mercredi 18 décembre 2019

Lillian

Andreas Horvath
Etrange film, étrange personnage porté par son idée fixe, son obsession, sa folie, sa clôture sur son objectif : retourner en Russie à pied.
Elle trace, sans interférer, enfermée dans son mutisme et son isolement (elle ne parle pas anglais ou si peu), ou son "dérangement"
Elle trace
et c'est prétexte à revisiter les paysages de la mythologie et de la réalité américaine à ras de bitume, de poussière, de champ de maïs, de trous du cul du monde
Elle traverse des paysages et des scènes de genre qu'on a vus mille fois, mais son regard ne s'arrête pas, ne comprend pas, n'interfère pas,
c'est définitivement une étrangère sur un territoire immense, même pas hostile, juste inhumain où elle organise sa survie au jour le jour
On voit ainsi passer l'Independance Day dans un patelin lambda, des high way et des free ways qui s'effacent à mesure qu'elle s'enfonce au milieu de nulle part, c'est à dire de l'Amérique profonde, on voit passer le MidWest et ses champs (de maïs), le pervers de l'Iowa, les Badlands, les bouseux du Montana, le flic de comté, les charity shops, les Indiens des réserves, et la grande, l'immense nature où elle avance
et elle regarde tout ça sans équipement, sans voiture, à hauteur d'humain et à distance de pieds.
On revisite aussi la mythologie des hobos, des supertramps, de La Route, sauf que c'est débarrassé de tout lyrisme, de toute emphase, de toute littérature
et il s'en dégage une étrange poésie sauvage, une sorte de mysticisme de la quête, ou de folie, et de grande liberté ou de grand enfermement.
C'est un beau film poignant.

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