Donc, le monde est tout petit, dans des couleurs plutôt glauques, un monde minimaliste où l'on ne voit quasi jamais la lumière du jour et où il s'agit de ranger et remanier les rayons à l'infini : prendre dans les réserves, ranger dans les rayons, recommencer. Et apprendre à conduire les engins. Le tout dans une totale économie de parole. D'ailleurs, il n'y a rien à dire. Bruno, le chef de Christian, le prend sous son aile pour lui apprendre le métier, il y a l'autre chef, avec qui Bruno dispute des parties d'échec, la machine à café, et une timide romance sans parole, et quasiment sans faits ni gestes qui se dessine avec Marion, du rayon confiserie. Malgré tout, le lieu de travail est bien le seul endroit où se dessine un peu de chaleur humaine ou de fraternité ouvrière, ou ce qui en tient lieu. Comme le dit Christian, dès qu'ils rentrent chez eux, tous autant qu'ils sont, ils ne trouvent rien d'autre que la solitude dans le néant de ce trou perdu.
Curieusement, malgré le scénario minimaliste et les infra dialogues, le film est attachant et les personnages aussi, parce qu'avec cette économie de moyens, le réalisateur arrive à leur donner à chacun une personnalité et une épaisseur. Mine de rien, c’est assez profond et touchant. Et poétique, curieusement. Franz Rogowski (Christian) est assez fascinant, dans son mutisme, avec qqch qui fait penser à Joachim Phoenix.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire