samedi 27 mars 2010

Vincere

Marco Bellocchio : l'histoire d'amour entre Ida Dalser et Benito Mussolini à ses débuts est esquissée au début du film. Ils ont un fils, puis il la laisse tomber. L'histoire serait banale si ce n'étaient Ida (probablement mythomane, voire paranoïaque) et Benito (dictateur en phase ascendante). Le film est magnifique, construit en interférences entre l'ascension du dictateur et la négation de cette femme que les instances supérieures (politico-psychiatrico-judiciaire) s'entendent à effacer. La mise en perspective de l'histoire officielle  - les actualités et les films d'époque - et de l'histoire tragique de Ida rend la chute d'autant plus vertigineuse.  Plus elle tombe dans le vide, plus son obsession de reconnaissance grandit, plus elle s'acharne à combler ce vide, restaurer la vérité, faire entendre ses revendications d'épouse et mère du fils aîné du Duce. Qu'y a-t-il de tellement beau dans ce film ? Les images ? Cette impression d'urgence et de fatalité. C'est un film intense, tendu qui parle du désespoir, de l'impuissance et de l'enfermement et pose un regard acerbe sur les institutions en général, (psychiatrie, congrégations). La trajectoire du fils aussi, en filigrane, est poignante.

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