mardi 10 juin 2014

Glückliche Tage, La Colline

S. Beckett, mise en scène Stéphane Braunschweig, avec une actrice géniale, Claudia Hübbecker, intelligente, nuancée, légère, et même drôle, et tragique, dans sa résistance au néant de l'existence. Les rares objets qu'elle tire de son sac et qu'elle manipule, le matériel hétéroclite qu'elle tire de sa conscience, qu'elle manipule avec la même distance, ou détachement, et l'étrange tendresse qui la lie à Will, qui mène une étrange existence conjointe et parallèle, à deux pas de son mamelon. Au début, ses journées ont un semblant de cohérence : bribes de vie, bouts de phrases ou d'images, le regard d'un passant, de lointains souvenirs, des traces de poème. Ils font la trame de ces  jours qui s'écoulent dans le désert pendant qu'elle coule dans le néant de son mamelon. Peu à peu, le semblant de cohérence se désagrège. La parole devient compliquée. La perte du corps et des repères se radicalise. Avec cette mise en scène et cette actrice, la pièce a pris une incroyable puissance d'incarnation, alors qu'il n'est question que d'un univers, ou d'une conscience, ou d'une vie qui se délite.

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