dimanche 8 novembre 2015
Le Fils de Saul
Ce film me dérange. C'est sans doute fait pour ça. Mais il me dérange parce que je ne trouve jamais la bonne distance pour regarder ça. D'accord, il n'y a pas de bonne distance pour regarder ça, je suis dans la vision de Saul, je ne quitte presque jamais sa nuque, le col de sa veste et le 3/4 dos, et je ne vois pas plus loin que ça (et j'en ai marre). Je n'en finis pas de traverser l'enfer, mais je ne vois rien, parce que tout est flouté. C'est normal, ils n'allaient pas montrer des centaines de corps poussés vers la mort, qui deviennent des centaines de cadavres poussés vers les fours, parce que ce n'est pas un film gore. Et dans le flou, il y a aussi le bruit, un bruit permanent, insupportable, et le désordre indescriptible des hommes qui s'agitent pour accomplir la solution finale. Le rythme forcené dans lequel tortionnaires et kapos sont liés. L'urgence qu'il y a à pousser les corps dans les chambres à gaz, les dépouiller, les déblayer, faire disparaître leurs cendres, et survivre. Et dans ce chaos, il y a Saul qui ne voit rien non plus, parce qu'il se donne un cap, il se met en tête de donner une sépulture à l'innocence, et il devient aveugle -ou absent - au reste. Je ne comprends pas pourquoi il faut le suivre. C'est l'enfer, et il veut que je regarde ailleurs. C'est l'enfer, et je suis ailleurs. J'ai hâte que ça s'arrête.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire