Et voilà, j'ai plein d'amis à la Colline, puisque c'était une soirée d'amis inconnus réunis par Wajdi Mouawad parce qu'"Aux jours sombres les amis inconnus". Belle idée, avec malgré tout un petit effet "entre soi" puisqu'à peu près toutes les personnes présentes sont à peu près armées contre la peur par la culture, la réflexion, la création, l'art... tout ce qui extrait l'humain de la peur bestiale, primitive, et sauve son humanité (avec au premier degré, viscérale, l'histoire P. Levi de la pomme de terre offerte au camp de concentration). A part cet entre soi (auquel a été sensible un spectateur, accent arabe, indigné parce qu'on érigeait la peur en spectacle, et qu'on ne faisait que brandir la peur la peur la peur... entre gens qui n'ont même pas vraiment peur. Il était à la fois à côté de la plaque, les gens se sont récriés gentiment, "mais non, c'est pas du tout ça, au contraire", mais je vois quand même ce qu'il voulait dire, et j'entrevois ce qu'il pouvait ressentir. Bref, il n'était pas du même monde...)
Donc, à part ça, il y a eu de vrais moments de grâce : Ana Maria Venegas et son clownesque numero de "même pas peur, vive Antigone- antitout", avec une magique façon d'enchaîner les coqs-à-l'âne, Louise Otis, présidente du tribunal administratif de l’OCDE, d'une intelligence et d'une clarté magnifiques, championne de bienveillance, et sa formidable amie, écrivaine canadienne-vietnamienne dont hélas je ne retrouve pas le nom. Il y avait aussi Patrick Boucheron, Professeur au Collège de France, au fond et contre toute attente, très drôle, qui se demande si les météorites sont si redoutables, dans le fond.
Et aussi deux jeunes lycéens en option théâtre au Lycée Jean Jaurès à Montreuil : Stanley Menthor et Jonas Thierry. Ce serait injure de leur dire qu'ils étaient charmants. Mais ils avaient une fougue et une impétuosité charmantes et efficaces dans une scène de leur création.
Et puis un grand moment, un moment supérieur, avec les élèves de 3e année du CNSAD, collectivement aux prises avec le sang des bêtes et le sentiment tragique et cruel de l'existence. Ça, c'était un vrai moment de grâce tragique, où ne pouvait même pas applaudir à la fin, tellement ils nous avaient estomaqués.
Heureusement qu'il y a eu Dieudonné Niangouna pour dérider l'atmosphère, même si ce qu'il racontait n'était pas moins tragique, il a un style tellement personnel pour rendre cocasse l'horreur qu'on tombe immédiatement amoureux de ce personnage-auteur-acteur. Je vais me précipiter en février/mars prochain à La Colline voir son spectacle Antoine m'a vendu son destin/Sony chez les chiens.
dimanche 18 septembre 2016
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