mardi 6 septembre 2022

Avec amour et acharnement

 Attention, je raconte tout le film : c'est tellement inutile d'aller le voir !

Un gigantesque cliché : c’est un couple qui s’aime, Sarah et Jean, ils le prouvent abondamment et complaisamment dans de dégoulinantes et sirupeuses léchouilles dans un lagon (ils remettront ça dans leur lit à coups de « je t’aime je t’aime » dans leur super appart tendance avec terrasse sur les toits de Paris dans le 9ème. So chic. Elle est journaliste à RFI (et nous inflige ses itw : une sur le Liban, une autre sur le racisme… histoire d’ânonner quelques lieux communs sur les deux sujets.) Ils se retrouvent (encore), ils s'aiment (c'est surtout elle qui le répète), ils s'embrassent, ils sont plein de tendresse, il est chômeur, il fait ses courses à Vitry dans sa vieille Mercédès bien-aimée, mais il va s’en sortir. Voilà pour l’exposé, ça prend un temps fou et c’est un enchaînement de banalités. 

Il va s’en sortir parce que son vieux pote François l’embarque dans un business, mais patatras, le vieux pote est aussi l’ex de madame, et boum, après 10 ans d’absence, le petit cœur de madame se remet à palpiter, à peine l’a-t-elle entrevu au coin d’une rue. Irrésistible attirance, façon papillon qui veut se brûler les ailes. Ça monte ça monte, elle aime son Lindon, dit-elle, mais elle aime aussi l’ex (apparemment égoïste ou salaud à l’époque et sans doute encore maintenant). Entretemps on a vu Lindon à Vitry, chez sa maman (Bulle Ogier) qui élève son petit-fils Marcus (parce que papa a fait de la prison), on s’est tapé quelques scènes où on comprend que c’est pas facile d’être père, ou grand-mère, ni d’être fils (couplet sur l’adolescence d’un métis en banlieue, en butte au racisme latent ou patent, en rupture d’école et en mal de père). Tout ça ne sert absolument à rien. Et c'est tellement convenu. Entretemps, la Binoche palpite de plus en plus mais nie de plus en plus qu’elle trompe son mari et ment éhontément. Les yeux dans les yeux, avec l'accent de la sincérité outragée, elle jure à Lindon qu'il se fait des idées. Mais hélas/heureusement, les sms sont là pour la démasquer...

Je ne sais pas s'il faut conclure que cette femme est une salope/ toutes les femmes sont des salopes, ou que la passion amoureuse est une maladie amorale et dangereuse ou que les bons bougres ne sont pas ceux qu'on aime, ou s'il y a une vague histoire sous-jacente de lutte des classes (le 9ème arrondissement de Sarah la journaliste contre le Vitry du brave Lindon, chômeur et ex-taulard qui de toute façon ne fait pas le poids avec le businessman salaud et à moto)... Mais ça ne devrait pas prendre 1 heure 56 pour déverser cette avalanche de clichés. Même en format normal, 1h30, ça aurait été indigeste. Et en plus, la musique (dont on dit le plus grand bien) souligne les tensions avec une effroyable lourdeur.
La critique du Monde est d’une complaisance incroyable !

1 commentaire:

  1. Nous ne pouvons que saluer la loyauté de la critique française vers leurs copains, tout en évitant de perdre temps et argent. Merci

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