samedi 2 novembre 2019

Joker

Todd Phillips.
Quel film bizarre et dérangeant.  Autant j'ai détesté la bande-annonce qui ne rend que le pire du film, autant j'ai adoré le film. Outrance clownesque et cascade de malheurs. Et pourtant c'est un excellent film où on avance constamment sur le fil du rasoir entre l'outrance, justement, et une tristesse profonde devant une réalité sociale désespérée et déprimante, avec une certaine empathie pour les laissés pour compte. Ce qui est fascinant,  c'est cette peinture de la mutation d'Arthur Fleck, ou comment, de clown miteux, il devient Joker. Chaque séquence du film est une pure tranche d'horreur et de séquence en séquence, on s'affranchit de toute convention pour entrer dans la peau et le mental d'un maboul, dont la folie est effroyablement logique, comme la conséquence d'un fatal enchaînement de circonstances.
Donc, Athur Fleck est un paumé, un minable, un raté, rêvant de percer dans le "stand up". Et c'est aussi un être humain naïf et psychotique à la fois. Il scanne le réel et en tire les conclusions délirantes qui s'ensuivent. On en est à la fois horrifié et de son côté. Et on finit par transgresser tous les codes quand on se réjouit de ses exactions. Le clown triste devient un fou de plus en plus lucide et de moins en moins naïf qui jubile et qui danse, et on se retient d'applaudir des deux mains (expression idiote, comment pourrait on applaudir autrement) devant cette étrange prise en main de son destin de sociopathe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire