mardi 25 octobre 2016
Poesia sin fin, Alexandre Jodorowsky
Enfin un grand film ! C'est peut-être moins brut que La Danza de la Realidad, brut au sens d'émotions fortes traduites en images fortes d'une construction quasi surréaliste, mais c'est le même principe qui est à l'œuvre, et j'ai été en joie dès que j'ai vu les premières images, qui renouaient avec celles de la Danza... et qui renouaient avec le charme, façon raptus amoureux, que ce film avait exercé sur moi. Parce que je tombe amoureuse de ces films de Jodorowsky qui palpitent de toute part (ainsi, j'ai été complètement séduite par Dune et le charme mégalomaniaque de la narration de ce projet non abouti de Jodorowsky).
Je suis donc allée voir Poesia sin fin sans me renseigner, comme d'habitude, je préfère arriver sans idée préconçue, je ne savais même pas que c'était le 2ème volet. Donc, j'étais en joie dès que j'ai vu les premières images, qui me ramenaient à la fin de Danza... J'avais l'impression de retrouver des amis qui n'avaient pas fini de me raconter leur histoire. Je me réjouissais de renouer avec l'intensité des souvenirs, des sensations, des émotions, l'impression d'être en prise directe avec l'âme d'un adolescent, et l'admiration éberluée pour la prouesse que ça représente de restituer l'intensité de ses émotions, et de les organiser dans une espèce de chaos baroque, super construit et super libre à la fois. Je me suis donc tout de suite laissée embarquer, séduire, charmer, étonner, réjouir par les propositions de Jodorowsky entre l'adolescence et l'âge d'homme.
C'est bizarre, parce que c'est toujours de danse qu'il s'agit, ce drôle de rythme où Jodorowsky nous promène de rencontre en péripéties, c'est une dynamique bizarre de promenade visuelle, d'évocations, de sidérations, d'éberluements, d'estomacades, d'inventions déroutantes, surprenantes, émouvantes, réjouissantes : l'image du bateau qui s'éloigne, le moment où l'on dénude la voleuse, l'ambiance hiératique et étrange du Iris Bar, le barnum des réunions de famille, la tentative de transmission des valeurs familiales par le violon, l'oncle abruti, l'enfermement du cousin, les artistes, les poètes, l'étrange muse, et toujours la violence absolue de ce père et le mystère de cette mère enfermée dans son mariage, son chant et son corset. Et puis il y a les êtres hors norme, muses, nains, marionnettes, les fêtes, le cirque, la dictature, le carnaval... et les apparitions de Jodorowsky, le grand maître, le réconciliateur, le modérateur, celui qui regarde ça de "maintenant" alors qu'il est en train de transformer sa vie en œuvre d'art. Bref, c'est magique.
http://marsenavril.blogspot.fr/search?q=dune
http://marsenavril.blogspot.fr/2014/01/la-danza-de-la-realidad.html
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