Kiyoshi Kurosawa
Une très belle narration-rêverie sur lavie-lamour-lamort (ça ressemble à un cliché), mais comment rendre compte de la profondeur et de la légèreté de ce film qui avance sur la pointe des pieds, à la limite du sensible, et montre les relations entre les êtres, ce qui les relie au monde, comment ils s'en détachent. Ce qui est profond en dessous du blabla, sans qu'il y ait aucun blabla.
La femme est prof de piano. Elle vit seule, dans l'absence de son mari disparu. Et ce mari revient, surgi de nulle part, comme s'il était vivant. Le dialogue entre le mari et la femme reprend. Ou continue. Le film raconte leur étonnante pérégrination dans un Japon rural (authentique ?). Comme s'ils visitaient
ensemble l'absence du mari. Comme pour renouer avec l'évidente simplicité de la vie. Le simple fait d'être ensemble. Sur un fil ténu entre mirage et réalité, on apprend que le mari s'est noyé, il est donc une âme en peine, lui aussi en errance. Tout comme sa femme erre dans les décombres de son couple, dévastée par cette disparition. Il y a une très belle scène où elle se réveille, le mari revenu a disparu à nouveau, tout est mort autour d'elle, fané, cassé. Alors qu'elle baignait dans la chaleur d'une scène familiale, une vie authentique chez un couple d'aubergistes où le mari -qui était apparemment un intello urbain- faisait la cuisine. Et il la faisait bien. Dans une autre scène, à la campagne, une villageoise est empoisonnée par l'esprit de son mari qui ne veut pas lâcher prise. Il traîne du côté du passage entre les vivants et les morts et tente de s'agripper aux vivants.
La pérégrination du couple comble les vides et les mystères de l'absence, et les conduit là où le mari a disparu. Vers la possibilité, ou pas, de lâcher prise. La possibilité d'une autre rive.
mardi 20 octobre 2015
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