samedi 22 février 2014

L'Expérience Blocher

Jean-Stéphane Bron.
Portrait d'un homme, Christoph Blocher : fils de pasteur, conservateur et libéral, c'est un animal incernable. Il dit de lui-même: je ne me connais pas, je suis un homme d'action. Pragmatique, intelligent et madré, il a fait ce qu'il fallait pour obtenir ce qu'il voulait, économiquement et politiquement. L'entrepreneur est devenu milliardaire à coups de rachats et de capitalisme financier. L'homme politique est devenu leader de l'extrême droite suisse (Union Démocratique du Centre) et a hissé son parti national-populiste à la 3ème place (⅓ de l'électorat), en défendant une représentation idéale d'une Suisse traditionnelle, homogène, blonde et blanche (comme la montrent ses collections de tableaux : Ferdinand Hodler, et surtout Albert Anker)  A part sa femme, omniprésente et réservée, son soutien indéfectible, il aime ce qui est cossu, solide et sûr : sa maison, son château, ses tableaux.

samedi 15 février 2014

Ida, Pawel Pawlikowski



Sobre, sombre, profond. Le voyage de 2 femmes à travers le passé, le présent et l'éternité. Sans anecdotes, sans bavardage, sans pathos, c'est dépouillé et puissant.  La supérieure du couvent incite Ida, orpheline, à rencontrer sa tante -qu'elle n'a jamais vue- avant de prononcer ses vœux. Deux visages de femmes, deux vies aussi inassorties que possible coexistent le temps d'aller enquêter au fin fond de la campagne sur la disparition pendant la guerre des parents de Ida, juifs. L'orpheline buvarde toutes les impressions du monde qu'elle découvre : sa tante, femme indépendante et malheureuse, les lumières et les distractions de la ville, l'antisémitisme, la mauvaise foi rusée des bouseux, l'alcool, les séductions du monde... Ida est un film exceptionnel : par le silence, la beauté des images et de ces portraits de deux femmes, et les interrogations sur ce que l'homme fait de sa vie. 

mercredi 12 février 2014

Dallas buyers club

Jean-Marc Vallée
Ron Woodroof (Matthew McConaughey) est cow-boy et électricien, prolo moulé dans les clichés du genre (sexe, drogue et rodéo). Quand il apprend qu'il a attrapé une maladie de pédé et qu'il lui reste 30 jours à vivre, il rejette le moule en forme de cercueil qu'on lui offre et prend les choses en main à sa façon : hors cadre, hors conventions, hors légalité. L'énergie qu'il consacrait à la baise, la dope et les paris truqués, il la consacre à la quête de thérapies et au business. Et à dépasser sa vision du monde de bouseux texan. Le film enchaîne les péripéties presque comiques d'un sinistre jeu du chat et de la souris entre ce héros atypique et formidable, traqué par le VIH autant que par la FDA et montre l'humanité de malades désemparés, largués par la médecine officielle et la toute puissance des laboratoires. Ron Woodroof est fascinant par sa rage de vivre, son intelligence, son courage et son indépendance d'esprit pour passer outre les diktats et les pièges de la FDA et du système médical, lutter contre le virus et les préjugés. Le film lui rend un très bel hommage (formidable Matthew McConaughey)