mercredi 29 juillet 2020

The Climb

Michael Angelo Corvino. Et voilà comment les méfaits d'une bande annonce efficace, de quelques critiques volubiles, dont le mystérieux TTT de Télérama (il faut payer et s'abonner pour en savoir plus), et de distinctions comme "Prix du Jury au festival de Deauville" et "accessit au festival de Cannes", peuvent tromper le chaland. On se dit qu'on va voir du lourd. Et on a raison, parce que pour être lourd, c'est lourd. Passé la 1ère séquence (la montée du col est bien vue - et encore, le tabassage par l'homme à la 2CV rouge est totalement inutile, à moins que ce ne soit la lourde métaphore du châtiment que Kyle voudrait infliger à Michael). Bref, on devrait déjà se douter que le réalisateur se laisse aller à des facilités regrettables. Ensuite, on revisite les temps forts de l'american way of life : la scène des funérailles, Thanksgiving, l'enterrement de vie de garçon etc, etc. On devrait y trouver des sommets de drôlerie, de "décalage", de bien vu - bien senti... D'ailleurs, j'ai lu quelque part "Succession désopilante de saynètes" MAIS NON. Rien de désopilant. Que des clichés et des lieux communs. Que du blabla visuel et verbal. On se met assez vite à aspirer à la fin qui n'en finit pas d'advenir, tellement on est englué dans ce cauchemar de répétition : de séquence en séquence, le méchant et toxique Michael vient encore mettre des bâtons dans les roues du gentil Kyle.
Tout est convenu, sans surprise, sans ressort, même le lien étrange qui unit ces deux gars reste improbable et non-élucidé. Bref, c'est à fuir. Sans parler d'une étrange bande musicale avec des chansons françaises bruyantes, et un certain nombre de références au cinéma français (ce qui est plutôt inquiétant pour le cinéma français).
Bref, c'est A FUIR

mardi 28 juillet 2020

The King of Staten Island

Judd Apatow. Portrait drolatique d'un glandeur professionnel et de ses potes. Une bande de bras cassés allergique à toute forme de sérieux, de travail ou de projets d'avenir, à moins qu'ils ne soient particulièrement fumeux. En attendant, le héros parasite éhontement sa mère, avec pour justification diverses séquelles post-traumatiques consécutives au décès de son pompier de père, ce héros. L'équilibre foireux se disloque quand un homme entre dans la vie de sa mère. Les dialogues et situations cocasses s'enchaînent à un bon rythme, c'est drôle et bien mené, et la rédemption possible se dessine dans la deuxième partie du film, moins surprenante.

Lands of murders

Lands of murders, Christian Alvart : une adaptation de La Isla minima (2014, Espagne), à savoir une enquête sur la disparition de deux jeunes fiĺles. Ça se passe dans l'ex Allemagne de l'Est, pas longtemps après la réunification. La collaboration est délicate entre le flic de l'Ouest, plus jeune, et le flic local, plus âgé, aux méthodes musclées. L'enquête donne une peinture sociale déprimante de ce trou du cul du monde dont on n'a qu'une envie, se tirer. Bonne ambiance, c'est à dire que l'atmosphère glauque est efficacement dépeinte, il y a des fausses pistes et des rebondissements, c'est bien mené. (Mais à revoir l'excellente La Isla Minima, c'est étonnamment calqué sur ce modèle, et étonnamment réussi).

Madre, Rodrigo Sorogoyen ; une mère espagnole chez elle, son fils de 6 ans est en vacances avec son père. Il l'appelle au téléphone depuis une plage française déserte, son père l'a planté là, il est censé revenir. Le gamin a peur, sa mère encore plus, le téléphone s'éteint. 10 ans plus tard, la mère vit en France dans le secteur où son fils a disparu et travaille dans un bar de plage. Elle se laisse troubler par un adolescent qui pourrait avoir l'âge du fils. Le film raconte l'histoire de leur relation avec une certaine finesse, chacun dans sa bulle et ses projections, ils arrivent pourtant à se rencontrer sur un fil délicat et intense, et dans l'incompréhension générale des témoins (les amis de la plage, la famille du jeune homme...) Le compagnon de la mère est un personnage intéressant, plutôt subtil. Il y a de jolies scènes, mais... il manque quelque chose pour que ce soit émouvant ou captivant.