mercredi 18 septembre 2024

Dos Madres

Un film incroyablement long et maniéré pour  sublimer la quête d'une femme privée de son fils et ses retrouvailles. L'histoire, c'est les bb confisqués à leur mère et donnés à des familles "bien" sous le franquisme.
Tout ce qui ressemblerait à une enquête historique classique est proscrit. Le film prend le parti d'une narration/relation émotive esthétique et tortueuse toute en redites et circonvolutions, pour évoquer la quête de cette mère puis la rencontre du fils et de l'autre mère. C'est d'une incroyable lenteur avec des scènes qui devraient durer 1 minute et en font 10. Il y a aussi des incongruités esthétisantes comme la chorégraphie des mains de sténotypistes, ou celle des visages d'une espèce de chorale, curieux à voir, mais affreusement long, complaisant, et même gratuit. Il y a aussi d'interminables scènes au piano, (la mère est prof de piano et le fils en joue, l'auteur en profite pour diluer son film en interminables scènes d'interprétation). Je n'arrive pas à identifier des temps forts, s'il y en a, tellement tout est dilué dans un brouillard impressionniste où l'émotion est censée trouver sa place. Le film se dilue en 3 époques : les quelques 20 années de quête du fils perdu, la contemplation du fils retrouvé et de sa mère  (foutu piano), et un exercice difficile (et raté ?) pour suggérer tout ce qui se remet en place dans le regard des 3 à travers ce temps qui leur a été volé et enfin, le stratagème de la vengeance à 3 : il s'agit d'aller dérober les seuls dossiers qui restent et qui prouvent l'ignominie des vols d'enfants. Cette partie est encore plus maniérée, exaspérante et interminable que le reste, si c'est possible. La touche finale, c'est une obscure scène de pianos esseulés dans un entrepôt, un sommet d'artifice.
Tout ça est tristement ambitieux et affreusement prétentieux. 

Je regrette vivement le parti pris de l'auteur, cité en exergue du film, ue citation de 

Roberto Bolaño : « Ça va être une histoire de terreur. Ça va être une histoire policière, un récit de série noire, et d’effroi. Mais ça n’en aura pas l’air parce que c’est moi qui raconterai. »

mardi 10 septembre 2024

Films en septembre

Tatami Zar Amir Ebrahimi. La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam aux Championnats du monde de judo. En cours de compétition, injonction de la République islamiste iranienne d'abandonner la compétition pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Leila résiste malgré les supplications de son entraîneuse et les pressions du gouvernement. Scotchant et captivant. 

La Nuit se traîne Michiel Blanchart : très bon polar de traque dans la nuit bruxelloise. Un aimable serrurier, un piège, d'horribles malfrats, une nuit pour trouver une solution.

Paradise is burning, Mika Gustafson. Trois sœurs, Laura (Bianca Delbravo), Mira (Dilvin Asaad) et Steffi (Marta Oldenburg) vivent comme elles peuvent (pas mal) depuis le temps que leur mère est (encore) partie. Dans leur situation précaire, sous la conduite de l'aînée, elles déploient un étonnant mix d'affection, de débrouille et de joyeuses incartades (chapardage au supermarché, squatt des piscines des riches, incursions dans leurs appartements... ). Quand l'aînée apprend la visite prochaine des services sociaux, elle sait qu'elle doit trouver une solution pour protéger le noyau du désastre imminent. La réussite du film, c'est de montrer à la fois a sororité du groupe et l'individualité de chaque sœur et le vécu propre à son âge (7, 13 et 16 ans). Le reste du paysage humain dans ce patelin modeste est plutôt bon enfant et le tout est regardé avec beaucoup de justesse. Les trois sœurs, toutes trois très attachantes, crèvent l'écran. 

Le Procès du chien, Laetitia Dosch. D'après une histoire vraie. Pas mal mais le débat sur le statut de l'animal et sa place dans la société est noyé dans un fouillis brouillon et bruyant. L'humain n'en sort pas grandi. Le dresseur est épatant (Jean-Pascal Zadi ) et le chien Cosmos/Kodi hors concours.

Beetlejuice (Tim Burton 1988) : amusante histoire de fantômes et de maison hantée, mais les aimables fantômes doivent faire appel au terrible Beetlejuice pour venir à bout des intrus. Découvert 30 ans après, c'est fort sympathique, mais ça n'a certainement pas l'impact ni l'originalité que le film a eue au moment de sa sortie. Voyons voir la version 2024.

Septembre sans attendre, Jonás Trueba : ou comment organiser une fête de séparation. Aimable et sympathique, mais peinture assez convenue de la crise du couple dans un milieu intello-bobo. (Plus le coup du film dans le film.)

Une Vie rêvée, Morgan Simon : plein de bonnes intentions mais une belle collection de clichés sur une femme paumée et précarisée et son aimable fils qui n'en peut mais.


Films en août

Emilia Perez Jacques Audiard : improbable et réjouissante fiction sur le destin d'un chef de cartel mexicain transgenre, soutenu dans son changement de vie par une talentueuse avocate. Très bon.

Girls will be girls Shuchi Talati : une année d'apprentissage dans un collège indien huppé, ou comment la forte en thème se découvre face aux premiers émois de l'amour, et comment vacille l'ordre dont elle a si bien intégré les codes. Ou comment l'apprentissage des sentiments et de la vie se joue de l'excellence scolaire. Très fin, bien vu, bien analysé avec en filigrane un portrait mère-fille intéressant et une peinture d'une société classique de mâles dominants où les filles restent des filles, démunies face à leurs désirs et face au pouvoir de la société et des mecs.

La Belle affaire (titre original Zwei zu Eins) Natja Brunckhorst : aimable distraction ostalgique. Au moment de la réunification des 2 Allemagne, des prolétaires de l'Est tombent sur un magot en Marks de l'Est. A écouler d'urgence, dans les délais imposés, pour les transformer en Deutsche Mark. Tout le quartier s'en mêle, tous plus ou moins ouvriers d'une ancienne usine vouée à la casse. Ou comment l'esprit et le pouvoir de l'argent s'empare -ou pas- du groupe, comment les yeux se dessillent sur les finalités de la productivité socialiste. Film sympathique, belle reconstitution des costumes et décors de l'époque.

Horizon 1 Kevin Costner : histoire classique de migrants en train de coloniser la "fronteer" au détriment des autochtones. Avec des colons, des brigands, des soldats, des "Indiens" et les péripéties qui vont avec. Rien de bien original mais c'est plaisant et les paysages du "far-west" sont beaux.

 

Tigresse Andrei Tānase: assez bancale histoire d'une vétérinaire qui laisse une tigresse échapper du zoo. La traque de la bête et ses problèmes de couple. Un peu inabouti

Anzu : film d'animation japonais. Beaucoup trop long et un peu lourd, cette histoire de chat fantôme qui accompagne une petite fille sur les traces (la tombe) de sa maman morte. Avec de sérieuses coupes, ça passerait mieux.

 

 

 

 

Hors concours, deux reprises, deux chef-d'œuvre :

 Ludwig, Visconti

Chien enragé, Kurosawa