mardi 16 mars 2010

C'est qui, Jean Ferrat ?

C'est curieux qu'il soit mort en même temps que le record d'abstention aux régionales. En mourant, il enterre une époque d'avant le monde en miettes, une époque qui avait un semblant de cohésion, où on arrivait encore à penser à la politique sans y voir des discours frelatés. En mourant, il enterre un vieux souvenir de l'époque où camarade n'était pas un gros mot, où on avait envie de croire à l'avènement de la solidarité et de la fraternité. Il enterre une époque où les poètes parlaient simple et vous touchaient droit au cœur, l'époque de Brel et de Brassens, où ce qu'ils disaient avait encore un sens. Aujourd'hui, tout le monde s'est assis sur ses rêves et tout le monde marche ou crève. Le petit Besancenot s'égosille dans son coin, ça ne fait pas envie et ça ne sonne pas vrai. J'aimais bien Jean Ferrat, pas parce qu'il sympathisait avec les communistes, d'ailleurs, on sentait bien qu'à l'arrière plan, l'élan des camarades avait tourné en monstruosité totalitaire, et ce n'était pas ça qu'on voulait. Je l'aimais bien, même quand il était un peu ringard avec son indéfectible chaleur humaine, parce qu'il touchait une fibre de sensibilité aux hommes, à la nature, à des sentiments justes et vrais. Je l'aimais bien parce qu'il faisait vibrer ces valeurs "ringardes" et leur donnait le sens d'un homme généreux et debout. Mais un jeune (19 ans) m'a demandé : "C'est qui, Jean Ferrat ?"

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