jeudi 29 mai 2014

Deux Jours une nuit

J-P et Luc Dardenne.
Combien d'heures sup vaut un licenciement ? Sandra, ex-dépressive, n'a pas l'air trop armée pour lutter, ni quémander, ni pour la compétitivité, mais elle y va. Poussée par une amie et soutenue par son mari, elle ose déranger les collègues chez eux, au foot, à la laverie, au café, en plein week-end, pour les convaincre de renoncer à leurs 1000 euros de prime pour sauver son emploi. Pendant deux jours et une nuit, on entrouvre les portes avec elle, pour entrevoir depuis le seuil, au bord de la vie privée, comment c'est, la vie des autres, qui bouclent à peine leurs fins de mois, et de quel côté ils vont pencher. Le cinéthon des frères Dardenne est un peu prévisible, à la montée dans l'escalier, on se dit que ça va être long, mais finalement, on se laisse prendre à cette plongée dans l'"Europe d'en bas" et du chacun pour soi pour les meilleures raisons du monde. Des vies coincées, sans issue, bornées par 1000 euros et le chômage, mais qui peuvent laisser percer de beaux accès d'humanité. Marion Cotillard fait bien le job et son mari  a une présence incroyable, à la fois comme mari et comme acteur.

dimanche 25 mai 2014

25 mai : Vox populi terrassant l'Europe

Au Louvre-Lens

Avant, c'étaient les Lumières, mais ça, c'était avant

D’Alembert, (1717-1783), homme des Lumières, auteur de L'Encyclopédie.
(vers 1786, par Félix Lecomte 1737-1817, au Louvre Lens)





Le Louvre-Lens

Suivre la signalétique Louvre-Lens, arriver au parking près de l'énorme stade, suivre un chemin en pente. Le Louvre-Lens se fait désirer. Consacré haut lieu de la culture en pays ex-minier, il se révèle enfin, après qu'on a gravi une petite colline. 
C'est pas mal, là-haut, assez improbable, bel espace un peu lunaire, un peu étrange, un peu golf inachevé. Le musée est mis en scène au fond d'un jardin prometteur (la végétation est jeune). Scénographie plutôt réussie avec l’immense rectangle en métal satiné, à gauche, qui s’avèrera être la Galerie du temps et le vaste espace vitré du hall d’accueil, à droite : ample, agréable, lumineux, communiquant par des baies vitrées avec l’autre partie du jardin, et toujours cette magnifique impression d’espace qu’on n’a jamais dans les musées français. Dommage, c'est juste avant l'ouverture de l'expo Les Désastres de la guerre - 1800-2014 (et  une 2ème expo sur les acquisitions des musées de la région Nord-Pas-de-Calais).   http://www.louvrelens.fr/

Galerie du temps


Idole aux yeux, civilisation de Halaf, Syrie
Idole féminine (Cyclades, 2700 à 2300 av JC)
A peu près 5000 ans de civilisation indo-européenne. De l’invention de l’écriture chez les Sumériens jusqu’au milieu du 19°siècle (Corot, Ingres, et un curieux portrait de monarque persan). Belle balade entre des œuvres emblématiques d’une époque, un style, une civilisation. C’est ici que le slogan du Quai Branly paraît adapté : là où dialoguent les cultures. Bel espace, où les parois en métal satiné reflètent les silhouettes des visiteurs. En fait, c'est une parenthèse de temps dans un lieu improbable, et c'est plutôt réussi, puisque ça draine un public hétéroclite de touristes isolés (plutôt nordistes), de groupes, et de Lensois (?) avec poussettes et jeunes enfants.

Au fil du temps


Vase grec ? avec pieuvre.
Plat (Bernard Palissy)
Le temps navigue, la mort tient le gouvernail



La Malédiction du père, Greuze. 
Mélancolie

samedi 24 mai 2014

Trafic, La Colline

Trafic, de Yoann Thommerel, à La Colline, mise en scèneM-Christine Soma et Daniel Jeanneteau : Midch et Fanch, vers l'âge où l'on constate que sa vie piétine. Midch (ou Fanch) allume les derniers feux d'une vie rêvée, il partira dans son camion équipé pour le nomadisme, la découverte du monde, la vraie vie desengluée du quotidien. En attendant, ils balaient des tranches de leur vie ordinaire : les filles, le sexe, le sport, le mariage éteint, l'anorexie, le boulot : tout est petit, alors qu'ils rêvaient d'autre chose, et ils n'ont rien fait d'autre que de rester des vieux potes qui partagent leurs histoires de cul, leurs bières, leur dope, leur musique... et puis c'est tout. C'est bien vu, bien senti, les acteurs (Jean‑Charles Clichet et Pascal Réméric) sont excellents à s'épauler l'un l'autre dans le néant d'un temps immobile où rien jamais rien n'avance, ni ne se passe, et où ils sont bien coincés. Des trouvailles de langage, de situation, de jeu, des moments drolatiques, en particulier (l'avant-dernière) scène du bad trip dans un jeu de lumières hallucinées, mais des longueurs, parfois.