Donc ils sont très riches (Tim Roth, Charlotte Gainsbourg et deux ados) et on les regarde -trop longtemps- passer leur vie de riches dans un hôtel de luxe à Acapulco. Un énorme cliché qui s'étire avec piscine à débordement et service de margaritas. Trop long. Heureusement, la grand-mère meurt subitement pour mettre fin à tant de banalité. La mère et les deux ados se rapatrient à Londres (on s'éternise dans les transferts, les taxis, l'aéroport) Trop long. Mais l'homme (en fait c'est le frère et oncle) prétend avoir oublié son passeport pour revenir en ville et zapper les obsèques. Comme c'est bizarre. Et là, il se met à ne rien foutre avec application et détachement : plage, bière, baise avec une mignonne jeunette et quand c'est fini, ça recommence. Ah oui, il a choisi un Acapulco populaire, avec la plage en ville, plus sympa et vivant que son hôtel de luxe. Ça vit autour de lui (à la différence de son hôtel de riche, ça alors !) mais c'est long, répétitif et barbant. La sœur (on comprend que c'est son frère) qui a dû tout régler toute seule finit par s'énerver et rapplique ; on ne sait pas trop ce qu'elle attend de lui, mais il lui abandonne toutes les parts de l'empire dont ils ont hérité (empire bâti par maman sur la production de cochon ! cherchez la métaphore.) On continue à s'ennuyer et se demander d'où vient le détachement et l'ennui profond que sécrète ce bonhomme. Je spoile parce qu'il est absolument inutile d'aller voir ce film. Il y a un petit intermède en forme de tentative d'enlèvement, on suppose qu'il va se passer quelque chose, que nenni, c'est une fausse piste. Et on revient au sujet, avec un léger soupçon qui se confirme : il se passe juste que le gars est malade, cancer, condamné, c'était donc ça ! Et c'est tout. Sa mort annoncée l'a juste rendu apathique, passivement hédoniste et hyper détaché : le fameux lâcher prise. Que c'est barbant !
samedi 30 juillet 2022
Sundown
vendredi 29 juillet 2022
Destruction Babies et Becoming father
Destruction Babies, de Tetsuya Mariko. Avec Yuya Yagira, Masaki Suda, Nijiro Murakami, Sosuke Ikematsu (Jap., 2016, 1 h 48).
et Becoming Father Avec Sosuke Ikematsu, Jiro Sato, Yu Aoi (Jap., 2018, 2 h 09).
Ça
donne une image du Japon assez spéciale, plutôt violente, comme si ça
révélait toute la violence sociale qui se cache derrière de solides
conventions.
Le premier, Destruction Babies, est
vraiment étonnant, vu que le film passe son temps à suivre les méfaits
d'un jeune homme bagarreur à l'extrême. Il suit quelqu'un dans la rue,
et il s'y attaque, on ne sait pas trop ce qui le motive ni s'il connaît
ceux qu'il attaque. Il tape comme un fou, il se fait lui-même bien
tabasser, mais ça ne l'arrête pas du tout, jamais. Il s'attaque même à
des voyous genre yakusa. La baston, la castagne pour rien, pour voir, pour le fun, pour exister ou pour remplir le vide. A un moment, il rencontre une bande de jeunes
gens "normaux", apparemment lycéens, et il les agresse (parce qu'ils se
sont moqués de lui, de son allure et son odeur de sdf.) Un des quatre,
le plus lâche, se met à le suivre et devenir une sorte de groupie, comme
si ce "modèle" le libérait de son éducation. Il devient une sorte de
mouche du coche, brouillon, excité, il félicite et encourage son modèle, l'autre s'en fout, il le filme, et il se met lui aussi à agresser des
gens, mais d'une manière lâche et stupide (de préférence des filles et
des plus faibles que lui). A partir de là, il y a un gros scandale dans
une galerie commerciale, les médias et les réseaux sociaux s'emparent de
l'affaire, et les voyous s'enfuient en volant une voiture, non sans
avoir plus ou moins kidnappé une fille. Le "suiveur" est toujours plus
ignoble, lâche et odieux, le leader reste hermétique, mutique et
imperturbable. Il ne parle jamais, sauf une fois pour dire "je continue
tant que ça m'amuse". On en déduit qu'il n'a pas d'autre motivation que
d'être une âme à la dérive, emportée par un flux de violence intérieure
qu'il extériorise dans la bagarre, ça l'amuse et rien de plus. C'est
assez bizarre, cette vision sociale des "destruction babies" : ils sont
à la dérive, sans morale, sans foi ni loi, sans limite. J'en ai déjà raconté beaucoup trop, j'ajoute juste qu'à la fin (et à 1 ou 2 reprises dans le film) il est
question d'une cérémonie/fête traditionnelle annuelle -j'ai oublié le
nom- où des hommes s'affrontent pour prouver qui est le plus fort. Je ne
sais pas si c'est dans cette ville (Matsuyama ?) ou dans tout le Japon,
mais on a l'impression que le réalisateur veut parler d'une violence
institutionnalisée, comme si elle était à la source de ce qui, chez ces
jeunes gens, devient une violence hors cadre et hors contrôle. Je
voudrais bien savoir quel était le titre original du film en
japonais : Disutorakushon beibîzu (ça a l'air d'être pareil).
Au final, le film est à la fois intéressant, mais aussi un peu long et
répétitif.
Le deuxième film, Becoming father,
est plus classique : c'est l'histoire d'un jeune homme lambda, un peu
manipulé par une fille (elle se sert de lui pour tenir à distance un
"ex" envahissant).
S'ensuit
toute une histoire habilement montée, avec des avant/ après/ retour en
arrière, une construction un peu kaléidoscopique d'où il ressort la
complexité des sentiments et motivations de la femme, l'évidence et la
violence du machisme ambiant, la naïveté du jeune homme qui doit devenir
une brute pour triompher, lui aussi, du machisme ambiant. C'est un film
plus complexe et plus intéressant que le premier et là aussi, on voit
la violence qui régit les rapports à tous les niveaux et à quel point la
hiérarchie sociale est incontournable : au sein de l'entreprise, entre
les hommes, entre les hommes et les femmes...
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