lundi 29 mai 2017

ARTISTES A SUIVRE


http://www.artistesasuivre.org/bienvenue.html

Artistes à suivre conduit de village en village, pendant 4 jours (le w.e de l’Ascension) à la découverte de peintres, sculpteurs, plasticiens… et la bonne surprise, c’est que la manifestation est de grande qualité. On découvre des jeunes artistes, et des moins jeunes, dans une ambiance très agréable, avec les mairies ou les habitants qui prêtent les lieux d’exposition, organisent des buvettes–restaurants éphémères qui s’installent ici ou là pour restaurer le pérégrinant, c’est à dire le curieux, ou le touriste, ou l’amateur qui déambule au fil des villages.

C’est aussi l’occasion de découvrir les paysages et la nature magnifique de la Haute Vallée de l’Aude, de se promener dans des villages, des églises, des établissements… De goûter le vin de l’Aude, plus précisément les crus et cépages de la région, qui donnent blanquettes et crémants, et d’excellents vins blanc et rouge (en tout cas, chez le producteur qu’on nous avait recommandé).

Chaque année (cette année doit être la 10ème édition d’Artistes à suivre),  des villages différents se prêtent au jeu, et accueillent la manifestation, avec le soutien des communes, du département, de la Région… Avec apparemment une montée en puissance chaque année, puisque les institutions s’aperçoivent que l’affaire attire des touristes qui occupent les hôtels, gîtes, chambres d’hôtes, et consomment d’une manière ou d’une autre.

Trois circuits étaient proposés : vert, rose, orange (il faut à peu près une journée par circuit, si on veut tout voir et prendre son temps.) Le coup d’envoi est donné avec Le Florilège, à Quillan cette année : c’est la gare SNCF désaffectée qui a servi de lieu d’exposition, avec une œuvre par artiste, pour un aperçu d’ensemble. Exercice difficile, et plutôt déconcertant, où l’on se dit bof, bof, bof, tout ça ne me dit rien qui vaille. Erreur, il suffit de partir en campagne, et on change complètement de point de vue en découvrant les œuvres et leurs auteurs ici et là. Voici mes préférés.




A Bugarach

Patrick Desombre

Les toiles de Patrick Desombre claquent et vibrent d’ondes mystérieuses, il offre une nature revisitée, régénérée, il ouvre un œil nouveau sur la surnaturalité d’un monde neuf et comme vierge, comme si la nature venait de se libérer de l’homme et affirmait ses lignes de force.

Les sculptures de femmes fortes de Veerle Van Gorp. Des femme puissantes, belles, dressées de triomphe ou de révolte, fortes d’elles mêmes, de leur vitalité, de leur entité. On a envie de toucher leur matière de terre cuite patinée, celle de femmes un peu rugueuses, sans doute, pas lissées ni policées.

Les grès de Yann Masseyeff… Il travaille le noir et le blanc, le vide et le plein, le vide et la matière, suggère un mystérieux alphabet et l’idée d’un pièce manquante.

Les peintures de Marjoo, bien plus prenantes et attachantes qu’à première vue : cette peintre arrive à suggérer la poésie de la géométrie, le vertige de la rigueur, la vibration de la ligne.

Les tissus de Marta Santos : elle coud, elle attache, elle noue, sa nature généreuse invente formes et couleurs, elle prolifère, elle exubère,


Peintures et totems
Les peintures de Christophe Souques (il fait aussi des totems) éveillent d’étranges échos où il est question de signes anciens comme un alphabet sumérien, et de visions funambules, avec des figures bizarres, des symboles… un univers noir et or qui évoque à la fois l’Egypte ancienne et les mondes intergalactiques, un passé très ancien et un univers futuriste, ou une ambiance cérémonielle dont on ne connaît pas les codes.

A Peyrolles


Le colloque des Féemines

L’extraordinaire Virginie Chomette crée d’inouïes figures en textile. C’est profond, foisonnant, mystérieux, inquiétant. On a du mal à s’arracher à la contemplation de cette fantasmagorie, ainsi qu’à ce colloque de Féemines, tel qu’elle l’a installé dans La Grange de Peyrolles.








Thierry Sellem peint en noir des paysages urbains, et aussi (un peu) des paysages de nature. C’est captivant, dans le genre vide, déserté, comme si les lieux vivaient d’une vie propre, à l’heure où les humains dorment, ou bien ont disparu. Ça ferait penser à ce conte où un enchanteur a emporté tous les habitants, il ne reste que la ville déserte, les rues, les lumières et les ombres.
thierrysellem24@gmail.com




A Quillan


Les photos de Frédéric Lallemand : un paysage, du sable, de l’eau, le grain de l’herbe, le lisse d’un coquillage, le dessin des nuages, tout est extraordinairement beau et révèle les choses sous un autre jour.



Eric Demelis, le graphomane qui annexe les murs, les objets, les cahiers… La  productivité d’un esprit en perpétuelle ébullition, qui bigarre les formes, apparie les espèces, cochon à tête de chat, homme à tête de pieuvre, cigogne caparaçonnée, figures bifaces, et des yeux partout partout… le jeune homme déborde d’images, de mots, d’impressions, un dessin l’illustre parfaitement, c’est peut-être « cohue » (encre de Chine et lavis sur toile)  il déborde aussi d’humour (noir, forcément), par exemple, "tentatives de jardinage en Ardèche", et il ne dédaigne pas d’orchestrer le chaos dans "scènes de déménagement" par exemple. Un homme qui dessine aussi l’angoisse et la colère.




L’humour débordant d’Isabelle Dubuis, peintre animalière et chapelière, avec sa délicieuse Geisha, une hurluburlesque Nativité, la non moins étonnante Santa-Lama, une cochonne très très gourmande, une série de poules… 
www.isabelledubuis.canalblog.com

Santa-Lama

Geisha

Isabelle Dubuis



L’incroyable travail de détissage de Carmen Hay Kolodzey


Les sculptures-céramique de Caroline Hanania : l’humain trop humain dans le métro, au bar, saisi dans ses expressions et postures de la vie quotidienne.

Guilhem Delon, peint comme si vous y étiez, les bars, les halls d’hôtel, les « diners », dans une atmosphère qui évoque Hopper et les années 60. http://guilhem-atiste-peintre.e-monsite.com/
Profession Reporter

Venezia Laguna




La ferraille pas bidon de Bernard Nicolas : bernardnicolas.eu
bernardnicolas.eu








et à Couiza :

Marielle Marty : très beau travail sur la photo. Prédilection pour les friches, ruines industrielles, et la série "maton" (sur le judas des portes de prison)
facebook / Marty M Photographies
marielle.marty@sfr.fr

A Alet


Ce platane, à l'entrée de là où expose M.Poulanges, n'est pas sans évoquer son travail.

Mathilde Poulanges, artiste bibliophage, brûle des livres pour les rendre à leur nature première, celle d’écorces. C’est magnifique (quoiqu’icônoclaste?). Elle explique :
 « … qu’adviendra-t-il (du livre) en ces temps deux point zéro ? Ces livres ... que l’édition gaspille à tour de bras (100 millions de livres neufs sont passés au pilon chaque année en France) et que les géants du monde virtuel ont dans le collimateur, je les brûle… je tente de le faire renouer avec sa nature profonde, sa condition originelle, l’arbre… susciter la réflexion sur notre société productiviste et la paupérisation qu’elle induit… offrir à de bien mauvais livres en partance pour la déchetterie une place de choix dans nos salons. » 




Evelyne Dominault peint des foules d’animaux ou d’humains sur d’immenses manteaux, comme s’il fallait s’envelopper de toute cette humanité, ou s’en protéger. www.saatchiart.com/evelyne.dominault

www.saatchiart.com/evelyne.dominault

Hélène Blondin : ça ne marche pas au premier coup d’œil, mais on poursuit, on s’arrête, on s’attache, c’est plus profond, moins enfantin que ça n’en a l’air, ça parle de figures tour à tour affectueuses ou inquiétantes, de personnages médusés ou sidérés, biscornus, pleins d’effroi ou de surprise. Ça pourrait s'appeler Contes inquiets.
www.articite.fr/Helene-Blondin-Bartenieff
facebook.



Christian Glace, belle exposition de ses pièces, du bois brut auquel il donne vie, dans les ruines de l'abbaye. christianglace.blogspot.fr



PUB : le salon de thé/jardin des Marguerites. Tenu par des anglais qui ont aussi des chambres d'hôtes dans une belle villa de l'époque où le thermalisme battait son plein. Les pâtisseries et le jardin sont délicieux. www.les-marguerites.fr/

A Saint-Jean de Paracol et Rouvenac

Vanaja Braibant






Saint-Jean de Paracol :
Vanaja Braibant, architecte paysagiste de formation,  crée d’étranges structures en fil de fer. Elle écrit aussi des poèmes en fil de fer… et les expose dans un délicieux jardin. Un univers poétique et intriguant. www.vanaja.braibant.fr


Yann Yvinec, dit Hyane, est un artiste prolifique, qui présente des travaux très différents, dont une série de dessins animaliers (le gypaète barbu et autres rapaces ou hyènes)  – et des sujets d’inspirations diverses, dont un noir paysage post-quelque chose, sur socle de charbon où des  (terres cuites et peintes) sont dressées comme des squelettes d’immeubles, ruines calcinées, avec en arrière plan la peinture en noir et blanc d’un immeuble défait, lui aussi. C’est noir, puissant, inquiétant. Sinon, il a de l’humour et l’exprime de diverses manières. www.hyane-yy.com



www.hyane-yy.com


Michèle Caranove, la femme à la plume Sergent Major, cite Louis Pons et écrit «  Je tue le temps à coup de plume Sergent-Major. Ce sera long. » Elle occupe l’espace à coups de traits, de circonvolutions, de figures qui s’imprègnent et s’enchevêtrent, se contournent et circonvolent. Une symphonie humaine animale et végétale qui n’a ni commencement ni fin.



Mousses est une installation d’appliques en porcelaine papier sur une longue pièce de bois. Juli About en fait un étrange chemin de lumière dans la travée de l’église de Saint-Jean Paracol.




A Rouvenac

 Jean-Marc Beschon , un grand voyageur qui produit de beaux croquis de voyage, et peint quand il ne voyage pas  
 http://la-misere-vaincra.blog4ever.com

Fabienne Laheurte, une autre voyageuse qui a rapporté d’Asie Centrale des figures d’enfants dont elle s’attache à recréer dans ses sculptures le sourire, le regard, l’échange qu’elle a eu avec eux. (biscuit de grès blanc partiellement émaillé).

Claire Degans rêve et peint ses paysages rêvés : www.clairedegans.com


A part les 3 artistes exposés, il y avait un restaurant éphémère, parfaitement bon et aimable, installé dans l’herbe, à l’angle du château, et ils étaient charmants. Un plaisir de faire cette accueillante pause champêtre.







A Fa



Le petit peuple d’Anne Sarda est fragile, éphémère, émouvant. Ses figurines, assemblage de bouts de bois ramassés, évoquent les migrants, en groupes, en familles, en théories, comme autant de rescapés de divers naufrages. Ils sont insignifiants et lourds de sens, ils sont là, et nous on les voit si peu.





Sabine Pocard peint des figures fortes, avec des empâtements de peinture, des couleurs sourdes : les figures carnavalesques de 3 géantes à tête de lapin, un énorme chat gris-bleu qui se fond dans la toile et occupe tout l’espace, deux femmes assises, une drôle de figure de clown triste. C’est puissant et onirique, attirant et inquiétant.





Tony Cassius scrute la matière, l’ausculte, et tour à tour la polit ou la scarifie, orchestre des fusions et des séparations, des élans arrêtés, une ébauche de mouvement perpétuel en suspens. Quand il touche le métal, c’est le jeu du lisse et du rouillé, du reflet et du sourd, du vide et du plein, de la géométrie et du mouvement, de la répétition et du suspens, du décalage et de l’unité. On scrute, on s’intrigue, on s’approche, on se demande, on y revient, certaines formes donnent l’impression d’une cohérence intrinsèque.