mardi 31 mai 2016

La Saison des Femmes

4 destins de femmes dans un village du Gujarat : la jeune fille à marier, la veuve qui marie son fils, sa copine battue par son mari, et la "star" du spectacle itinérant. Peinture d'une société dominée par les hommes -si médiocres soient-ils- et bloquée dans les codes traditionnels (dont pâtissent surtout les femmes). Des portraits de femmes attachantes, belles et intéressantes chacune à sa manière. Un beau film.

lundi 30 mai 2016

L'Esprit de la ruche

Victor Erice. Ana et le monstre. Le temps suspendu. Dilaté dans l'imagination d'une petite fille. Fascination pour l'inconnu et le mystère, et mystère de la mort. L'ambiance de cette campagne déserte, de cette demeure trop grande, de ce village presque mort, oublié du monde et du temps. Un monde vide peuplé d'imagination et de rêverie. Le vide à perte de vue, traversé par une voie ferrée. Et cette bâtisse abandonnée, avec un puits, qui focalise chez la petite fille toute la source du mystère. Ce film est étonnamment puissant avec si peu d'effets. Parce que le paysage est magnifiquement filmé, et l'enfance est magnifiquement racontée, et la complicité des petites sœurs. Et en même temps, ce qui les rend différentes, essentielles. Parce que l'aînée lui montre les choses comme un jeu. Et que la petite sœur les prend de plein fouet. Au premier degré. Parce chaque scène filme la densité du temps et de l'espace, et de ce que ressentent les protagonistes. Chaque scène donne son espace à tout ce qui se trame dans un regard échangé, une fenêtre qui s'ouvre, l'empreinte d'un pas, une pomme, un champignon, une trace de sang, un doigt blessé, la mystérieuse danse des abeilles, des rails à l'infini, et le regard profond et lumineux de cette petite fille.
Les parents et le monde des adultes font pâle figure. Ils sont à l'arrière plan, assez inutiles dans l'expérience que leur fille Ana fait de la mort et du monde. C'est un film à revoir, plein de beauté et de mystère.

Je pourrais  le dire différemment. Ça commence dans une campagne désolée et déserte, où la seule chose qui arrive, c'est le cinéma. En l'occurrence, c'est Frankenstein, dont le présentateur dit que tout ce qui arrive n'est pas vrai. Sauf dans l'imaginaire d'une petite fille qui ne fait pas le tri dans l'intensité de ses impressions. Et qui vit suspendue à la puissance de ce qu'elle ressent. Alors que sa sœur plaisante, que sa mère rêve, et son père ... on ne sait pas trop ce qu'il fait son père, à part élever des abeilles, chacun dans son alvéole. Bref, Ana et son regard incroyable, magnifique, voit des choses incroyables dans le vide de cette existence rurale, dépeuplée, suspendue.
C'est un film dont on n'a pas envie de se déprendre.

samedi 28 mai 2016

The Nice Guys

C'est ballot, je me suis trompée de salle. Je voulais voir Ma Loute, j'ai vu The Nice Guys. Assez poussif, des torrents de clichés sur les privés très-balourds-et-très-malins quand même. Après plus de la moitié du film, j'ai fini par me laisser (un peu) faire. Bref, c'est un film passable de dimanche soir à la télé, quand plus rien ne vous sourit. Une idée sympa (et malgré tout convenue) : la fille d'un des deux privés, qui n'a pas froid aux yeux et se débrouille bien.
Russel Crow est gros et gras (tendance bouffeur de pâtes-buveur de bière, et Ryan Gosling a toujours son air un peu borné et son expressivité de poisson frit).

Julieta

Pedro Almodovar. Est-ce qu'il suffit de dire qu'il ne faut pas y aller ? Le film est poussif et bien mince. Tout l'argument tient dans le suspens entretenu pendant les 2/3 du film (et pendant la bande-annonce). Mais que s'est-il donc passé ? Et une fois qu'on sait ce qui s'est passé, ça s'étire et ça ne va pas mieux, le filme se traîne dans de laborieux ajustements, pour qu'on comprenne bien ce qui s'est passé et où on en est. Pffffff. (Les actrices sont très bien, mais ça ne suffit pas, évidemment). Et la fin est super bâclée.

samedi 14 mai 2016

Café Society

Woody Allen. De l'amour sur fond de jet set hollywoodien, de gratin new yorkais, et de jewish family. Rien qu'on n'ait déjà vu, mais c'est élégamment agencé. On peut s'en passer. Sauf si on veut voir les belles images d'un monde révolu.

lundi 9 mai 2016

Les Habitants

Raymond Depardon. Belle idée de se balader en France pour écouter les habitants, sauf qu'il abuse des plans où l'on suit la caravane (qui sert de studio d'enregistrement itinérant) et qu'à à la longue, c'est fastidieux. Sinon, c'est un curieux mélange de blabla de gens divers, qui n'ont pas grand chose à dire, mais qui laissent percer, à travers la banalité de ce qu'ils disent, les préoccupations et malaises qui les habitent : la solitude, les grands parents en mal de leurs enfants et petits enfants, les parents inquiets pour leurs enfants, les juniors inquiets face à l'avenir, diverses versions des problèmes de couples (ou béatitudes, pour les tout jeunes couples). C'est à la fois un peu chiant, et aussi étonnant de voir combien, en 3-4 phrases échangées, on comprend assez vite ce qui ne va pas, ou bien que deux personnes n'arrivent pas à communique. Mais ça reste assez plat et bizarrement voyeur.

Eddie the eagle

Dexter Fletcher. Dans la série "feel good movie", c'est haletant, même si on ne s'est jamais intéressé au saut à ski. Un personnage hors norme + un has been sur la touche + la rigidité de l'establishment sportif  + 1000% de motivation + une maman formidable = un film très réjouissant.

dimanche 1 mai 2016

Les Ardennes

On comprend vite que le frère aîné(Kevin) a une violence de psychopathe, à laquelle personne ne sait résister. On est très vite mal à l'aise en se demandant comment Sylvie va échapper à cet ex, qui veut que tout recommence comme avant ses 4 ans en prison. Et on se demande jusqu'où le petit frère (Dave) va obtempérer devant le désir tout puissant de son frère, et continuer à s'écraser. Tout ça dans un monde de prolos précaires, où c'est une veine de travailler au carwash ou de servir des verres dans un night-club. Le film s'enfonce fatalement vers le sans-issue, et finit en cul de sac sordide dans un campement glauque des Ardennes. C'est vraiment crade.