dimanche 8 mars 2020

Le monde selon Roger Ballen

A la Halle Saint-Pierre.
Une exposition dérangeante avec une esthétique de la décharge, des bas-fonds et de la marge, comme si Roger Ballen regardait à côté de l'apparence, au delà du normal ou du réel, du côté du rebut et de la frontière. Frontière sociale ou mentale. L'étrange artiste borderline porte un drôle de regard sur un monde glauque, inquiétant, cassé, dévasté, dérangeant. Des têtes crevées ou coupées, des bras cassés, des orbites vides, des pieds déformés, des oiseaux pourris ou morts, des cadavres d'hommes ou de chien, des rats, des chats, des pantins comme des enfants et vice-versa. Au 1er étage, ce sont principalement des photos, toutes étranges, proposant des images inconvenantes, c'est à dire qui déroutent, suscitent l'inconfort du regard comme si elles montraient quelque chose d'obscène. Comme si on se demandait en permanence "mais qu'est ce que je suis censée voir, quel est cet envers du décor dans cette absence de décor : un pied de poupée, un ressort cassé, un vieux grillage tordu, une ficelle qui traîne sur le sol suffisent à générer le bizarre et le malaise. Comme une promenade dans la zone, à la marge du monde civilisé.
Au rez-de-chaussée, il donne corps à cet univers, il l'incarne en un décor de décharge, toujours bizarre et déglingué, et bizarrement, l'univers qu'il a construit en photo à l'étage prend ici du volume et offre une autre dimension de la dévastation.

https://www.hallesaintpierre.org/2019/05/21/roger-ballen/

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