Ce qu'il y a de bien, quand un (grand) écrivain meurt, c'est qu'on s'intéresse enfin à ce qu'il a écrit. Ayant lu Portnoy il y a longtemps et sans enthousiasme, je me suis procuré 4 romans en 1 volume : Pastorale americaine, J'ai épousé un communiste, La tâche, Le complot contre l'Amérique.
Bien m'en a pris, j'ai passé un très bel été en compagnie de ces histoires, ces personnages, ces anecdotes, ces idées. C'est un formidable brassage où Philip Roth raconte "à tous les étages" : la société et la sociologie de Newark (sa ville d'origine) au fil des années, les valeurs de l'Amérique au sens noble (et au sens dévoyé, par exemple dans le triomphe de la pensée correcte, ou dans les manoeuvres politiciennes), le maccarthysme, l'engagement (diverses formes d'engagement selon qu'on est prolo, "marine", communiste ou professeur), les ressorts et les complexités de l'âme humaine, du couple, la fidélité à soi-même ou la trahison -les trahisons- Ça fourmille, c'est intelligent, drôle, impitoyable, cruel, nuancé. C'est une immersion dans une pensée et une culture riche, profonde, élaborée. C'est un livre qu'on dévore parce que c'est formidablement raconté et agencé, c'est puissant et symphonique, et on a aussi envie de s'arrêter pour réfléchir, approfondir ce qu'il raconte. Évidemment, je choisis la première solution pour aller au bout du récit en laissant au fil de la lecture des pépites qui interpellent, résonnent quelque part avec sa propre expérience. Bref cest un ensemble de romans qui ont une profondeur universelle et arrivent à donner de la densité à sa propre expérience du monde : P. Roth dissèque ce qui fait la trame de l'existence mais qu'on ne prend pas le temps, ou qu'on n'a pas la force ou le courage d'élucider, parce qu'on n'est pas écrivain.
Prochains sur liste : Opération Shylock et Le théâtre de Sabbath
mercredi 22 août 2018
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