samedi 20 septembre 2014

L'Institutrice


Nadav Lapid
Etrange film qui crée un certain malaise, par la manière qu'a cette femme de sortir du cadre qui lui est imparti, de déborder pour cerner le petit génie, le contenir, le border, et traquer ses émissions poétiques. Le boire à la source. Ce qui est poésie pure et fugace chez l'enfant se matérialise dans le cahier de l'institutrice. Elle l'institue poète, l'institutionnalise. Vampire, prédatrice, elle s'empare de l'enfant pour le protéger, au nom des méfaits de la société matérialiste qui va détruire son talent, piétiner la pure poésie. Elle le traque, le surveille, le réveille pendant sa sieste et se nourrit de lui, le brandit au concours de poésie. Elle-même poète raté, évolue à ses heures perdues dans une sorte de groupe de poésie foireux. C'est à la limite de l'obscénité, ce petit dieu-roi-poète qu'elle érige dans sa vie et sur l'autel de la poésie, et qu'elle désire plus que toute autre chose. Désir des mots qu'il profère, de son être, de toute sa personne. Cette femme puits, discrète, légèrement éteinte, ne prend sa mesure qu'au contact de cet enfant qu'elle veut absorber et qui la fait voler en éclat.

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