jeudi 2 février 2017

Une Chambre en Inde


Comme toujours à la Cartoucherie, le plaisir d'entrer dans un lieu à part, décoré pour la circonstance (entre Noël et l'Inde, ça donne plein de couleurs et de lumières), le plaisir d'entrer dans le vaste hall, à la fois buffet, salon d'accueil, chaleureux et chatoyant, d'entrevoir les acteurs, les costumes, l'envers du décor... Et voici la Chambre en Inde. Après un démarrage un peu laborieux, alourdi par de curieuses (inutiles?) scènes de défécation (la tourista ?) qui font bien rire, le dispositif prend son essor : il s'agit de Cornelia, lâchée par son metteur en scène, en proie aux affres de la création théâtrale. Désespérant d'avoir une vision qui donnerait corps à son projet.
Donc, elle dort et rêve, et elle les accumule, les visions, avec irruption permanente par les portes, les fenêtres, et même le plancher, du monde réel ou rêvé ou phantasmé. Mouvements parfaits, enchaînement, jeux scéniques etc, et de superbes lumières qui dessinent toute la variété des espaces dedans/dehors. Mais là où ça cloche un peu, c'est qu'elle y fait entrer un peu tout et n'importe quoi, dans sa chambre, tous les échos du bruit du monde, le terrorisme, l'islamisme, les Saoudiens, la condition des femmes, les désastres écologiques, Alep, l'Irak... le tout dans une acception assez simpliste. Et le théâtre. Parce que c'est d'abord une déclaration d'amour au théâtre, à Shakespeare, "mock the villains", à Molière, à Antonin Artaud, à Tchekov aussi, dans une très jolie scène. Et au théâtre populaire local (le Therukootu), où l'on suit plus ou moins les démêlés compliqués du fils du soleil avec son épouse et ses cinq frères, tout en danses et chant choral, repris par toute la troupe.
Qu'est-ce qui manque à tout ça ? Du souffle, de la puissance ? Du lyrisme ? Quelque chose fait rester un peu sur sa faim. Voire s'agacer sérieusement quand les scènes qui se veulent comiques balancent trop de clichés. Quant à la scène finale, hommage au Dictateur (Charlie Chaplin) c'est une irrépressible dégoulinade de bons sentiments. Mais une partie du public est complètement séduite et conquise. Donc, vive le théâtre populaire. Ça reste un joli spectacle.

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