Radu Jude
Un 'policier', le zapciu Costandin et son fils parcourent à cheval la campagne de Valachie avec pour mission de ramener un esclave rom échappé. Au fil de leurs pérégrinations ils rencontrent toute la diversité qui peuple la campagne (villageois, roms, orpailleurs, paysans, aubergistes, marchands, meuniers, turcs, artisans ...) auprès desquels ils s’enquièrent du fugitif. A chaque rencontre, les dialogues illustrent l’arriération d'une population inculte, pétrie de superstitions et de préjugés, raciste, antisémite, homophobe, aveuglément soumise au culte, aux popes et aux boyards, à tout ce qui est plus puissant que soi. Et les femmes soumises à la toute puissance des hommes. Violence sociale, domination universelle, loi du plus fort sont inscrits dans l’ordre figé de ce monde où l’esclavage est un simple fait de société et où un boyard peut rendre la justice comme bon lui semble sans procès ni jugement. Malheur à ceux qui sont tout en bas, les roms, car tel est leur destin.
Pour l'authenticité des propos, il paraît que les scénaristes ont utilisé des œuvres littéraires du XIXe siècle, dont ils ont repris des proverbes, des dictons et d’autres phrases complètes. Ils ont utilisé des archaïsmes se mélangeant aux vocables, insultes et jurons les plus vulgaires encore d'actualité. Autrement dit, l'accent du vrai.
Entre parodie et satire, le film est très captivant, la reconstitution d’un début de 19ème siècle dans une province arriérée est convaicante, et c’est beau.
Bien joué ! Ou Bravo (Traduction du turc Aferim)
Continental 25 du même Radu Jude : la culpabilité d'une procureure qui a fait expulser un pauvre gars, lequel en est mort. Intéressant mais oubliable