Delphine et Muriel Coulin. Un groupe de militaires en sas de décompression à Chypre. Une manière pour l'armée de gérer les dégâts intérieurs chez ces hommes - et femmes- engagés en Afghanistan. Et la réticence-résistance de personnes pudiques, qui ne voient pas l'intérêt de se déballer. Des gens qui ont un engagement collectif et des habitudes de troupe. On se met au garde à vous, on obéit à la hiérarchie. Et on remplit les questionnaires comme on sait qu'ils doivent être remplis.
Les voilà donc balancés dans un décor "de rêve", luxueux resort en bord de mer. "On se croirait à Disneyland" dit Marine. Un univers architoc et artificiel où ils ont 3 jours pour décompresser et se débarrasser de leurs traumas, obsessions, interrogations sur ce qui s'est réellement passé en Afghanistan. Grâce à des séances de debriefing, où chacun est invité à raconter ses impressions majeures et sa vision des faits dans une sorte d'aveu public, comme si on pouvait laver son linge sale en famille.
Le film montre d'abord le déni, "il n'y a rien à dire, tout va bien", puis le ressenti personnel, enfoui, inavouable de l'individu qui finit par émerger et entre en conflit avec la vision institutionnelle et la volonté de leur faire digérer tout ça,
Il en ressort un chaos d'impressions personnelles, conflictuelles, où les individualités percent, où chacun a vu le monde à sa façon, et où rien ne coïncide. Et quand la contestation menace et qu'on arrive à la limite de la subversion, la hiérarchie sait reprendre la situation en main.
Le reste du temps, ils sont censés se distraire, mais c'est comme si le débriefing avait libéré toutes les tensions, les animosités entre ces femmes et ces hommes, et la misogynie. Le film montre subtilement la dislocation du groupe et une forme d'impasse et de point de non retour où ils arrivent.
Très bien.
mercredi 7 septembre 2016
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