Le 11 janvier 2015, j'étais tellement choquée, je me suis précipitée le soir même à la République pour faire corps... je ne sais pas avec quoi, une certaine idée de l'indignation et de la défense de la liberté d'expression. Et il y a eu l'hypermarché, la cible juive. Et j'ai rejoint les dizaines de milliers de Charlie qui ont défilé le dimanche, tout en sachant que ce n'était pas grand chose; mais on était beaucoup, c'est déjà ça.
Le 13 novembre, je suis restée sidérée à peu près 24 heures, abasourdie par cette escalade, et par l'horreur absolue des meurtres gratuits dans la rue ou au concert. Mais il n'y a pas eu de défilé, ni d'embrassades de policiers. Juste des gens qui allaient se recueillir à la République. Et puis il y a eu l'horreur en Belgique, mais c'est plus loin, n'est-ce pas. Pas aussi loin que la Syrie, mais plus loin.
Entretemps, je me suis habituée aux vagues fouilles à l'entrée des lieux publics, je me suis réjouie que l'Euro se soit passé sans encombre. Et on se croyait un peu tranquilles, malgré le Brexit, avec un vague soupçon de reprise économique, le soleil vaguement revenu, les vacances qui commencent, et ce bon vieux 14 juillet, les défilés, les militaires, les discours, les flonflons. Et la France d'humeur vacancière.
Et l'horreur, encore, sous les yeux du monde horrifié et abasourdi par le pouvoir de nuisance d'un seul homme, pétri de haine au volant de son camion, fonçant pour dégommer le maximum de badauds, familles, amis, enfants.
Et immédiatement toutes les télés et les radios en boucle, les discours, les déclarations, les analyses, et le pays toujours horrifié et consterné, mais déjà comme habitué.
Je ne suis plus Charlie, je ne suis plus le Bataclan ni les terrasses de café, je suis n'importe qui et tout le monde et on n'a pas fini d'en baver à la grande loterie du terrorisme.
samedi 16 juillet 2016
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