Werner Schroeter.
Et vas-y que je te fais flamber la philosophe dans une cacophonie (se voulant baroque ?) de plans décousus, d'images obscures, de propos abscons. Elle est philosophe donc et devrait maîtriser la loqique et le langage. Que nenni, ce serait oublier qu’elle a eu un papa nazi et terrifiant, fouettard, vaguement sadique et queutard, assurément infidèle, de quoi vous détraquer la psyché d’une âme sensible. La voilà donc passablement déglinguée et en roue libre, passablement graphomane, valdinguant au gré de sa psyché exacerbée entre un amant fuyard et un garde-fou domestique. (C'est plutôt W.Schroeter qui est en roue libre pour filmer tout et n'importe quoi lui passant par la tête, fleurissant l’exaltation délirante de l'âme de la dame avec les joujoux et obsessions qui meublent la sienne). Il en ressort quil aime l’opéra, les appartements vastes, chics et vides, les rues désertes de Vienne, les bals décadents, les robes des dames, les établissements chics, le whisky, les cauchemars, et foutre un bazar noir dans le bureau de la dame (quand il n'y met pas le feu). Je ne sais pas combien de fois il a filmé la dame en train de fourrager furieusement dans le fatras de ses liasses de papiers et de lettres, combien de fois elle a balayé tout rageusement mais en vain, combien de fois elle y a mis le feu, puisque quelques plans plus tard, la même scène recommence, ses écrits la rendent folle, ou sa folie les lui rend haïssables. C’est une femme en flamme, toute en fêlures et en confusion... et alors ? On a l'impression que l’auteur rembobine pour filmer encore et encore la même chose : diverses variantes et contorsions d'un état de confusion délirante et qu'il y prend un plaisir certain. Isabelle Huppert se sort remarquablement bien de ce rôle impossible, quant aux garçons, très décoratifs, ils font plutôt figure de punching ball au contact desquels la malheureuse n’en finit pas de se désarticuler.
Même si on ne comprend pas trop ce qui se passe, c’est assez intéressant. Surtout quand c'est fini et qu’on est sorti de cette frénésie. (C’est vraiment obscur et long, cette histoire de femme en feu, surtout la fin).








