lundi 26 mars 2018

Mektoub my love

Est-ce qu'il faut se dire que Kechiche est un oriental (?) et que le temps n'a pas la même valeur pour lui. Ou est-ce que c'est mortellement long ? Est-ce qu'on peut supporter à l'infini les bavardages, dragouillages, ce temps interminable que les gens passent à faire du bruit dans un café, sur le trottoir ou à la plage, à décider s'ils feront ceci ou cela, s'ils iront ici ou là. Est-ce qu'on a envie de voir (longtemps et souvent) des jeunes se tourner autour, se toucher, s'allumer, (et un gros dragueur flirter avec une fraîcheur, gentiment allumeuse, mais pas vraiment consentante), des gens qui s'amusent à tenter leur chance et à se repousser gentiment tout en laissant venir. Est-ce qu'on a envie de subir au cinéma ce qu'on ne supporte pas en vrai, la lenteur de la vie, l'indécision, le fouillis des relations d'une bande, l'ennui et le bruit du groupe. C'est ça le film de Kechiche, le temps qui passe, une bande de copains, la famille qui va avec, les jeunes qui se draguent, s'amusent, se séduisent. C'est comme la vie, destructuré, ça manque de direction et de synthèse. Donc, c'est interminable et (assez chiant). Mais, le blabla, le bâton rompu, le "sur le vif" est remarquable de fraîcheur et de vérité. Les personnages, les situations sont parfaitement cernés. Les portraits de femmes sont magnifiques. Les mamas, tatas, cousines etc. Les actrices sont formidables. Tout est formidablement juste. Et formidablement long.
Sinon, il y a ce qui me gêne toujours chez Kechiche, cette insistance à la limite du voyeurisme à filmer les corps et les culs. La scène du début est très belle. Ophélie et Toni font l'amour et on sent que ça se passe très bien, après, on voit la jeune femme épanouie (son beau derrière aussi) et manifestement repue et c'est remarquable de réussir cette scène. Mais... Un tout petit peu trop ? On se sent voyeur, comme Amin d'ailleurs, troublé et voyeur. Mettons ça au crédit du metteur en scène. Mais après ? Cette profusion de plans cul, l'insistance avec laquelle il nous en met plein la vue. Comme s'il s'attaquait au vieux fond mateur que tout un chacun (homme et femme) nourrit sournoisement.
Allez, les hypocrites, matez et matez encore ces beaux culs à moitié nus qui ondulent sur la plage, qui se juchent sur les épaules des garçons pour des joutes dans la mer, le sex appeal de ces culs qui ondulent dans la danse, affichent le désir, offrent sans offrir. Les filles s'affirment, les garçons tournent autour, on prend, on donne... Et la naïve de service tombe malheureusement amoureuse. Aïe. Où finit le plan cul, où commence... quoi ?
A la scène dans la boîte, ça devient gênant, Ophélie accrochée à la barre à laquelle elle s'enlace, fait tournoyer son cul façon go go dancer. Hem. A l'ère du #balancetonporc et de la dénonciation de la femme-objet, on est franchement off-limites. Et on retrouve un agacement certain devant la manie qu'a Kechiche de se (nous) rincer l'oeil, sous prétexte de faire du cinema.
Mais bon, il réussit aussi des scènes magiques, comme la naissance de l'agneau. Et là, pour une fois, enfin, c'est l'émotion et le silence. Chut, pas de bruit dans un film qui filme le bruit, justement. Le bruit des gens.

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