dimanche 4 mars 2018

Phantom thread

Paul Thomas Anderson.
Est-ce que ce film est trop parfait ? Pas un fil qui dépasse, forcément, c'est de la haute couture, et tout ce qui s'y rapporte est a priori assez prévisible : l'ambiance quasi religieuse des ateliers de couture, la déférence absolue de tout le personnel, la cinglante sister et gardienne du foyer, puisque le foyer, c'est la maison de couture, et le défilé des clientes à la fois soumises au maître et donneuses d'ordre. Parfaite aussi la peinture du génie, Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis) constamment relié à sa pulsion créative, au fil de son inspiration, le phantom thread qu'il ne faut rompre sous aucun prétexte, sous peine de disgrâce, bannissement, punition. Croquer des toasts au petit-dejeuner relève du crime de lèse-majesté. Ce que la sister ne manque pas de noter d'un oeil gourmand. Alma court à sa perte, comme toutes celles qui l'ont précédée.
Rompre le fil, c'est pourtant à cela que s'emploie la belle Vicky Krieps, bêtement amoureuse du génie. Mais à le côtoyer, la jeune serveuse se dégrossit vite et se mettra à l'aimer beaucoup plus intelligemment, c'est à dire perversement. La muse déborde donc du cadre rigoureux où la confine Reynold Woodcock. Après une pitoyable tentative de dîner amoureux, bien trop banal, bien trop bourgeois, qui se solde par un cuisant échec, la belle passe à un stratagème autrement tordu pour nourrir son amour et tisser son fil. L'impeccable Daniel Day Lewis est soumis, charmé, lié. A folie, folie et demi. Cest leur lien invisible, puissant, tordu, viscéral.

Tout cela est magistralement administré, pas une fausse note, pas une faute de goût, mais il manque quelque chose. Cette folie, justement. Elle explosait dans le génial There Will be blood, elle reste ici trop intellectuelle, trop cadrée. Il manque quelque chose qui ressemblerait à de l'émotion ?

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