vendredi 4 avril 2014

Sonate d'Automne

Ingmar Bergman (1978) : Eva (Liv Ullmann) invite sa mère (Ingrid Bergman) chez elle, au presbytère de son mari au bord d'un lac, après un vide/absence de 7 ans. Fille terne, vie obscure, mère brillante, concertiste internationale. La fille cadette est là, alors que sa mère l'avait placée dans une institution. L'infirme comme un reproche vivant de tout ce que la mère n'a pas été. Dès le début, le sous-texte : Eva analyse la surface de sa mère, et ce qu'elle veut dire ou ressent "en vrai". C'est l'histoire de leur vie : la fille, Eva, a toujours lu le sous-texte dans tous les agissements de sa mère, brillante et égoïste sous ses dehors de mère affectueuse. Elles s'expliquent pendant la nuit : les non-dits, l'amour de l'enfant déçu, la mère uniquement préoccupée d'elle et de sa carrière. Un carnage. Principalement le face à face de ces deux femmes. Cette manière unique qu'a Bergman d'aller à l'essentiel, sous les silences, les mensonges, les faux semblants de la vie. La mère a toujours été aveugle à sa fille (à tout ce qui n'est pas elle), la fille rend les coups et dévoile toutes les blessures. Haine viscérale ? Restes d'une demande d'amour inassouvie ? Et pendant cette nuit d'horreur, le comportement étrange et horrible de l'infirme qui hurle dans son lit, se débat, se traîne hors de son lit, comme si elle comptait les coups (et voulait les arrêter ?) Comme toujours chez Bergman, l'implacable profondeur des âmes mises à nu. Des gros plans qui scrutent les visages des deux femmes pendant ce face à face monstrueux. La lettre de la fin est étrange, comme si Eva effaçait le film (écho à la lettre du début, où elle invite sa mère). Comme si elle revenait en arrière, vers des relations inexistantes, épistolaires, de loin.

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